[Tribune] Résolution du Parlement européen du 9 juin : un État européen à marche forcée

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Le 9 juin dernier, le Parlement européen a adopté une résolution demandant « la convocation d’une convention pour la révision des traités », sous le prétexte de tirer les conséquences des conclusions de la « conférence sur l’avenir de l’Europe ». Cette conférence, pilotée et orientée par la Commission européenne, était supposée recueillir le sentiment des citoyens sur l’avenir de l’Union européenne, dans une forme de « démocratie participative », moyen utilisé afin de donner un vernis démocratique aux volontés de l’oligarchie européenne.

Les résolutions du Parlement ne sont pas contraignantes mais elles contribuent à créer un environnement politique, un courant, qui finit par donner prétexte à des propositions juridiques concrètes. Depuis plusieurs mois, on perçoit bien un souhait de la nomenklatura européenne de modifier les traités afin, bien évidemment, de renforcer les pouvoirs de l’Union européenne au détriment des souverainetés nationales. Mais la grande question est de trouver le moyen d’éviter, autant que faire se peut, de consulter directement les peuples, car le souvenir du rejet du projet de Constitution européenne est resté vif et douloureux à Bruxelles.

Le Parlement propose d’utiliser la voie dite de révision ordinaire prévue à l’article 48 du traité de Lisbonne et qui prévoit la convocation d’une convention à laquelle participent des représentants des Parlements nationaux, des chefs d’État et de gouvernement, du Parlement européen et de la Commission. Vaste forum, donc, qui permet de préparer les esprits, mais qui ne peut exclure les processus de ratification propres à chaque État membre.

Le Parlement indique les mesures qu’ils jugent nécessaires afin « d’accroître la capacité de l’Union à agir ». Il s’agit rien de moins que de passer de la règle de l’unanimité à celle de la majorité qualifiée pour l’adoption de sanctions et des « clauses passerelles ». Ces clauses permettent de passer de la règle de l’unanimité à celle de la majorité qualifiée après décision unanime du Conseil, pour des sujets relevant en principe de l’unanimité. Ce qui reviendrait, en pratique, à quasiment abandonner les votes à l’unanimité, et donc de disposer d’une force de coercition contre les États membres.

Si l’on rapproche cette proposition de la proposition finale de « renforcer la procédure de protection des valeurs sur lesquelles se fonde l’UE » (lesquelles ?) et de préciser les délimitations et les conséquences des violations des valeurs fondamentales, il est aisé de comprendre la manœuvre imaginée pour poursuivre et faire condamner des États comme la Pologne ou la Hongrie dont les gouvernements ne communient pas à l’idéologie mondialiste et prétendument progressiste de l’Union européenne.

Le Parlement demande aussi l’extension des compétences de l’Union européenne en matière de santé, d’énergie pour se conformer aux accords climatiques, de défense, de politique économique et sociale. Il réclame également pour lui-même la codécision en matière budgétaire ainsi qu’un droit d’initiative législative, aujourd’hui réservé à la Commission.

En fait, ce qui est proposé là est un large abandon de souveraineté des États membres qui seront réduits à la condition d’instrument d’exécution des politiques européennes définies à Bruxelles par les rouages d’un super État qui ne veut pas dire son nom. Le Parlement, qui sait que la défiance à l’égard de l’Union européenne ne cesse de croître, tente de prendre de court les peuples en les privant de souveraineté d’une façon frénétique. Pour être franc, il n’y a rien de nouveau sous le soleil car dès l’origine, Jean Monnet rêvait d’un État fédéral européen, technocratique et élément d’un gouvernement mondial soumis aux États-Unis.

De plus en plus, l’Union européenne se révèle être une machine idéologique qui veut imposer ses choix libéraux libertaires à tous les peuples, y compris contre leur volonté clairement exprimée dans les urnes. C’est évident pour la Pologne et la Hongrie et, demain, pour d’autres nations. Ce qui est inquiétant aussi, c’est que le groupe PPE s’est rangé derrière la gauche et les Verts en cette affaire, démontrant une fois encore qu’il existe, sur le plan européen, une identité de vue sur l’objectif de réduire la souveraineté des États à peau de chagrin.

À l’évidence, nous sommes aujourd’hui en face d’une entreprise idéologique de grande ampleur contre les libertés démocratiques des peuples. Il est urgent de définir une politique européenne alternative qui s’appuie sur les nations pour donner une vraie place dans le monde à notre continent et de rompre avec les tendances liberticides du système européen.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

40 commentaires

  1. L’UE est dirigée par une femme non élue qui s’est attribuée des pouvoirs illégaux bien éloignés et au-delà de ceux qui exigeaient à l’origine. Comme il n’y a pas de contre-pouvoir, elle va s’attaquer maintenant aux peuples européens qui, à ses yeux, ne devraient qu’applaudir ses décisions béatement. Est-ce ce que nous voulons, devenir des béni-oui-oui ? Ne voulons-nous pas intervenir sur les décisions qui vont peser sur notre vie ? Quelle est la solution ?

  2. En clair, nous assistons à la renaissance de l’URSS.
    Seule différence avec la précédente union, celle-ci sera sous dominance Américaine.
    Quel progrès.

  3. En votant encore et encore pour celui qui n’aime pas la France nous sommes partis pour perdre le peu de souveraineté qu’il nous reste. C’est une catastrophe qui promet des jours sombres. La passivité des européens me sidèrent ! Pour ce qui est des législatives j’ai voté bien sûr mais l’abstention était prévisible. Le parlement ne sert à rien depuis des années, les médias sont à 95% vendus, nous sommes en dictatures réveillez vous.

    • Pour le moment les médias sont devenus les lèches bottes de l’extrême gauche, nous voila boen partis…

  4. La volonté de ces gens-là est de faire de nous des larbins et de la chair à canon pour les Etats-Unis et ils s’essuient les pieds sur la démocratie et sur nos libertés.

  5. Toujours plus d’Empire, pour un Empire, vers l’Empire, à travers l’Histoire des Peuples, des Etats, des Civilisations, cela a amené à des guerres, et pas des plus réservées….et quelque soit le Continent. Forcer une Constitution montre bien l’Imposture que nous devons subir…Pour moi, la Démocratie a pris « du plomb dans l’aile grave » depuis que sous Sarkozy ils sont revenus sur le résultat d’un Référendum. Qu’ils suppriment donc l’élection au suffrage universel pendant qu’ils y sont.

  6. C’est à Bruxelles qu’il faut imputer l’abstention de plus en plus importante en France.
    Nos dirigeants , Macron en tête, devraient prendre garde : Allez contre la volonté d’un peuple c’est toujours suicidaire à plus ou moins long terme. En France ils furent une poignée à dire non et ils ont fini par gagner. L’UE en soutenant l’Ukraine courre à sa perte,

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