[Tribune] La dépopulation a tué Rome hier et tuera l’Europe demain

main-de-bebe-dans-son-berceau-1

En Italie, il y a eu trois fois moins de naissances en 2022 qu’il n’y en avait en 1862 (malgré une population deux fois moins nombreuse à l’époque). L’Espagne, elle, perd 100.000 habitants par an et l’Allemagne compte plus de décès que de naissances, tous les ans, depuis 1972. Mais cette dénatalité moderne rappelle de lointains souvenirs à notre continent. En effet, elle était déjà un symptôme - et une cause - du déclin civilisationnel de l’Empire romain… avec la fin qu’on lui connaît.

La dénatalité accompagne la chute

La population de l’Empire romain a ainsi connu un pic de population vers 150, estimé à 80 millions d’habitants (selon les estimations de l'historien italien Elio Cascio en 2005). Mais à partir de ce pic, la dépopulation accompagna l’effondrement de l’Empire. En 476, on compte ainsi 20 à 30 % d’habitants en moins, malgré l’intégration de millions de Barbares (estimations de l'historien Karl Beloch de 1886, puis de de J.-.C. Russell, professeur d'histoire américain, de 1958). En cause : les nombreuses épidémies, les guerres, mais également une faible natalité…

À tel point que ce sujet est même devenu une préoccupation majeure des empereurs.

Ainsi, on raconte qu’un jour, le prévoyant empereur Auguste aurait convoqué tous les nobles de Rome en son palais. Puis il les sépara en deux groupes : les mariés d’un côté et les célibataires de l’autre. Constatant que le groupe de célibataires dépassait largement celui des mariés, l’empereur sermonna publiquement les célibataires puis félicita les hommes mariés, prenant en exemple le général Germanicus, déjà père de quatre jeunes enfants à 24 ans.

Cet épisode – historique ou non – illustre les très nombreuses mesures qu’avait prises l’empereur pour relancer la natalité impériale. En effet, il allège, pour les hommes mariés, les contraintes liées à la domination paternelle. Il réprime durement l’adultère, limite la durée des fiançailles et handicape les capacités testamentaires des célibataires. Il aurait même pensé à rendre le mariage obligatoire... Mais les résultats sont insuffisants. À commencer par les empereurs, dont l’absence fréquente de descendance contribuait aux nombreux changements de dirigeants. Ainsi de trois empereurs successifs : Nerva, Trajan puis Hadrien, qui moururent vieux mais sans enfant.

La chute de l’Empire occidental ?

Aujourd’hui, pour mesurer la natalité, l’indicateur le plus utilisé est le nombre d’enfants par femme. Le « taux de renouvellement » de la population est fixé à 2,1 enfants par femme et, dans le monde, ce taux varie de 0,70 à Hong Kong à plus de 6 au Niger.

À l’époque moderne, la dénatalité d’Europe de l’Ouest aura connu deux vagues : la première est la vague matérialiste post-Mai 68. C’est lors de cette vague que la France est passée sous le taux de renouvellement. Autre exemple flagrant : nos voisins allemands, qui passent de 2,5 enfant par femme, en 1966, à 1,45, dix ans plus tard.

À l’issue de cette première vague de dénatalité, les fertilités des pays européens s’étaient stabilisées à des niveaux bas. La France faisant, d’ailleurs, office de bon élève grâce à un apport migratoire substantiel.

Mais depuis environ cinq ans, sous les coups de boutoir d’une pensée écologiste ou féministe radicale, l’infertilité européenne connaît une deuxième vague de ce tsunami mortifère :

- entre 2015 et 2023, la Finlande est passée de 1,65 enfant par femme à 1,23 ;
- les Pays-Bas de 1,66 à 1,43 ;
- et l’Espagne dégringole de 1,33 à 1,18…

Même la France, boostée aux hormones immigrées, est descendue à 1,69. À peu près aucun pays européen, sauf la Hongrie et ses mesures fiscales très énergiques, n’est parvenu à échapper à cette baisse généralisée…

L’exemple romain rappelle à quel point la dépopulation est un problème profond qui n’offre que peu de prise pour le surmonter. La chute de la fertilité s’explique par des tendances lourdes et il n’est pas sûr que des mesures législatives ciblées suffisent pour inverser durablement la tendance.

En effet, des taux de fécondité si bas rendent très hypothétique un retournement général de situation. C’est pourquoi l’avenir semble malheureusement plutôt être à la natalité communautariste, à la sauce amish, alors que l’on observe, par exemple, une fécondité largement supérieure des Français se revendiquant religieux, musulmans comme catholiques.

Mais ne vous y trompez pas, c’est ainsi que chute une civilisation et que se dilue un peuple.

 

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 26/05/2023 à 18:43.
Pierre-Marie Sève
Pierre-Marie Sève
Directeur de l'Institut pour la Justice

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Certes, cela est vrai et je le comprends, mais. Mais ce qui rend la terre invivable est la SURPOPULATION qui pèse sur l’alimentation des peuples. D’autant plus que l’agriculture ne se contente pas de NOURRIR. On l’utilise à tors et à travers, à savoir : en faire des biocarburants ou, le comble, des viandes végétales (B. Le Maire a été inaugurer une usine de transformation, en catimini, ce 17 mai)… Quant à l’eau, source de vie, nous pouvons en débattre.

