Ukraine : changement de ton à Washington

biden

Une réponse en forme d’aveu ? Le 3 juin dernier, interrogé par une journaliste qui lui demandait si l’Ukraine devait accepter de céder des territoires pour obtenir la paix, Joe Biden quittait le registre des déclarations fracassantes et bellicistes. L’heure était à la mesure et à un vocabulaire qu’on pensait définitivement banni des couloirs de la Maison-Blanche : « Il me semble qu'à un moment donné, il va falloir qu'il y ait un règlement négocié. »

Nous étions bien loin des coups de menton et du triomphalisme de ces derniers mois annonçant une victoire militaire totale, une Russie mise à genoux et un Vladimir Poutine chassé du pouvoir. Quelques jours plus tôt, le président américain s’était fendu d’une tribune dans le New York Times pour tenter de clarifier sa position sur l’Ukraine. La presse française avait assez peu souligné, voire occulté, le virage amorcé en se focalisant principalement sur les annonces de renforcement de l’aide militaire et sur le refus de Biden d’apparaître comme cobelligérant.

En réalité, on assistait à un rétropédalage sémantique que l’on peut interpréter à plusieurs niveaux.

Le premier s’inscrit dans la prise de conscience que la montée aux extrêmes, que nous évoquions en mai dernier, rapproche toujours plus dangereusement l’Amérique d’un risque de confrontation directe avec la Russie et, donc, d’une possible catastrophe. La décision de livrer à l’Ukraine des lance-roquettes à longue portée susceptibles d’atteindre le territoire russe a provoqué une réaction extrêmement ferme de Vladimir Poutine indiquant qu’il en tirerait « les conclusions appropriées » et n’hésiterait pas à frapper des sites qui n’avaient pas été visés jusque-là. Menaces de rétorsions militaires suffisamment vagues pour enflammer l’imagination des Occidentaux : quelles cibles ? À l’intérieur ou en dehors de l’Ukraine ? Sachant qu’au même moment, Moscou organisait des manœuvres nucléaires faisant suite à celle du tir d’essai d’un missile de croisière hypersonique. Biden a donc pris soin, dans sa tribune, de changer de ton et de faire passer des messages à Moscou : « Nous ne recherchons pas une guerre entre l’OTAN et la Russie. Bien que je sois fortement en désaccord avec M. Poutine, et que je considère ses actions comme étant indignes, les États-Unis n’essaieront pas de provoquer son éviction à Moscou. [...] Nous n’encourageons pas et ne permettons pas à l’Ukraine de frapper au-delà de ses frontières. Nous ne voulons pas prolonger la guerre simplement pour faire souffrir la Russie. »

Pour autant, s’en tenir à la seule analyse d’une volonté d’échapper à une escalade et à la cobelligérance ne suffit pas car, en réalité, il faut bien comprendre que la situation globale a beaucoup évolué, ces dernières semaines, et pas forcément en faveur des Occidentaux.

Outre-Atlantique, la presse n’hésite pas à parler d’une armée russe qui se régénère et avance ses pions à l’est, lentement mais sûrement, face à une armée ukrainienne affaiblie et insuffisamment équipée.

Autre constat : les conséquences économiques de la guerre et des sanctions commencent à durement se faire ressentir et s’accompagnent de perspectives alarmantes de famines dans le monde. Dans ce contexte, non seulement la paix négociée redevient une option, mais plus le conflit durera, plus elle apparaîtra comme une nécessité.

C’est la seconde raison du changement de ton et celle qui explique, ce qui a été bien peu commenté en France, le glissement sémantique : « diplomatie », « table des négociations », « fin négociée du conflit »… Le vent semble tourner à Washington malgré le maintien d’une posture martiale pour ne pas perdre la face. Rétrospectivement, la déclaration la plus intéressante du président américain est la suivante: « Je ne ferai pas pression sur le gouvernement ukrainien - en privé ou en public - pour qu'il fasse des concessions territoriales. » Bien entendu, car « ce serait mal et contraire à des principes ». L’idée n’en est pas moins lancée, à bon entendeur salut ! On comprend mieux alors la question de la journaliste au président américain, le 3 juin dernier, sur la nécessité éventuelle pour l’Ukraine de céder des territoires. Et la réponse bien évasive de Biden.

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

61 commentaires

  1. Cela fait 70 ans que les USA provoquent des guerres ( avec l’air d’aider les pays en conflits ) il doivent relancer leur industrie lourde et quoi de mieux que les guerres pour y arriver ??? en plus cela leur permet d’installer des « Bases  » dans tous les pays du monde et de les asservir sous prétexte de les aider ! L’oeuvre des Francs Maçons dont les dirigeants sont les patrons de la très haut finance qui veulent absolument créer un ordre mondial commence à s’effriter ( les fous vieillissent )

  2. Son objectif commercial étant atteint, Biden rétropédale devant la crise mondiale qui se profile. Zélinsky portera seul la responsabilité du sacrifice de ses compatriotes mais bien pourvu financièrement. L’argent n’a pas d’odeur.

