Mort d’Elias : la Justice a-t-elle négligé le suivi des deux suspects ?

Y a-t-il eu des manquements ? La mort d’Elias aurait-elle pu être évitée ? Une Justice plus ferme aurait-elle permis d'empêcher le drame ? Trois mois après le meurtre d’Elias, Gérald Darmanin a décidé de saisir l’Inspection générale de la Justice. Selon une information de L’Humanité, le garde des Sceaux a en effet chargé deux inspecteurs d’enquêter sur le suivi par les différents services institutionnels judiciaires et éducatifs des deux meurtriers présumés. Différents organismes - notamment le parquet des mineurs et la protection judiciaire de la jeunesse - ainsi que les familles de ces deux suspects seront interrogés afin d’éclairer le parcours et le suivi des adolescents. L’objectif : déterminer s’il y a eu des failles dans leur suivi judiciaire. Le rapport final est attendu au plus tard pour le 5 septembre prochain. Contacté sur les tenants et aboutissants de cette saisine, le ministère de la Justice n’a pas encore répondu à nos sollicitations.
Non-respect des interdictions émises par la Justice
Le 24 janvier au soir, peu de temps après l’agression mortelle subie par Elias aux abords du stade Jules-Noël (Paris XIVe) où il s’entraîne régulièrement, les policiers de la BAC n’hésitent pas longtemps. Après avoir reçu la description du profil des deux individus recherchés, les forces de l’ordre ont rapidement réussi à les identifier. « Ils ont rapidement su qui étaient les auteurs de cette attaque et où se rendre pour les interpeller », nous confiait, en janvier, une source policière. En effet, les deux adolescents, âgés de 16 et 17 ans, sont « des clients fidèles du commissariat ». Le cadet des deux est bien connu des services de police. Son nom apparaît cité dans une quinzaine d’affaires, notamment pour des affaires de vols, extorsions avec violence et port d’arme de catégorie D (arme blanche). Son ami, d’un an son aîné, enchaine lui aussi les « bêtises ». Il est notamment connu pour des faits de vol, vol avec violence et vol en réunion. Les deux adolescents ont par ailleurs été arrêtés le 27 octobre dernier pour des faits de vol avec violence ayant entraîné une incapacité totale n’excédant pas huit jours. Ils doivent comparaitre devant le tribunal pour mineurs en juin prochain pour cette affaire.
Dans l’attente de leur jugement, les deux garçons étaient soumis à de nombreuses obligations. Outre un couvre-feu et un suivi par des éducateurs pour les deux, ils n’avaient pas le droit de se fréquenter. Une interdiction que les deux adolescents, qui habitaient dans le même ensemble d'immeuble, n’ont pas hésité à braver, le 24 janvier dernier…
Par ailleurs, selon L’Humanité, « de façon systématique, les adolescents ne répondaient jamais aux convocations des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse ». Malgré cela, ils n’ont jamais fait l’objet d’une mesure d’enfermement dans un centre éducatif fermé. Autant d'éléments que l'Inspection générale de la Justice devra éclaircir.
Aidés par les services sociaux
Et en dépit de ce non-respect de leurs obligations, ces deux mineurs auraient en outre bénéficié d’un « soutien éducatif » et leur famille aurait été aidée par les services sociaux et municipaux. En effet, la mairie avait identifié « cinq jeunes » suspectés d’être les auteurs de dégradations aux abords du stade Jules Noël, parmi lesquels ont trouverait les deux suspects mis en examen pour extorsion avec violences ayant entrainé la mort et placés en détention provisoire.
Les parents d’Elias, après leur rencontre avec le garde des Sceaux, appelaient, dans un communiqué, à ce « que les pouvoirs publics […] prennent les mesures nécessaires garantissant la protection de tous avant qu'ils puissent être dénommés "victimes" ». Cela passe notamment par une Justice - et une Justice des mineurs, aussi - plus ferme.
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