[STRICTEMENT PERSONNEL] USA : l’embarras du choix
Si j’étais natif de l’Amérique du Nord, et plus précisément (ce qu’à God ne plaise) citoyen des États-désunis, je serais probablement perplexe, voire désemparé, à la perspective du choix qui me sera offert au début de novembre. (Notez que nous autres Français ne sommes pas forcément mieux lotis et qu’il serait malvenu, quand on est à la Charité, de railler l’Hôpital, mais ceci est une autre histoire, dont nous aurons bien des occasions de reparler après le 9 juin.)
Revenons outre-Atlantique. Il n’y a plus, là-bas, le moindre doute sur l’identité des deux candidats qui s’affronteront cet automne, l’un sous la bannière démocrate, l’autre sous le pavillon républicain, pour un bail de quatre ans, non renouvelable, en tout cas pour le premier, à la Maison-Blanche. Le problème est, en revanche, que celui qui l’emportera, tout comme son adversaire, sont déjà connus, bien connus, voire trop connus. Joe Biden et Donald Trump sont, dans toute l’acception du terme, de vieilles connaissances. Deux (vieux) chevaux de retour.
Joe Biden : à l'ancienneté
De Joe Biden, il n’y a (soyons équitables) rien à redire, et pas grand-chose à dire. Ni du bien ni du mal, comme chantait à peu près Édith Piaf. L’actuel président de la première puissance de la planète a patiemment, longuement, à pas comptés, hier par la prudence et désormais par la vieillesse, conduit la carrière qui l’a enfin mené au sommet de l’État. Propre sur lui. Net, impeccable, dans ses complets de chez le bon faiseur. Les dents blanches, le sourire bienveillant, l’accolade facile, les cheveux peroxydés, le propos banal, la patience qui sied aux seconds rôles et, pour finir, l’accès au premier, l’avancement à l’ancienneté. C’est en effet à l’âge de la retraite que Biden est devenu le commandant en chef, puis à celui où les anciens présidents des États-Unis écrivent leurs Mémoires et parrainent des bibliothèques qu’il brigue le renouvellement de son mandat.
Le plus grand malheur de Jules Grévy, deuxième président de notre IIIe République, était d’avoir un gendre. Celui de Biden, outre les deuils privés qui l’ont frappé et lui ont valu sympathie et compassion, est d’avoir un fils dont les diverses addictions et magouilles l’ont injustement éclaboussé sans le couler. Le destin du père semblait écrit dans le ciel il y a quatre ans. Il serait le président heureux d’un peuple lui aussi retraité de l’Histoire et avide de repos. L’Histoire, qui en a décidé autrement, le met en face d’événements qui le dépassent.
Donald Trump : à l'esbroufe
Que dire de son inlassable, increvable, insubmersible et scandaleux adversaire, qui ne soit connu de tous ? Éternellement fagoté dans le même costume bleu agrémenté d’une cravate rouge, et volontiers coiffé de la casquette des amateurs de baseball et de plage, rayonnant d’une blondeur et d’un hâle aussi invariables qu’improbables, Donald Trump, depuis plus de trois ans qu’il a quitté bien malgré lui la demeure présidentielle, n’a cessé de nourrir la chronique des faits divers et l’audiencier des tribunaux sans avoir jamais abdiqué son ambition. Le plus étonnant est qu’à ce jour, il semble à même, en l’emportant sur l’ectoplasmique président sortant, de prendre la plus éclatante des revanches et sur son adversaire et sur les canons actuellement en usage dans les grandes démocraties occidentales.
Menteur impudent, fraudeur invétéré, goujat, misogyne, coureur impénitent, malhonnête dans tous les domaines, moralement indigne des fonctions qui furent et seront peut-être de nouveau les siennes, et assumant cyniquement son indignité, la question que pose aujourd’hui le renouveau politique de Trump est la suivante, à contre-courant de l’évolution générale de nos sociétés : est-il possible de dissocier la vie privée, même condamnable, d’un homme politique et son action publique ? Les circonstances dramatiques qui font l’actualité de la planète expliquent la réponse qui sera donnée, en novembre, par le corps électoral américain.
