Mercredi soir, un petit garçon de cinq ans a été percuté par une trottinette sur la promenade des Anglais, à Nice. Il est décédé dans la nuit des suites de ses blessures. Comble de l’horreur, cet enfant était arrivé là avec sa mère, voilà quelques semaines, réfugié pour échapper à la guerre en Ukraine.

On nous détaille les atrocités de cette guerre russo-ukrainienne, les bombardements, les civils qui fuient ; on se vautre dans les descriptions apocalyptiques, on dénombre chaque jour ceux qui succombent : 18 morts dans le centre commercial de Krementchouk, mardi 27 juin, 17 la nuit dernière dans un bombardement près d’Odessa…

Et si l’on regardait aussi ce qui se passe chez nous, et pourquoi ?

En février dernier, la Sécurité routière faisait état d’une augmentation inquiétante des accidents de trottinettes ou causés par des trottinettes en 2021. Si 22 décès étaient recensés, l’an passé, contre « seulement » 7 en 2020 et 10 en 2019, on notait une véritable « explosion des accidents non mortels ». Un phénomène, nous dit-on, directement corrélé aux locations de trottinettes électriques dans les grandes villes. Ainsi, plus de 2.000 accidents étaient recensés en 2021 dans Paris intra-muros, un chiffre en deçà de la réalité car ne sont comptabilisés que les accidents faisant intervenir police et pompiers.

En cause, bien sûr, « le comportement des usagers ». Il ressort ainsi d’une enquête que « 8 usagers sur 10 indiquent rouler sur les trottoirs, 78 % téléphonent en roulant, 49 % conduisent après avoir bu plus de deux verres d’alcool et 13 % ne mettent jamais de casque ». On ajoutera, ce que chacun peut quotidiennement constater, qu’ils sont nombreux à filer à toute allure dans les couloirs de bus, prendre les sens interdits ou encore rouler à deux sur leurs engins quand la loi l’interdit formellement.

Plus globalement, alors qu’ils ne représentent que 2 % du trafic routier, les usagers de deux-roues motorisés constituent 22 % des personnes tuées sur la route. Chiffres qui ne comptabilisent pas les trottinettes, pas plus d’ailleurs que les monoroues, gyropodes et autres hoverboards, ces « nouveaux engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) » que les écolos-bobos portent aux nues car ils « apportent de nouvelles solutions pour se déplacer au quotidien ».

Le problème, évidemment, n’est pas l’engin mais la personne qui le pilote et, trop souvent, par pure incivilité, celle-ci met en danger ceux qu’elle croise. Mais si la responsabilité est avant tout individuelle, elle est à partager avec les élus, écolos-bobos eux aussi qui, par calcul plus électoraliste qu’écologique, ont livré l’espace public aux engins de mort.

Il faut ainsi arpenter les rues et les trottoirs de Paris (ou Lyon, ou Marseille…) pour mesurer la folie que constitue la dévolution des grands axes aux deux-roues. Les potentiels criminels en deux-roues l’ont d’ailleurs fort bien intégré, qui n’hésitent pas à vilipender celui qu’ils viennent de bousculer : « Vous ne connaissez rien à la politique de la ville » (sic), voire « le trottoir réservé aux piétons, c’est fini, c’était bon autrefois » (resic).

Renversé sur un passage piéton, un petit garçon de 5 ans, réfugié d’Ukraine avec sa mère, a ainsi payé de sa vie l’inconscience criminelle d’un adulte. Preuve que vouloir encore être piéton dans la France d’aujourd’hui, c’est prendre un risque vital.

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01 juillet 2022 à 14:45

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23 commentaires

  1. A Cannes, il y a de grands panneaux justement pour rappeler que tout n’est pas permis en trottinette, mais les gens s’en moquent. Mes condoléances pour la famille de ce petit garçon

  2. C’est tout à fait ça, être piéton aujourd’hui en France c’est prendre un risque vital. A Cannes c’est pareil, les trottoirs ne sont plus pour les piétons, mais pour les chiens, trottinettes, skates, vélos (malgré de petites pistes cyclables), les joggeurs, c’est terrible, en plus on se fait insulter si l’on dit quelque chose; Ne pas oublier les pipis et les cacas des toutous. Les joggeurs aussi sont une plaie. A quand le retour des trottoirs que pour les piétons ? Pensées à ce petit garçon

  3. La Folie écolo explose dans tous les domaines…
    Pour n’en rester qu’aux deux roues, ils rajoutent une couche à l’insécurité générale.

  4. Ces trottinettes est ce qu’elles sont toutes fabriquées en France ? pour relancer l’emploi et l’écologie (!) comme l’avait dit Macron ? Elles pourraient être bloquées à une vitesse de 5 Kms h, et toute importation de même. Permis et Parkings devraient être légiféré

  5. République trottinette, à l’image de la Macronie…..fini la bonne éducation. L’égoïsme est maitre de plus en plus. Où a t’on vu que les trottinettes de plus à moteur peuvent rouler sur les trottoirs et se garer en travers du chemin ? ! ! Quand toute une Politique est axée sur la peur du Covid, puis ensuite sur la peur de Poutine (l’orthodoxe), et quelle que soit la perte de souveraineté, avec une dette astronomique, il y a de quoi vraiment avoir peur mais de l’avenir de notre Pays dans sa place

  6. Le premier responsable est celui qui a mis au point cette machine infernale. Et,eñsuite ceux qui ont autorisé sa mise en place sur le marché.

  7. On sent venir la législation qui imposera bientôt aux adeptes trottinettistes casque, assurance, permis de circuler ( je n’ose dire permis de conduire…),voire contrôle technique et vitesse limitée à 5 km/h…Pauvres bobos si épris de liberté!

  8. En revanche l’état va mettre en place le contrôle technique moto…
    C’est pas que ça évitera les accidents mais ça remplis mieux la caisse.
    Vous savez la caisse avec un gros trou au fond.

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