Trump veut rouvrir Alcatraz : une idée symbolique mais sérieuse

La réouverture de la prison d'Alcatraz pourrait notamment constituer une alternative à Guantánamo sur le sol américain.
Licence Creative Commons
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Tout un symbole. Le 5 mai 2025, Donald Trump a annoncé, sur X, sa volonté de rouvrir la prison d’Alcatraz, fermée il y a plus de 60 ans, pour y détenir les criminels les plus dangereux des États-Unis. Dans un message incisif diffusé sur X, le président américain évoque un retour à une nation « plus sérieuse », où les délinquants violents et récidivistes seraient isolés loin de la société. Et pour ce faire, Alcatraz semble l’endroit tout désigné : située sur une île dans la baie de San Francisco, et surnommée « The Rock », la prison a autrefois hébergé des figures du crime comme Al Capone et nourri l’imaginaire américain pendant des décennies. 

Une proposition symbolique mais coûteuse

Trump a ordonné au Bureau des prisons, en collaboration avec le département de la Justice, le FBI et la Sécurité intérieure, de « reconstruire et rouvrir une Alcatraz considérablement agrandie ». Le président a déclaré : « Nous ne serons plus otages des criminels, des voyous et des juges qui ont peur de faire leur travail. » Aussitôt dit, aussitôt fait ? Pas sûr. Alcatraz, fermée en 1963 en raison de coûts d’exploitation trois fois supérieurs à ceux d’une prison classique, nécessiterait des rénovations estimées à plusieurs centaines de millions de dollars. L’isolement de l’île, les courants marins et la corrosion due à l’eau salée compliquent encore la faisabilité du projet.

Des voix critiques, comme celle de Nancy Pelosi, ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants, ont qualifié la proposition de « peu sérieuse ». Dans une publication sur X, elle rappelle qu’Alcatraz est aujourd’hui un parc national attirant 1,5 million de visiteurs par an. Cependant, d’autres y voient un symbole fort. Le président a lui-même insisté sur cet aspect en déclarant devant la presse : « Cela représente quelque chose de très fort, de très puissant, en termes de loi et d’ordre. Notre pays a besoin de loi et d’ordre. » Alcatraz, avec ses petites cellules et ses conditions de détention rigoureuses, avait autrefois une réputation dissuasive ; un argument que Trump met en avant pour justifier son projet.

Une alternative à Guantánamo sur le sol américain

Le « tsar de la frontière » nommé par Trump, Thomas Homan, a également réagi à cette proposition. À la presse, il a déclaré : « Nous avons besoin de lits de détention. Je pense que c’est certainement une option, en particulier pour les menaces importantes à la sécurité publique et à la sécurité nationale. » Homan envisage même d’utiliser Alcatraz pour détenir des migrants en attente d'expulsion. Une idée qui s’inscrit dans la politique migratoire stricte de l’administration Trump, au moment où les États-Unis font face à une pénurie de places de détention, avec un besoin estimé à 47.000 places pour gérer un dossier de plus de 7 millions de personnes en attente de procédure.

Contacté, un professeur de science politique basé en Californie nous apporte un éclairage nuancé : « Trump, comme à son habitude, fait du Trump pour occuper l’espace médiatique : une déclaration coup de poing en chassant une autre. » Il ajoute : « La chose doit être considérée. Créer une prison de très haute surveillance pour les criminels les plus dangereux sur le sol américain n’est pas une idée si vide de sens que cela. » Selon lui, « Alcatraz réglerait le problème de l’extraterritorialité de Guantánamo, par exemple. Pas sûr que Trump renonce à cette dernière, mais à l’avenir, cela devra être considéré, comme l’administration Obama l’avait fait. » Une réflexion qui souligne l’intérêt stratégique d’une telle initiative qui permettrait, à l’avenir, de rapatrier la gestion des détenus sensibles sur le territoire américain tout en répondant aux critiques internationales sur Guantánamo.

 

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