La taxe foncière s’envole… et ça vous étonne ?

À l'heure où nos députés se penchent sur le Budget et où le gouvernement s'apprête à concentrer l'ISF sur l'immobilier, Le Parisien a fait paraître une intéressante étude de l'Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI) sur la taxe foncière. Celle-ci a grimpé en moyenne de 14 % ces cinq dernières années, soit quatre fois plus que l'inflation… Mais ce chiffre cache de grandes disparités. Avec 32 % de hausse, Lille remporte la médaille d'or de l'augmentation, ce qui n'étonnera pas grand monde quand on se souvient que c'est Martine Aubry qui y est aux manettes. Mais c'est tout de même cinq fois plus que la mairie (LR) de Saint-Étienne, championne de la modération avec 6,2 % !

Les édiles ne sont toutefois pas les seuls à picorer dans la mangeoire : le département, l'agglomération, la communauté de communes et les établissements publics fonciers locaux piochent aussi dans le pactole, et les efforts des uns peuvent être gommés par la voracité des autres, comme à Argenteuil qui, avec 23 %, morfle surtout à cause de la part départementale. Et comme la manne de la taxe d'habitation est, paraît-il, appelée à disparaître, il y a fort à parier que la foncière a peu de chances de ne pas continuer sa grimpette en compensation. Sur la vingtaine de milliards d’euros que rapporte actuellement la taxe d'habitation au "bloc communal" chaque année, 8,5 milliards n’arriveront plus dans les caisses.

L'État promet bien qu'elle sera contrebalancée "à l'euro près", mais il faudrait, pour y croire, être aussi ingénu qu'une starlette entrant sans crainte dans la suite d'Harvey Weinstein. La communication autour du Budget a toujours consisté à claironner les baisses d'impôts, même homéopathiques, et à glisser sous le tapis les augmentations souvent plus chirurgicales. C'est comme les bikinis : ça cache toujours l'essentiel. "Je te pique ta montre, mais… je te prête l'heure !"

Les communes sont donc bien inquiètes. Comment financer demain les nouveaux ralentisseurs ? Les ronds-points ? Les kilomètres de potelets ? Les pistes cyclables désertes à double sens ? Les foyers pour migrants ? Toutes choses sans lesquelles nos vies ne vaudraient pas la peine d'être vécues ?

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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