Guillaume Bernard : « Marine Le Pen a débattu avec sérénité malgré les attaques de Gérald Darmanin »
Sur France 2, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin débattait, le 11 février, avec Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, à propos de la loi contre le séparatisme.
Analyse de Guillaume Bernard au micro de Boulevard Voltaire.
Hier soir, Marine Le Pen et Gérald Darmanin ont débattu pendant près d’1h30. Au cœur du sujet, la loi sur le séparatisme devenue loi réaffirmant les principes républicains. S’il fallait désigner un vainqueur, qui choisiriez-vous ?
Je pense sincèrement que Marine Le Pen l’a emporté. Elle était à la fois sereine tout en n’étant pas agressive. Il est vrai qu’elle jouait un peu sur du velours parce que le thème de l’islamisme et de l’immigration est le thème de prédilection du Rassemblement national depuis des années. D’ailleurs, en fin d’émission, Brice Couturier a dit que près de la moitié des Français considèrent que le RN est le parti le plus crédible pour résoudre ces problèmes.
Effectivement, Darmanin a été celui qui a essayé de déstabiliser plutôt que de démontrer des choses. Par conséquent, Marine Le Pen a eu dans ce débat, une sérénité qui a très largement tranchée avec les défaillances qu’elle avait pu avoir lors du débat de l’entre-deux tour de 2017.
On avait l’impression dans ce débat que Gérald Darmanin était dans la peau de Marine Le Pen et Marine Le Pen dans la peau de Gérald Darmanin. Ce dernier était assez agressif et Marine Le Pen était plutôt calme et posée, quitte même à se laisser un peu marcher sur les pieds.
Je crois que c’est un peu exagéré. Cela s’explique par une chose très simple. Darmanin était en opération commandée pour le président de la République. Il essayait de démontrer à l’opinion publique que le macronisme était en capacité de régler les problèmes liés à l’islamisme. Il n’avait donc plus besoin d’essayer de décrédibiliser son adversaire. Par ailleurs, Darmanin était peut-être lui-même un peu fébrile parce qu’il joue aussi son avenir politique, devenir premier ministrable ou pas. Cela explique suffisamment sans avoir besoin de chercher des explications plus alambiquées dans lesquelles Marine Le Pen chercherait à se modérer, tandis que Darmanin aurait essayé de la doubler par la droite.
Marine Le Pen a marqué des points lorsqu’elle a attaqué Gérald Darmanin sur le livre qu’il a publié il y a quelques jours. Dans ce livre, il dénonce le séparatisme islamiste en employant des mots que Marine Le Pen n’a pas reniés, et en même temps ce projet de loi qui est une espèce de condensé de tout ce qui pouvait se faire d’anti religieux lors des débats sur la loi de 1905. Finalement, le gouvernement rate complètement son tir en tapant sur les cultes au lieu de taper sur le séparatisme islamiste, alors que le ministre de l’Intérieur publie un livre.
Vous mettez évidemment le doigt sur un point essentiel de la politique et qui explique que beaucoup de nos compatriotes sont déçus. C’est tout simplement la distorsion entre le discours et la réalité des actes. Il y a effectivement des discours velléitaires et des analyses parfois très bonnes proposées dans les discours politiques. Dans la réalité des mesures prises, on est très éloigné.
Incontestablement, Marine Le Pen a eu raison de dire que cette loi visait théoriquement l’islamisme et en même temps il n’était pas directement l’objet de la loi. Elle a peut-être oublié de dire que c’était par indifférentisme. Par nécessité d’égalitarisme, le gouvernement ne veut pas viser l’islamisme en tant que tel. Un grand nombre de libertés de l’ensemble des Français sont susceptibles d’être remises en cause, sous prétexte que certains les dévoient. Là effectivement, elle a marqué un point. Il est vrai que la volonté de l’un et de l’autre d’essayer de dissocier l’islam de l’islamisme ne m’est pas apparue totalement convaincante. On peut tout de même regretter que la question de l’immigration, la cause de tous ces problèmes d’immigration qui n’ont pas été suivis d’assimilations culturelles, n’a finalement pas été traitée. L’islamisme, le séparatisme et le communautarisme ne sont que la conséquence et non pas la cause du problème.
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