Selon les sondages, l’écart se réduit encore entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen

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À quelques jours du premier tour, l’écart n’a jamais été aussi ténu entre les deux candidats, à en croire le sondage publié par Challenges, ce 5 avril : 51,5 % pour Emmanuel Macron et 48,5 % pour Marine Le Pen.

Certes, il ne s’agit que d’un sondage, mais effectué sur un échantillon de « 2.351 personnes, dont 2.200 sont inscrites sur les listes électorales ». Soit un sondage « sérieux », puisque qu’au-dessous de 1.000 citoyens interrogés, la chose relève plus du doigt mouillé que d’autre chose. Pareillement, un seul sondage ne saurait faire le printemps ; mais quand des dizaines de sondages n’en finissent plus de donner le même résultat tout en confirmant baisse et descente des intentions de vote des prétendants à la magistrature suprême, ce n’est pas anodin non plus.

Bien sûr, certains diront que les « sondages mentent », qu’il existe un « vote caché » et que ces instituts nous « manipulent ». C’est généralement ce que l’on prétend quand on est en baisse dans ces mêmes sondages, quitte à les arborer tel un drapeau, dès lors qu’ils sont à la hausse. C’est un peu crétin. C’est surtout très humain. Plus sérieusement, 51,5 % contre 48,5 %, nous voilà dans cette traditionnelle « marge d’erreur » que les sondeurs prennent maintenant en compte, ayant intégré leurs erreurs passées. En mars, les estimations du second tour oscillaient encore entre 53 % et 47 %, quand ce n’était pas entre 58 % et 42 %. La dynamique est donc là : pour Marine Le Pen, ce n’est pas encore perdu, tandis que pour Emmanuel Macron, c’est désormais loin d’être gagné. Certains journalistes paraissent s’étonner de cet état de fait. On est en droit de s’étonner d’un tel étonnement. Après tout, c’est à la troisième tentative que François Mitterrand et Jacques Chirac ont décroché le gros lot. Et quand la dernière fut la bonne, ce fut à la suite d’une campagne rassurante et apaisée. « la force tranquille » sur fond de clocher pour l’un, « la fracture sociale » pour l’autre.

Le premier voulait faire oublier l’arrivée de ministres communistes à son prochain gouvernement. Le second, nourri par les réflexions du sociologue Emmanuel Todd, fit du délitement de la France son principal axe de campagne, laissant le libéralisme conservateur à Édouard Balladur. Finalement, Marine Le Pen n’agit pas différemment, abandonnant le lyrisme anxiogène, naguère marque de fabrique de… Jean-Marie Le Pen, à son concurrent Éric Zemmour. Bien joué. Plus le polémiste se radicalisait, plus la présidente du Rassemblement national se recentrait.

Et Zemmour, comme naguère Balladur, d’en rajouter dans l’outrance, afin de tenter de remonter la pente. D’où l’improbable « ministère de la Remigration », comme si celui de l’Intérieur ne suffisait pas à régler le problème de l’immigration.

Du coup, la fébrilité n’en finit plus de gagner l’Élysée, surtout à en juger de la dynamique annoncée des reports de voix du second tour. Toujours selon la même source, « 38 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon s’abstiendraient, 36 % de ceux d’Anne Hidalgo, 30 % de ceux de Yannick Jadot et 50 % de ceux de Fabien Roussel ». Plus inquiétant encore, 24 % de l’électorat LFI, 26 % de celui du PC et autant d’électeurs LR s’apprêteraient à voter Marine Le Pen ; sans évidemment oublier les 85 % de zemmouriens…

C’est donc sans surprise qu’Emmanuel Macron, voyant ses réserves de voix du second tour s’amenuiser chaque jour davantage, en appelle à faire barrage contre une « extrême droite » fantasmatique, négligeant de fait deux infimes détails. Ce moulin à prières, c’était hier. Quant à cette « extrême droite » aujourd’hui incarnée par Éric Zemmour, elle ne devrait pas être plus menaçante que ça, son champion ayant toute chance de ne pas être présent au second tour. Pour résumer, jamais les jeux n’ont été aussi ouverts.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

68 commentaires

  1. Belle intelligence politique que celle des français, qui vont nous inviter à un Mélenchon V/S Le Pen soit enfin la Gauche V/S la Droite! et RIP pour l’UMPS !
    Léo ou Léa…..jacta est……

  2. La position de Marine Le Pen sur la chasse est décevante. Il lui suffisait d’autoriser le « dimanche sans chasse » : cette formule de compromis siérait à tous. On a vu la colère de Brigitte Bardot, qui suivait Zemmour et qu’elle a lâché pour cela. Donc cette position va déplaire aux femmes, très hostiles à la chasse. Or ce choix qui est, il faut le dire, électoraliste, est contradictoire avec sa volonté de se tourner vers les femmes … Dommage.

  3. Certes pas envisagé et pourtant tout y conduit, oui, à un Mélenchon v/s Le Pen !
    Enfin la vraie Gauche contre la vraie Droite et RIP l’UMPS !

  4. Je rêve d’un second tour sans Macron et entre Marine Le Pen et Eric Zemmour. Les électeurs retourneraient peut-être voter ?

  5. Quand bien même l’élection présidentielle est la condition nécessaire pour penser à un changement de politique, elle n’en reste pas moins insuffisante si les législatives ne la confirment pas. C’est donc en juin de cette année que nous pourrons imaginer vraiment dans quel sens va évoluer notre pays.

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