  3. Tiens le quidam que je suis, quasi inculte et analphabète, a plus que pronostiqué, vilain mot pour une guerre, mais affirmé il y a déjà trois mois que la Russie aura conquis le Donbass à l’été, et que si le mauvais acteur mais parfait corrompu Zelinsky n’entamait pas des négociations au plus tôt, Zarkiv et Odessa seraient les prochaines cibles de la Russie. Nous y sommes quasiment, les USA se rétractant. Lisez ou relisez Tolstoï et Cholokov que j’arrive à lire malgré mon inculture.

  4. Quand est-ce que les Européens vont comprendre qu’ils se font manipuler par les états unis. Ils foutent la pagaille partout dans le monde et font des guerres à travers les peuples pour préserver leurs avantages. QU’ils fassent la guerre sur leur continent . Notre avenir est en Europe. Resultat inflation galopante, euro qui baisse, et eux nous vendent petrole et gaz de schiste â des prix exorbitants. Le peuple en a assez de se faire tondre pour les intérêts américains entre autres

  5. TOUTES est dis dans le NOUS , ce qui sous-entend que c’est bien les usa qui prennent les décision et non L’OTAN .

  6. Ce Biden qui pleuniche sur une tuerie dans une école aux USA et veut désarmer les Américains alors qu’il distribue des armes partout où il peut dans le monde, c’est étrange, navrant!!!

  7. Joé met un peu d’eau dans son whisky depuis que tous les experts patentés es-Poutine nous affirment qu’il est à l’article de la mort, et que le destin calamiteux de ce monstre fera le boulot à sa place !
    Et puis, tout ça est le jeu normal de la diplomatie, ami un jour, ennemi le lendemain.
    Si tous les idéalistes qui s’engagent à se battre pour des valeurs supérieures qui les dépassent savaient à quel point ceux qui tirent les ficelles s’en foutent éperdument, ils perdraient vite la foi.

  8. cette fin annoncée était prévisible, sauf pour ceux qui se contentaient de BFMTV. La consultation d’autres sources telles que le site STRATPOL auraient pu les initier sur d’autres voies.

    • Tout à fait ! Stratpol donne toujours un condensé impartial du conflit. Un autre site, Boris Karpov sur Telegram donne aussi de bons résumés, bien qu’étant ouvertement prorusse. Cela permet de comparer.

  9. Les démocrates ne comprennent que la force. Poutine n’a pas cédé, il va gagner, d’autant plus que les sanction

  10. Faut-il en rire ou en pleurer !
    Toute cette boucherie sur le territoire Ukrainien aurait pu être évitée si les deux Républiques Russophones de l’est de ce Pays avaient été rendue à la Russie des les premiers coups de en canon.
    Mais non, l’acteur qui dirige l’Ukraine en a décidé autrement et fait plonger l’Europe entière dans le marasme économique, sans compter le sacrifice inutile des pauvres Ukrainiens…

    • Et si les accords de 2014 avaient été respectés par l’Ukraine, peut-être n’y aurait-il même pas eu un seul tir de canon !

    • Le Zelansky joue sur du velour, il aurait pu avoir une palme à Cannes !
      Comment nos zélites peuvent elles se coucher de la sorte devant cette marionnette de la CIA ?
      Ah, VDL en profite pour avancer ses pions contre les nations européennes et ses conceptions utopiques dont les nations ne se releverons pas…

  11. L’ex commissaire des droits de l’homme en Ukraine Lyudmila Denisova a avoué avoir menti sur les viols et autres crimes attribués aux Russes. Ce qui ne veut pas dire que tout a été blanc de leur côté comme dans toutes les guerres mais assez marginal selon elle. On comprend qu’elle dût quitter son poste

    • J’ai lu l’article aussi. Tous les jours je prends soins de lire beaucoup d’infos. Elle n’est, hélas pas la seule à mentir.

  12. Voilà que « l’initiateur de la guerre », qui a tant travaillé pour cela, voudrait devenir « l’initiateur de la paix »…
    En effet il serait temps que tous ces hommes qui meurent inutilement cessent de ce battre dans un conflit où 20% de la population mondiale met ent péril les 80 % qui n’approuvent pas ces omnipotents occidentaux.
    L’économie de l’Europe est ruinée et tout ceci aura permi à la bande de VDL de faire passer au forceps toutes ses idées fédéralistes et wokistes…

  13. Les difficultés de l’armée ukrainienne et ses pertes en hommes laissent présager une réddition de l’Ukraine et l’abandon de certains territoires à la Russie, scénario que les US n’avaient pas envisagé car ils comptaient sur la victoire des ukrainiens pour diverses raisons, cacher les turpitudes et malhonnêtés du fil Biden et installer des bases de l’Otan aux frontières russes. Leurs espoirs déçus et la réaction de Poutine sur l’utilisation des armes fournies les ont ramené à plus de raison

    • et les américains les lâcheront comme ils en ont l’habitude. Biden à réussi son coût commercial et cacher les turpitudes de lui-même et de son fils d’après ce que j’ai lu dans la presse. Le petit guignol va devoir rendre des comptes pour n’avoir pas appliqué les accords et sacrifier ses compatriotes pour de gros gros gains. Espérons qu’il n’en profite pas!

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