Ce 14 septembre, le Sénat dévoilait un rapport sur la sécurisation de la chasse. Dans ce document, fruit de plus de 48 heures d’entretiens et long de 140 pages, les sénateurs formulent trente pistes d’amélioration afin de réduire au maximum les accidents. Pour Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), « cet acharnement du politiquement correct, sous couvert de sécurité à la chasse, augure des heures sombres pour toutes les activités rurales », dont la chasse.

« Cette mesure est une catastrophe » pour la chasse

Onze mois auront été nécessaires aux sénateurs pour rédiger ce rapport « sur la sécurisation de la chasse ». Saisis après une pétition du collectif anti-chasse Un jour un chasseur, signée par plus de 120.000 personnes, les sénateurs ont rencontré les parties prenantes du sujet pour établir un diagnostic précis de la situation. Or, force est de constater que « la chasse représente une part marginale des accidents de sports ou de la vie courante », écrivent les sénateurs. Le rapport sénatorial va plus loin en affirmant que la chasse serait une activité bien moins meurtrière que les sports de montagne ou les sports aquatiques. Et l’Office français de la biodiversité d’ajouter : « Depuis vingt ans, le nombre d’accidents de chasse a baissé de 46 % et le nombre de morts de 74 %. » Malgré ces résultats encourageants, « les chasseurs doivent encore progresser », avertissent les sénateurs. Ils déroulent donc une liste de trente propositions censées permettre une réduction du nombre d’accidents liés à la chasse. Épreuve vérifiant l’habilité de tir au permis de chasser, développer une culture du tir, interdire l’alcool et l’usage de stupéfiants lors des chasses… Pour de nombreux chasseurs interrogés, certaines de ces pistes de réflexion « vont dans le bon sens » et sont « plutôt cohérentes ». « Sur le fond, il y a des choses qui sont intéressantes, ajoute Alain Belloy, président de la Fédération de chasse d’Indre-et-Loire. Mais nous n’avons pas attendu les sénateurs pour mettre en place certaines mesures, notamment pour l’interdiction de l’alcool. »

Si la possible création d’un délit d’entrave au déroulement de la chasse réjouit les chasseurs, la proposition 21 cristallise les tensions. Celle-ci entend « permettre aux préfets de limiter les jours et horaires de chasse pour assurer la sécurité des personnes ». Pour le président de la Fédération d’Indre-et-Loire, « cette mesure est une catastrophe ». Beaucoup parmi les chasseurs s’inquiètent qu’un préfet anti-chasse puisse se servir de cette prérogative pour simplement interdire la chasse le week-end, voire tous les jours de la semaine. « Ce rapport sur la sécurité de la chasse avec ses trente propositions liberticides a oublié d’en mentionner une 31e : interdire tout bonnement la chasse ! Ce qui reviendrait au même et serait plus sincère de la part de ces sénateurs sous influence des anti-chasse », s’agace également Willy Schraen.

Fin de la chasse populaire

Outre cette crainte d’une possible interdiction de la chasse dans certains départements, le volet financier, absent du rapport, inquiète les fédérations. Formations aux battues, audit de sécurité, formation pratique, développer une culture du tir… Ces propositions ont un coût que les chasseurs ne sont pas prêts à supporter. « Toutes ces mesures, si elles étaient appliquées, coûteraient des dizaines de millions d’euros aux chasseurs », estime la FNC, dans un communiqué. Avec de telles propositions, la chasse populaire, pourtant « acquis de la Révolution française », nous rappelle l’un des chasseurs contactés, ne sera bientôt plus accessible à tous.

À cette liste de propositions contraignantes pour les chasseurs vient s’ajouter une nouvelle interdiction : la fin des munitions à plomb à moins de 100 mètres d’un plan d’eau à partir de la mi-février 2023, en application d’un règlement européen. « J’aimerais connaître le bon sens de cette mesure, surtout quand on sait que le plomb blesse mais ne tue pas », commente Alain Belloy. « Sans les munitions à plomb, il va falloir changer les fusils et beaucoup ne pourront pas se le permettre. On va empêcher les moins nantis de chasser », s’inquiète le président de fédération d’Indre-et-Loire.

