Emmanuel Macron a effectué une visite de trois jours en Algérie, crise énergétique oblige. La cordialité était de mise avec le président Abdelmadjid Tebboune. Une fois encore, un Président français a annoncé un partenariat nouveau entre la France et l’Algérie. Cette ritournelle, connue depuis Valéry Giscard d’Estaing, finit par être usée car le pouvoir algérien, qui abreuve sa jeunesse de haine contre la France, retourne sans cesse à sa veille rhétorique antifrançaise et exige repentance.

Le Président Macron a précisé qu’il s’agirait notamment « d’un partenariat nouveau pour et par la jeunesse ». En clair il s’agit d’accorder 8.000 visas étudiants de plus pour des ressortissants algériens, qui viendront s’ajouter aux 30.000 déjà présents sur notre territoire. Est-ce utile ? Seront-ils de vrais étudiants ? Et surtout, lorsqu’ils seront formés, retourneront-ils dans leur patrie pour contribuer à l’essor économique qui lui fait tant défaut ? De façon étrange, Emmanuel Macron parle de créer « une nouvelle génération franco-algérienne dans l’économie, les arts… » De quoi s’agit-il ? De binationaux à l’aise nulle part ? On ne peut servir deux maîtres et la citoyenneté ne se divise pas parce qu’elle est aussi fidélité. Or, peut-on être fidèle à deux nations dont l’une, à l’évidence n’aime pas l’autre. Voire la hait. Il suffit de rappeler l’accueil indigne réservé à nos 309 athlètes engagés dans les Jeux méditerranéens qui se sont déroulés du 26 juin au 6 juillet derniers à Oran : délégation française huée à la cérémonie d’ouverture, « Marseillaise » sifflée dans le stade Ahmed-Zabana.

Notre Président a également annoncé la création d’une commission mixte d’historiens français et algériens pour étudier les archives de la colonisation et de la guerre d’Algérie. On le sait, le gouvernement algérien ne cesse d’exiger un acte de repentance de la France, à l’instar d’Abdelaziz Bouteflika, qui se précipitait néanmoins en France pour se faire soigner au Val-de-Grâce ! Quant au chef de l’État, sa pensée a beaucoup fluctué à cet égard. En février 2017, il déclarait que « la colonisation est un acte de barbarie… un crime contre l’humanité » pour dénoncer, en septembre 2011, « un système politico-militaire construit sur une rente mémorielle » et s’interroger sur le fait de savoir s’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Quand est-il sincère ?

Rappelons que l’impérialisme et le colonialisme sont de tous les temps et de toutes les civilisations. Les Arabo-musulmans puis les Turcs sont partis à l’assaut de l’Empire byzantin et l’ont colonisé en sept siècles. Et si leur colonisation a « réussi », c’est parce qu’ils ont imposé par la force leur religion, leur civilisation et leur pouvoir aux peuples conquis.

Jouer à la victimisation mémorielle est un jeu dangereux. Il pourrait être rappelé que la régence d’Alger, celles de Tunis et de Tripoli, étaient de grands centres de piraterie et d’esclavage. L’historien Robert Devis, de l’université de l’Ohio, estime qu’entre 1500 et 1800, c’est plus 1.250.000 chrétiens européens, hommes, femmes, enfants, qui ont été réduits en esclavage par les pirates barbaresques. L’économie de ces régences ottomanes reposait sur le commerce des esclaves, les razzias sur les côtes nord de la Méditerranée et le rançonnage des familles des captifs. Crimes contre l’humanité caractérisés et, de surcroît, dans le temps long.

On pourrait également considérer que l’exode forcé d'Algériens d’origine européenne à partir de 1962 - « la valise ou le cercueil » - constitue le plus grand nettoyage ethnique de la seconde moitié du vingtième siècle.

La guerre mémorielle a, en réalité, un aspect puéril et fonctionne comme une vis sans fin. Les événements se sont déroulés, ils furent parfois cruels mais ils appartiennent à l’Histoire. Allons-nous demander au président Tebboune de faire repentance pour les bagnes d’Alger, le commerce des esclaves et la piraterie ?

Une chose est sûre : il est impossible de continuer dans la relation de faiblesse avec l’Algérie. Si les Algériens, abreuvés de propagande antifrançaise, détestent la France, eh bien, nous n’avons aucune raison de les accueillir. Des relations apaisées ne peuvent se concevoir si l’une des parties entretient la haine de l’autre. Avec la naïveté de l’arrogance, M. Macron a voulu improviser un bain de foule à Oran. Il n’a récolté que huées et quolibets.

Il serait bon de suivre l’exemple d’Henri IV qui, en préambule de l’édit de Nantes, ordonnait « que la mémoire de toutes choses passées d’une part et d’autre demeurent éteinte et assoupie, comme des choses non advenues » et interdisait de « provoquer l’un l’autre par reproche de ce qui s’est passé mais se contenir et vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et concitoyens ». Mais être Henri IV n’est pas à la portée de tous. Et la réconciliation sincère de l’Algérie et de la France pas pour demain.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 30/08/2022 à 7:06.

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28 août 2022 à 11:39

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24 commentaires

  1. Il faut entendre les noms d’oiseaux qui lui ont été adressés lors de son bain de foule pour se rendre compte que sa visite au Président algérien sera aussi fructueuse que celle qu’il a faite au Président russe. C’est un guignol et il n’y a que le peuple français qui ne s’en est pas rendu compte puisqu’il l’a réélu.

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