Les questions israéliennes et ukrainiennes
Le choix fait par Joe Biden face à l’attaque lancée par la Russie contre l’Ukraine, il y a maintenant plus de deux ans, choix qui a déterminé l’engagement et le soutien des pays occidentaux satellites des États-Unis au sein de l’OTAN, débouche sur une impasse dangereuse, voire désastreuse. La Russie ne peut pas perdre et ne perdra pas le conflit qu’elle a lancé. L’Ukraine ne peut pas vaincre la Russie. L’Occident peut, en revanche - et l’actualité le prouve chaque jour -, prolonger, étendre, aggraver, envenimer la guerre et même, dans la pire hypothèse, déboucher sur une Troisième Guerre mondiale. L’histoire, la géographie, la géopolitique interdisent l’entrée de l’Ukraine dans la sphère occidentale comme, naguère, elles ont interdit à l’URSS d’enrôler Cuba dans le bloc de l’Est. La Russie, sauf à perdre son statut de grande puissance et à devenir à son tour un satellite de la Chine, ne renoncera ni au Donbass ni à la Crimée : Biden ne l’a pas compris. Trump ne se vante pas, lorsqu’il affirme haut et fort qu’il mettra fin en vingt-quatre heures à la guerre en Ukraine, à la grande fureur des va-t-en-guerre qui tiennent en Europe le haut du pavé et sont prêts à nous lancer dans un affrontement dont nous n’avons par les moyens et qui ne répond nullement à je ne sais quelle soif générale d’anéantissement universel.
Autre raté de Biden, et dont les conséquences seront tirées en novembre. Alors que seule l’aide américaine sur le terrain a permis à Israël de faire la démonstration meurtrière de sa supériorité militaire, alors que seul le veto américain à l’ONU préserve Israël d’être mis au ban des nations, le président actuel est parvenu à dresser contre lui l’électorat musulman et progressiste sans s’attirer la reconnaissance de l’électorat juif et des fanatiques bornés qui gouvernent à Tel Aviv ! Gageons que même M. Netanyahou et les siens ne traiteraient pas l’éventuel président Trump comme ils osent braver le futur ex-président Biden…
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42 commentaires
Biden ou Trump, c’est »l’état profond » qui dans les coulisses tire les ficelles de la gouvernance des USA mais aussi de nos démocraties occidentales. Nos élections ne changent pas grand chose car les »tireurs » gardent bien leurs mains sur le volant de nos états.
« L’embarras du choix » écrivez-vous ! ? … Depuis quelle date « existent » les USA ? ! … Sur quels malheurs des autochtones ces colons se sont appuyés pour fabriquer une puissance mondialiste que quand « ça » les arrange ! ? … Qui aura l’honnêteté de dire et préciser que les « démocrates » de ce pays ont été créer des conflits partout sur la planète pour favoriser leurs propres intérêts ? …
Les USA à biden sont à la Planète ce qu’est la Commission Européenne est aux pays de l’UE : un venin mortifère ! …
Il va être « grand temps » de reprendre nos souverainetés tant dans l’UE qu’au niveau mondial ! … Exit les auto proclamés « organisations humanistes » genre OTAN, CEDH, ONU et autres OMS et toutes ces ONG qui sont une mascarade étant plus proches de la « traite d’humains » que des « associations humanitaires » ! …
Impeccable. Je plussoie.
Entre Dieu et diable il faut toujours choisir le diable, car comme les deux mentent en ne pouvant réaliser leurs promesses, on estime finalement qu’avec le diable c’est moins mal qu’on ne l’aurait cru, tandis qu’avec Dieu c’est moins bien qu’on ne l’espérait.