Alors que s’ouvre une nouvelle saison de chasse, les chasseurs sont de moins en moins sereins quant à l’avenir de cette pratique pourtant si nécessaire pour la régulation du gibier en France.

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15 septembre 2022 à 18:15

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50 commentaires

  1. Je ne suis pas anti chasse, ma vie à la campagne fait que je les côtoie régulièrement, et pour tout avouer, j’apprécie le sanglier ou le chevreuil dans mon assiette , mais il faut avouer que se promener les mercredis et les dimanches, même en tenant compte des panneaux et en faisant attention, reste quand même dangereux. En Angleterre la chasse est interdite le dimanche et les Anglais arrivent à vivre malgré tout. Ne comptez pas sur les sénateurs pour réduire ou déplacer les jours de chasse, ils sont pratiquement tous chasseurs ! D’autre part, la chasse serait le sport le plus populaire après le foot ( d’après un chasseur…). C’est pas gagné !

    1. Un petit rappel pour nos amis VTTistes, cueilleurs et autres amoureux de la nature.
      La chasse en France se pratique à 80% sur des propriétés privées ! Alors quand vous vous promenez, que vous ramassez des champignons, du muguet ou autres dans un bois ou un pré, rappellerez vous que vous êtes sur des propriétés privées… Une certaine « tolérance » de la part des propriétaires ne vous donne pas tous les droits.

    2. les accidents de chasse concernant des non chasseurs sont rarissimes .prendre prétexte de l exceptionnel pour en tirer une loi générale est une erreur de raisonnement sauf a le transposer dans toutes les activités récréatives : cyclisme , ski, natation , promenades en voiture ….

  2. On voudrait interdire aux chasseurs du dimanche de chasser alors que dans certains départements comme le 93 les armes à feu sont légions et ne servent surtout pas à tuer le gibier .
    Mais … chut… de ces armes là il nous est interdit d’en parler , cela pourrait stigmatiser certaines populations .

  3. En Gironde qui aide les pompiers pour lutter contre les incendies : les chasseurs et les agriculteurs….les écolos pas vus!

  4. Alors que nous parlons, à raison, de droits des animaux et l’interdiction de les faire souffrir inutilement, nous gardons le droit à l’abattage culturel, et la chasse. En effet à la révolution la chasse réservée aux notables a été également donné aux petit peuple qui au par avant braconnaient, hors celui-ci chassaient uniquement pour apporter de la viande au foyer dont celle-ci était inabordable pour le peuple d’en bas.

  5. Si la chasse est là pour réguler pourquoi y a t il des élevages de gibier à lâcher dans la nature, alors qu’en plus ce sont des animaux de captivité faciles à tuer ?? Il y a même des sangliers d’élevage alors que soi disant leur nombre cause des problèmes aux agriculteurs ! On aimerait que les chasseurs répondent !

    1. Les anti-chasse aiment à dire que les chasseurs lâchent des sangliers dans la nature pour pouvoir les tirer ensuite et repeupler les forêts. En fait, il n’en est rien. On comprend ainsi que les sangliers élevés en France et dans les autres pays d’Europe le sont uniquement dans un cadre très précis. Chaque introduction de sanglier dans un enclos de chasse doit avoir au préalable obtenu une autorisation préfectorale (catégorie A). S’agissant des élevages d’animaux pour la viande, il existe des règles précises liées aux normes de la catégorie B. S’il est vrai que des lâchers de repeuplement de sanglier ont pu avoir lieu il y a plus de quarante ans il n’en est évidemment rien aujourd’hui. Si des animaux sont relâchés dans la nature sans autorisation préfectorale, c’est tout simplement un délit.

  6. Je pense que l’intelligentsia écologique en place veut vraiment la peau des chasseurs aussi .

  7. Mais ce ne sont pas les mêmes qui ont festoyé avec Macron et voté pour lui .A quand la chasse aux armes dans les banlieues ou il y a davantage de victimes ?