  2. Ils courent tous après la 3e guerre mondiale et les peuples regardent ça comme une série netflix, ils manifestent pour leur retraite qu ils n auront jamais, alors qu’à quelques milliers de km ils laissent les canons gronder sans réagir , c est sur ça donne pas envie de se reproduire car si ça continue Poutine va vraiment se fâcher

  3. Ceux qui hésitent à faire des gosses sont ceux à qui ils reste un peu de cervelle , avant d en faire il faut être capable de les élever et de les faire vivre , les immigrés ne se posent pas ces questions chaque gosse représente pour eux un salaire supplémentaire grâce aux largesses de notre système social , réservé uniquement à ceux qui ne font absolument rien , moins ils en font et plus ils touchent

  4. La dénatalité c’est pas d’aujourd’hui. En 1997 des jeunes collègues disaient déjà que l’avenir leur faisait peur, et qu’elle n’auraient pas d’enfant. Et la peur est distillée tous les jours au travers de tout car tout est bon pour l’entretenir.
    Je crains qu’inverser cette tendance soit actuellement impossible. Nous sommes maintenus dans la peur permanente,
    et malgré les promesses de ce gouvernement (esbrouffe) rien n’est attendre, on ne peut que le constater à chaque fois qu’il touche à quelque chose, c’est le contraire de l’amélioration attendue qui est fait.

  5. « L’exemple romain rappelle à quel point la dépopulation est un problème profond ». C’est vrai, mais pas que. D’autres coups de boutoir ont été beaucoup plus efficaces : l’édit de Caracalla (212) bradant la citoyenneté romaine, ouvrant la voie aux peuples germaniques pour diriger les légions, Constantin autorisant le christianisme en 313, mais surtout en fixant le dogme de l’Eglise à Nicée en 325. Théodose interdisant les anciens cultes (380), premier « table rase du passé » de l’Histoire avec destruction des vestiges gréco-romains et aboutissant au sac de Rome par le Wisigoth Alaric en 410. C’est un trajet similaire qu’ont ordonné nos mondialistes, bourrés de fric mais pas d’imagination.

  6. Laissons donc aux familles le choix d’avoir ou non des enfants. Nous sommes encore dans un pays dit, de liberté, ou presque. Les enfants ne sont pas des « bouche-trous » mais des êtres vivants qu’il faut désirer et aimer.

  7. Certes, cela est vrai, mais et je le comprends. Mais ce qui rendre la terre invivable est la seule SURPOPULATION qui pèse sur l’alimentation des peuples. D’autant plus que l’agriculture ne se contente pas de NOURRIR. On l’utilise à tors et à travers, à savoir en faire des biocarburants ou, le comble, des viandes végétales… Quant à l’eau, source de vie, nous pouvons en débattre.

  8. Attribuons des allocations substantielles à nos compatriotes FRANÇAIS, et aucunes allocations aux migrants. Les migrants ne resteront pas, par des conditions non attractives. C’est simple, ceux qui resteront, pourront être assimilés FRANÇAIS à la troisième génération, à condition qu’ils deviennent Chrétiens. Nous leur retournerons un principe de réciprocité, puisque s’en ainsi dans mes Pays Musulmans.

  9. Vous prenez le problème à l’envers, ce n’est pas la dénanalité qui causera notre perte, cette dénatalité est la conclusion d’un malaise national, c’est une finalité pas une cause , car on ne met des enfants au monde que lorsque ce monde en vaut la peine. Or notre présent iétant si anxiogéne et sans horizon optimiste que les femmes hésitent à donner la vie et fonder une famille. Les animaux en font autant, ils ne se reproduisent que sous certaines conditions et difficilement en captivité.
    Quand le pays va bien que l’atmosphère est paisible et le futur souhaitable alors on se reproduit…

  10. Que ce soit dénatalité ou submersion migratoire la fin est en vue. Même une guerre civile ne pourrait plus rien. Pourvu que ça tienne encore 30 ans et ce sera ma fin du monde. Mais je donnerais cher pour une journée de présence avec droit de parole en 2070.

  11. C’est bien vrai l’Europe va changer de couleur de peau et va devenir la nouvelle l’Afrique .

  12. On est bien d’accord: la chute de la civilisation occidentale est bien actée. Elle s’inscrit dans un destin incontournable, tout comme le changement climatique, un cycle immuable où les hommes sont les acteurs épuisés de la disparition du monde « civilisé à l’excès » qu’ils ont créé. Les plus pessimistes diront qu’à plus long terme on va vers un monde asexué ou la reproduction se fera in vitro avec des êtres augmentés. Pour paraphraser M. Onfray, il nous reste à disparaitre avec honneur.

  13. De toutes façon de la façon dont on s’y prend avec les éllucubrations climatiques et écologiques de toutes façon l’UE est morte à plus ou moins court terme avec ou sans dépopulation. On ne peut pas de seruiner seul face au reste de la population de la planéte avec nos solutions de décroissance, adieu la civilisation judéo chrètienne. Ce n’est pas la première ni la derière civilisation qui disparaitra jusqu’à la disparition de l’expéce humaine qui comme toutes autre espéce animale disparaitra inévitablement.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois