Thierry Breton a tranché : à l’Europe l’immigration, à la France l’intégration

©Shutterstock
©Shutterstock

Ce lundi 12 juin, le commissaire européen Thierry Breton était l'invité du « Face à face » de BFM TV, animé par Apolline de Malherbe, pour évoquer la politique européenne en matière d’immigration.

Première remarque, cette dame n'attend pas la réponse à la question qu’elle pose à son invité du jour. Tout au contraire, elle a souvent tendance à répondre à sa place, comme si elle avait réponse à toutes les questions. Mais à ce compte, pourquoi poser des questions ?

Seconde remarque, face à elle, Breton n’a guère l’habitude d’être contredit. Son CV a, certes, de quoi en imposer. D’École alsacienne en Louis-le-Grand, passé de la direction des grands groupes industriels (Bull et France Telecom, entre autres) au toujours très convoité maroquin de Bercy, il n’est pas le premier venu. La preuve par ses fonctions de commissaire européen qui, en 2019, lui valent d’être à la fois chargé « du Marché intérieur, de la Politique industrielle, du Tourisme, du Numérique, de l’Audiovisuel, de la Défense et de l’Espace ».

Troublant ce paisible dialogue de sourds, un malaise s'installe sur le plateau lorsque la journaliste le lance illico sur l’énergique politique migratoire menée par le Premier ministre danois. La très social-démocrate Mette Frederiksen, de gauche, sert désormais de caution morale à notre droite parlementaire. Un comble !

Coincé, Thierry Breton défend donc cette politique du bout des doigts, avec manifestement la trouille de se les faire prendre dans le pot de confiture. D’où cet exercice de haute voltige sémantique : « Il faut faire la distinction entre le solde migratoire et ce qui se passe aux frontières, dit-il. Et ça, ça va être amélioré grâce au "pacte migratoire" qui, je l’espère, va donc trouver un accord entre le Parlement européen et le Conseil. » Apolline de Malherbe ne semble pas tout comprendre de ce sabir. Qu’elle se rassure, nous non plus.

Thierry Breton poursuit : « Ça, c’est pour les frontières et ensuite, l’intégration est un sujet très important et il faut que chaque État membre s’en occupe avec ses moyens. » On notera qu’il s’agit là « d’intégration » et non point « d’assimilation », soit une rupture majeure avec la tradition républicaine d’autrefois. Gavés de sous-culture américaine, nos immigrés et leurs enfants sont, à ce titre, plutôt bien « intégrés ». Se sont-ils pour autant « assimilés » aux mœurs et coutumes françaises ? C’est un tout autre sujet.

Bref, au-delà de ces considérations, il n’y a rien qui puisse ici ressembler à une politique de rupture en la matière. Et si la question a vocation à être tranchée entre Parlement et Conseil européen, il ne reste plus guère d’autorité souveraine pour les États concernés, hormis celle consistant à instaurer cette hypothétique politique « d’intégration ».

Pour lutter contre les invasions, il y eut jadis sainte Blandine à Paris et Charles Martel à Poitiers, Jeanne d’Arc à Orléans et Philippe Pétain à Verdun. Aujourd’hui, c’est Thierry Breton à Bruxelles. Nous voilà rassurés. Surtout lorsqu’il nous affirme que le « solde migratoire » sera positif.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Cette UE, et en tout cas cette commission n’en a sans doute plus pour très longtemps. 1/Les peuples d’Europe, les uns après les autres, commencent à en avoir marre et le disent dans les urnes. Les prochaines élections européennes pourraient concrétiser un basculement 2/Le Brexit, on sait ce qu’en dit la propagande bobo, mais sur le fond c’est pas un drame 3/Les « évolutions » en Ukraine et les … négociations dont on commencerait à parler … au plus haut niveau de la sphère Nato…. pourrait changer bien des choses et conduire à bien des réévaluations pour ne pas dire désillusions, et faire que Madame von der Layen s’en retourne en faisant hum hum. Le paradoxe c’est que ce sont les Anglais qui sont plus vonderlayenistes que von der Layen.

  2. Jusqu’à ce jour on a pu voir ce qu’a donné votre politique en matière d’immigration, M. Breton, vous et votre microcosme bruxellois , une invasion migratoire avec des faits de délinquance, de barbarie , alors si c’est à l’Europe de s’occuper de cette question , nous ne sommes pas prêts de voir le bout du tunnel … contrairement à vous , M. Breton, je pense que c’est au pays souverain que revient la politique en matière d’immigration, car sans être un spécialiste du sujet on voit comme tout un chacun que notre pays est submergé par ces fléaux , que nombre d’autres pays européens ne subissent pas . Quant à l’intégration que vous préconisez pour faire des ghettos communautaires tels que l’on voit se propager dans nos villes et bientôt dans nos campagnes. Un non sens votre vision dans ce domaine.

  3. Il rêve de prendre la place de l’Impératrice Mme Van Der Leyen….pas sûr qu’il soit plus démocrate, qu’il s’en remette à ce que l’Assemblée Nationale U E sans ingérences étrangères vote à la totalité de ses Députés….Mais entre temps, quand un pays comme le Danemark négocie, décide, qu’elle sera sa politique d’immigration, la France peut faire de même. Un seul Homme ne peut en démocratie décider pour le Peuple…

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois