Il y a des gens mal dans leur tête qui se scarifient, histoire d’arrêter le pédalier du petit vélo qui les hante. Moi, je me pince régulièrement "pour y croire". Autant vous dire qu’en ce moment, j’ai les bras tout bleus…

On voudrait croire que c’est une info du Gorafi, une bonne grosse "infox", une poilade XXL. Mais non, c’est tout ce qu’il y a de plus vrai : vendredi soir, à 22 h 30, "Balance ton post", l’émission de Cyril Hanouna, sera coanimée par Marlène Schiappa pour organiser, avec les téléspectateurs, le grand débat national.

Le présentateur le plus sanctionné du PAF pour ses sorties de route, le monsieur de l'audiovisuel qui semble resté au stade "caca-bite-couille" du petit enfant, le gars qui attire régulièrement la fureur des féministes et des associations LGBT pour ses plaisanteries graveleuses, celui-là va faire équipe avec Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations pour une spéciale « Grand Débat national ».

Aux esprits chagrins qui douteraient du bien-fondé de cette entreprise, la chaîne C8 promet que les téléspectateurs « voteront en direct pour retenir sept idées qui seront transmises au gouvernement ».

Dites-moi, qu’est-ce qui ne va pas, dans la tête de ce gouvernement ? Dans quel monde vivent-ils ? Ou, plutôt, quelle représentation de notre monde se font-ils ?

Nous voilà en pleine apothéose d’« Homo festivus », comme l’analysait, voilà déjà vingt ans, le regretté Philippe Muray. Lequel doit se retourner dans sa tombe en se voyant récupéré par la gauche bobo après avoir croupi dans l’enfer des bibliothèques (je me souviens d’un temps où ses livres étaient planqués au fin fond du rayon "Linguistique" de la FNAC).

Heureusement qu’il y a C8 pour organiser le grand débat national avec coussins péteurs, langues de belle-mère et danse des canards. Dans cette veine, ce ne sont pas les idées qui manquent : élection de « Miss Grand débat », peut-être, ou encore « Le Loto des questions » ? 1er prix : un week-end dans le Venezuela de Maduro. Une idée, encore : pourquoi pas "“The Voice” spéciale gilets jaunes : votez pour la plus grande gueule des manifs". Mieux encore : « L’amour est dans le rond-point : trouvez l’âme sœur », casting tous les samedis après-midi… Soirées animées par Madame le ministre, petite robe noire, escarpins vernis, décolleté pigeonnant et roucoulades à la clé…

Moquée sur les réseaux sociaux, Marlène Schiappa s’est défendue. Interrogée par Nikos Aliagas sur Europe 1, elle a déclaré : "Je ne vais pas animer le show, je viens avec mes paperboards, mes feutres, on va faire un atelier constructif qui va être retransmis sur le site du grand débat national. Cela nous permet d'en parler à 700.000 personnes qui regardent l'émission de Cyril Hanouna. C'est un format nouveau, c'est ludique." C’est vrai, ça, qu’est-ce qu’on rigole !

C’est qu’elle se veut "disruptive", madame Schiappa. Elle entend faire de la politique "autrement", elle aussi : rappelle ce moment de bravoure où, pour soutenir la cause des femmes, elle a joué avec Myriam El Khomri et Roselyne Bachelot cette niaiserie féministo-génitale que sont Les Monologues du vagin.

Une fois de plus, j’ai honte. Tendance masochiste, me direz-vous, car je ne suis pas responsable de la nullité de toute cette clique. Qu’importe. J’ai honte de mon pays, de la bêtise qui s’affiche et plastronne, de la connivence vulgaire et racoleuse de tous ces pantins…

Je pensais, naïvement sans doute, qu’il fallait participer au départ. Que c’était la dernière chance à saisir avant le grand chambardement. Les gloussements de notre ministre m’auront retirée mes dernières illusions…

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22 janvier 2019 à 17:36

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