Paris : une campagne choc anti-IVG met la classe politique en émoi

Les Survivants

En ce jeudi 25 mai, les Parisiens amateurs de Vélib’ ont peut-être été surpris. En montant sur les deux-roues mis à leur disposition par la ville de Paris, ils ont pu remarquer, à l’arrière, une affiche. Un dessin de fœtus devenant nourrisson puis utilisateur de Vélib’, avec cette inscription : « Et si vous l’aviez laissé vivre ? »

Bien que les couleurs laissent croire à une campagne de la ville de Paris, cette action provient du collectif anti-avortement Les Survivants. Joint par BV, l'un des deux porte-parole confie : « On a fait en sorte de se faire passer pour la mairie de Paris. » Selon lui, ce sont pas moins de 12.000 vélos, présents dans 900 stations intra-muros, qui ont reçu cette petite étiquette ; pour ce faire, 300 membres du collectif ont été mobilisés.

« La vie est une aventure, un défi à relever »

Pourquoi avoir ciblé les vélos de la métropole ? Le choix n'est pas anodin. Pour Les Survivants, c’était comme une évidence : « Vous, qui prenez ce Vélib’, ne vous souvenez-vous pas de toutes ces fois où, comme l’enfant qui apprend à faire du vélo, vous avez osé l’aventure ? La vie est une aventure, un défi à relever ! », peut-on lire sur le communiqué de presse du collectif.

Le ton est donné : « On veut parler de l’avortement librement, que ce soit un thème dont on puisse débattre à la télé. Aujourd'hui, si un député en parle, il sort du champ politique », déplore le porte-parole, qui revendique lutter pour une véritable liberté d'expression sur le sujet.

Derrière cette action, les membres du collectif cherchent également à évoquer « la culpabilité de la femme. Une femme n’avorte pas de gaieté de cœur et ça, la société ne l’accepte pas », livre le représentant du collectif. À cela, le communiqué ajoute : « Tout enfant à naître a sa chance d’être heureux ! Même si les circonstances sont parfois très, compliquées, il n’y a pas de déterminismes. Laissons-le tenter l’aventure de la vie ! »

Une condamnation unanime de la part de la classe politique

Sur la Toile, la condamnation est unanime. Les réactions de la classe politique fusent, telle qu’Anne Hidalgo qui juge l’action « inadmissible et illégale […] une honte pour notre République, pour Paris et ses valeurs ». Isabelle Rome, le ministre à l’Egalité entre les femmes et les hommes, soutient que « l’IVG est un droit fondamental des femmes. Nous ne laisserons personne y porter atteinte. »

Ils ne comptent pas laisser couler l’affaire. Le maire adjoint EELV du Xe arrondissement déclare, de son côté : « Nous examinerons tous les recours juridiques possibles pour poursuivre les auteurs de cette campagne honteuse. »

En fin de matinée, c’est le ministre de la Santé, François Braun, qui s’est positionné. Il affirme : « Face aux réactionnaires, le gouvernement et la majorité seront toujours aux côtés des femmes pour garantir la liberté de choix. » Et de conclure : « Nous inscrirons ce droit fondamental dans la Constitution. »

« On ne pensait pas que ça allait faire autant de bruit », confie le porte-parole. Néanmoins, pas d’inquiétude selon lui : « On est un collectif, pas une association, on ne risque rien. Personne ne va être condamné. »

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 26/05/2023 à 16:31.
Félix Perrollaz
Félix Perrollaz
Licence de Science politique à l'Université de Lille, étudiant en journalisme, journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

35 commentaires

  1. On est toujours dans l’incohérence???? D’une part on constate une chute de la démographie en Europe et d’autre part on réclame la constitutionalité de l’IVG. Ceci a pour tendance à banaliser un acte qui est loin d’être anodin pour la femme et de favoriser sinon faire pression pour la dénatalité. Des moyens de protection existent et toute personne peut y accéder, l’avortement pour raison médical est permit, l’IVG est gratuite Que faut il faire de plus pour désacraliser la grossesse et permettre ainsi l’afflux de nouveaux nés étrangers à notre Pays

  2. S’accorder le droit à l’IVG, c’est-à-dire celui d’interrompre la vie d’un être en constitution, et mettre le couvercle pour rendre ce droit intouchable sans autre forme de discours, peut-être un peu léger pour un peuple qui se dit civilisé. Le droit à une sensibilisation sur les conséquences de cet acte est un minimum à accorder aux opposants. Sensibiliser ce n’est pas interdire ? Ceux qui s’offusque de cette simple attention se sentent-ils mal à l’aise avec leur conscience , ce qui justifierai leur vive réaction ? Cet affichage n’est qu’un acte de sensibilisation. Ne dit-on pas « Qui se sente morveux se mouche  » ?

  3. Il est évident qu’avec plus de 125 000 I.V.G. par an, il ne faut pas s’étonner de la dénatalité en France, mais aussi en U.E., sauf en Hongrie, parait il, la Chrétienne….Avec un Ministère chargé de gérer le budget d’aides, d’assistances diverses concrètes, de crèches gratuites, de placements d’enfants en France comme en tous pays de l’U.E., la Re Natalité fonctionnerait. Zemmour l’avait mis en son programme : 10 0 00 euros par enfant par famille en Communes rurales…Il suffit d’avoir le Ministère Familles et la Volonté…

  4. Belle initiative. Tout le monde doit avoir ce droit…. celui de vivre! Et tous, nous avons encore le droit à la liberté d’expression !

  5. « l’IVG est un droit fondamental des femmes » sauf pour les petites filles qui n’ont pas eu celui de naître.

  6. Drôles de valeurs républicaines que d’appeler ce qui est la mise à mort d’un être humain « un droit des femmes », et, pour faire passer la pilule, de transformer un « avortement » en un sigle neutre, IVG. Même pas le courage des mots.

  7. aurant des exceptions sont possibles (viols, vie de la mère en danger, maladies incurables, douleurs insurmontables sans rémission possible), autant tout ce qui ressort du confort, de l’individualisme, de la facilité est détestable. Constitutionnaliser le meurtre est le pire des oxymores.

  8. l’avortement comme l’euthanasie sont des meurtres : on tue avec préméditation. Mais avec la bénédiction de la Loi, votée par nos représentants. Aut

  9. Je me demande bien ce qu’en penseront les Roumains de cette pub ?
    Après tout c’est bien là-bas, en Roumanie, que finissent leu vie ces fameux « Vélib » de Madame Le Maire de Paris.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois