Toulouse : entre coup de pression et soulagement, la maison de Roland libérée de ses squatteurs
Après plusieurs mois d’occupation et une semaine de pression réalisée par les soutiens de Roland, la maison squattée a été libérée, dans la soirée du jeudi 11 février.
La pression se faisait de plus en plus forte autour du 83, avenue de Fronton, à Toulouse. Depuis le début de la semaine, des rassemblements spontanés se sont formés devant la maison de Roland, un retraité de 88 ans, qui voit son bien squatté depuis le mois de septembre par une dizaine de militants de l’ultra-gauche.
Une maison de type « toulousaine », modeste, où les toilettes se trouvent au fond du jardin. Roland cherchait à la vendre pour pouvoir s’installer auprès de son épouse dans un EHPAD du Tarn. Un premier déchirement pour ce retraité du journalisme qui y accumule, depuis plusieurs décennies, de nombreux souvenirs. Parti s’installer dans un studio, proche de l’établissement où réside sa femme, la maison était toujours entretenue, le courrier était relevé tous les deux jours, « les lits étaient même faits ». Mais le 26 septembre, la famille de Roland s’aperçoit que les serrures ont été changées et que l’habitation est occupée.
Un squat gardé par l’ultra-gauche
La procédure est longue, la Justice ordonne l’expulsion par la force publique, mais la préfecture décide d’attendre la fin de la trêve hivernale, à l’automne dernier. Une période censée se terminer le 1er mars, mais repoussée au 1er juin à cause de la crise sanitaire. L’attente est longue pour la famille qui voit sa santé se dégrader. Roland fatigue, tracassé et empêché de rejoindre son épouse. Sa fille subit également des ennuis de santé.
Une vague de soutien se crée dès la médiatisation du squat de l’avenue de Fronton, dimanche 7 février. Des citoyens s’organisent sur les réseaux sociaux et se donnent rendez-vous quotidiennement devant les grilles de la maison. Le squat est gardé par une vingtaine de militants de l’ultra-gauche appartenant au mouvement des anarchistes autonomes. Ils sont déterminés, jouent le rapport de force et promettent de défendre coûte que coûte leur lieu de vie. Les policiers font tampon pour éviter toute confrontation.
Une pression trop forte sur les squatteurs
Le petit groupe décide de maintenir la pression. Jeudi 11 février, une partie d’entre eux arrivent à faire le tour de la maison, par des parkings voisins, caillassant les squatteurs dans le jardin. Les passants lancent des insultes envers les occupants… La situation devient intenable pour ces violeurs de propriété qui demandent la reddition en fin d’après-midi.
Plusieurs conditions y sont demandées : pas de présence policière, pas de média et une protection de la part des jeunes du quartier pour ne pas se faire trop chahuter. Les riverains acceptent et les escortent jusqu’à la sortie de la rue. La trentaine de squatteurs sortent « la queue entre les jambes », sous les hourra des soutiens de Roland. Leurs doigts d’honneur, si habituels depuis le début de la semaine, sont rangés dans leurs poches et leurs petites provocations se font discrètes. « Plutôt la mort que la souillure », disaient-ils dans les courants anarchistes ; ce sera plutôt le déshonneur qui sera adopté en marchant en file indienne, longeant les murs vers un nouveau squat.
« C’est admirable, ce qu’ils ont fait »
La nouvelle se propage, les premiers journalistes arrivent, les soutiens de Roland se font de plus en plus nombreux. Les policiers s’assurent du bon déroulement de l’opération. La fille de Roland, prévenue, parcours l’heure de route jusqu’à sa maison de famille, « soulagée » de ce dénouement heureux, confie-t-elle aux micros. « C’est admirable, ce qu’ils ont fait », lance Diane au sujet des « libérateurs » de la maison.
L’huissier de la famille est là, la meuleuse et la pince s’attaque au cadenas laissé par les squatteurs. Après quelques secondes, les policiers investissent les lieux, cherchant les issues par lesquelles il est encore possible d’accéder à la maison, déjouant les quelques pièges laissés par les occupants. Les policiers ont dû passer par les fenêtres. À l’intérieur, quelques affiches féministes et de l’ultra-gauche sont retrouvées. La maison est sale mais pas autant dégradée que ce qui était craint par la famille. Seuls quelques souvenirs manqueraient, a priori, à l’appel.
Une issue heureuse qui donne des idées au collectif qui a mis la pression sur le squat. « On est prêt à recommencer sur d’autres occupations », préviennent-ils, avec le même genre d’action : se rassembler devant, alerter la presse mais, malgré tout, sans violence.
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