Pendant des années les Américains se sont offerts des présidents jeunes, mais expérimentés en politique , et nous, nous avions des présidents plutôt vieux et très expérimentés en politique .
Aujourd’hui la Maison Blanche va devenir l’EHPAD le plus chic de la planète , avec plein d’activités ludiques pour son unique locataire, qui sera soit un vieux qui pédale dans la semoule , soit un vieux que la presse formatée à gauche nous présente comme un fou.
Et nous on s’est offert un très jeune président , sans expérience politique , genre post-ado narcissique , au verbe abondant , qui a accumulé toutes les erreurs d’un novice , et qui maintenant , joue le Tartarin en s’auto-proclamant chef de guerre (sans troupe et sans matériel et sans munition), d’une Europe qu’il compte bien diriger tout seul , à moins qu’il ne la mette avant à feu et à sang.
« moralement indigne des fonctions qui furent et seront peut-être de nouveau les siennes, » Depuis quand la morale s’inviterait dans le marigot politique? C’est nouveau, ça.
C’est un monde, toujours taper sur Trump et le trainer dans la boue. Oui, il a des défauts et pas des moindres probablement. Mais citez-moi un seul des guignols qui sont à la barre en Europe qui mérite le détour, mis à part M. Orban, aucun. Quant à Biden, la place qu’il occupe n’est pas la sienne. Ce n’est certainement plus lui qui dirige son pays. Si Trump met fin à la guerre en Ukraine, je veux bien lui tirer mon chapeau et il aura mon respect, pas comme notre va-t-en-guerre.
Les Etats Unis sont une démocratie , de plein exercice , au contraire de l’UE qui est un « machin » , une mécanique infernale à démolir les Etats qui en font partie , pour construire quoi ? une structure post-étatique indéfinissable , ou la démocratie est diluée avec subtilité .
“Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple.” disait Bertolt Brecht, on est en train de réussir la dissolution du peuple en Europe.
Trump devra d’abord s’attaquer au mal intérieur des USA : le wokisme. Il vaut mieux se soigner avant de vouloir soigner les autres.
J’ai failli tomber de ma chaise en lisant que « … le malheur de Biden, outre les deuils privés qui l’ont frappé et lui ont valu sympathie et compassion, est d’avoir un fils dont les diverses addictions et magouilles l’ont injustement éclaboussé sans le couler. »
S’il n’a pas coulé, c’est qu’il était bien protégé.
Quant au fameux ordinateur de Hunter, bourré de fichiers compromettants, qu’il s’agisse de pornographie ou de ses « activités » en Ukraine, comment se fait-il que l’on en n’ait pas parlé au moment des élections de 2020 ? Imaginons que le fiston ait été celui de Trump…!!!
C’est ce que les gens qui ne sont pas des intellectuels, appellent avec bon sens, le choix du « moins pire ».
Trump car il n’est pas sénile et ne souhaite pas la guerre ..
C’est peut-être la crainte de voir Trump élu qui motive Macron pour
vite entrer dans la guerre.
Qu’est ce qu’il ne faut pas lire comme idioties sur ces 2 hommes ! Biden ´´ propre ´´ sur lui ? Vous plaisantez M.Jamet ?
Et Trump a tous les défauts de la terre ? Certes il n’est pas un Saint mais le Biden encore moins !
J’ai failli tomber de ma chaise en lisant que « … le malheur de Biden, outre les deuils privés qui l’ont frappé et lui ont valu sympathie et compassion, est d’avoir un fils dont les diverses addictions et magouilles l’ont injustement éclaboussé sans le couler. »
S’il n’a pas coulé, c’est qu’il était bien protégé.
Quant au fameux ordinateur de Hunter, bourré de fichiers compromettants, qu’il s’agisse de pornographie ou de ses « activités » en Ukraine, comment se fait-il que l’on en n’ait pas parlé au moment des élections de 2020 ? Imaginons que le fiston ait été celui de Trump…!!!