  8. Plus de restrictions, de réglementations, de contraintes, égale à terme moins de chasseurs donc moins d’armes dans la population, etc., etc.

  9. La chasse existe depuis l’homme des cavernes, nos sénateurs soumis aux anti-chasse, sortent un règlement qui montre une méconnaissance de la chasse, étonnant le président du Sénat étant un chasseur accompli.

    1. Il semble que vous oubliez dans votre phrase, « La chasse existe depuis l’homme des cavernes » que nos braves lointains ancêtres chassaient que par nécessité alimentaire. Ça change tout. Comparons ce qui est comparable.

      1. L’homme des cavernes ! Oui, oui, mon bon sire-primate spécialiste du découpage de viandes : Du temps où la neige couvrait le sol, empêchant champignons fruits et petites graines de lever, de sorte que, faute de bouffe, votre ancêtre australopithèque, déjàsensible au tabou de l’anthropophagisme, et à la faveur de la découverte du feu et du sel, s’est habilement attaqué aux autres espèces vivantes qu’il voyait courir: un petit jeu prenant et passionnant, d’autant plus qu’avec la peau et la graisse on pouvait démultiplie les usages du carnage de charognes..Euh : comment dire ? Depuis ces temps révolus, les moines nous ont appris à défricher, à pêcher, à greffer et conserver les merveilleux fruits d’une terre généreuse qui devrait suffire à combler tous les besoins primaires du dernier des primates, afin de lui laisser du loisir pour penser et créer…

    2. A l’origine, autrefois, les Hommes tuaient pour se nourrir.. ce qui n’est plus le cas, à part pour faire de grandes bouffes bien arrosées entre copains qui confondent un humain et un sanglier !!

  10. Le vrai but de toutes ces mesures anti-chasse, c’est empêcher les gens de s’armer et désarmer ceux qui le sont encore. c’est la règle des tyrannies, dont la France fait partie, de la sécurité des gens ils n’en n’ont rien à faire. Cordialement.

  11. La régulation du gibier devrait être effectuée par des services spécialisés et non par des chasseurs du dimanche qui assouvissent leur violence en tirant sur des animaux élevés en cage et libérés dans la nature la veille ou le matin même de la chasse.

  12. Il ne nous reste plus qu’a faire appel aux « spécialistes » qui ont géré la (fausse) crise COVID, et ce sujet deviendra une catastrophe. Faut-il nommer Sandrine Rousseau comme ministre de la pêche et de la chasse ?
    Nous sommes dans un pays où les incompétents décident sur des sujets qu’ils ne comprennent pas.

  13. Qu’ils aillent donc réguler la détention d’armes à feu dans les banlieues; ça, ça ferait baisser la mortalité par armes à feu si l’on en croit les infos quotidiennes, c’est plus facile d’emm… les gens en règle :) !

  14. Je n’aime pas la chasse. Je ne sais pas me servir d’une arme et ne tue pas même une araignée. Pour autant, ce droit de chasse a été arraché à la noblesse à la Révolution. Les descendants de « manants » que nous sommes pour la plupart doivent conserver ce droit. Je dirai même plus : conserver le droit de chasse ET interdire la chasse à courre pratiquée la plupart du temps par des descendants de la noblesse et leurs semblables suffisamment aisés. Un clin d’oeil à l’Histoire assez croquignolet, non ?

  15. Je ne jugerai pas des aspects humains et sociaux de la chasse. D’autres le feront mieux que moi. Nous exploitons en famille une forêt. Les dégâts occasionnés par le grand gibier, et notamment les sangliers qui pullulent, augmentent d’année en année, à mesure que le nombre de « bracelets » accordé, lui, diminue. Nous avons besoin de la chasse et des chasseurs pour réguler les populations . Nous devons effectuer des plantations de jeunes arbres qui vont être mangées , nous le savons, dans une grande proportion. Il y en a pour 17 hectares qui étaient peuplés d’épicéas infestés par les scolytes. Ajouter la sécheresse qui a tué beaucoup de feuillus, ça commence à faire beaucoup de perte.

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