Cela s’appelle tout simplement une invasion…

Cela s’appelle tout simplement une invasion…

C’est arrivé le 7 août dernier à Ceuta, l’une des deux enclaves espagnoles (l’autre est Melilla) établies au Maroc depuis le XVe siècle et aux portes desquelles s’entassent depuis longtemps, guettant l’entrée dans le "Paradis", des foules de "remplaçants noirs" venus de l'Afrique subsaharienne. Plus de 200 d'entre eux ont tout simplement franchi en force la frontière entre le Royaume du Maroc et l'enclave en passant par la porte principale. Franchir en force : en un mot, cela s'appelle envahir...

En général, la police du roi Mohammed VI fait bien son boulot et aide ses confrères espagnols à empêcher ces intrusions. Mais là, elle n'a rien pu y faire. Imaginons la situation si un jour la monarchie alaouite devait fléchir sous les coups, par exemple, d’un quelconque « printemps »… Il vaut mieux ne pas y penser. C’est notre plus grande hantise, me disait récemment un habitant de Ceuta.

Rares en Europe sont les journaux qui relatent cette invasion et s'émeuvent de ce dernier assaut du 7 août. Et s'ils le font, c'est parce qu'un policier espagnol a eu les jambes cassées. C’est très bien, une telle émotion, mais il ne faudrait pas oublier les dizaines de policiers qui ont été également blessés au cours d’autres assauts contre le grillage de fil de fer barbelé construit en 1998, haut de six mètres et pourvu de deux clôtures parallèles qui courent, aussi bien à Ceuta qu’à Melilla, au long des douze kilomètres de frontière.

Il s’agit là d'un imposant rempart qui a pourtant été percé lors de plusieurs attaques particulièrement violentes et qui ont blessé aussi bien des envahisseurs que des policiers espagnols. Inutile de dire sur lesquels des deux sont tombées les larmes de la bien-pensance...

Or, il semblerait que les derniers renforcements apportés au grillage aient été assez efficaces, car depuis quelques mois, il n’y avait plus eu d’assauts… jusqu’à celui de l’autre jour, lorsqu’une foule de 200 remplaçants noirs ne se sont même plus donné la peine de grimper sur le haut des fils de fer barbelé afin d’en forcer le passage. Mais non, voyons, c’est trop risqué ! C’est beaucoup plus simple d’entrer en courant et en grande foule – il fallait y penser ! – par la porte d’entrée, là où, à cinq heures du matin, il n’y avait que trois ou quatre policiers qui, ayant l’interdiction d’employer leurs moyens de défense contre les agresseurs, n’ont évidemment rien pu faire, sauf se faire casser les jambes, pour empêcher leur passage.

Il est à espérer que les autorités espagnoles prendront les mesures nécessaires (de nouvelles barrières, d’autres grillages, un pont-levis, peut-être… que sais-je) pour empêcher qu’un telle ruse ne puisse se reproduire. Or, c’est autre chose qu’il faudrait surtout espérer voir mettre en œuvre – mais que les belles âmes et les collabos de tout poil soient rassurés : cela ne se fera pas. Il faudrait, surtout, espérer qu’on en finisse une fois pour toutes avec cette singerie hypocrite et procédurière par laquelle, dès qu’un envahisseur a touché le sol d’un pays, on ne peut plus le renvoyer illico là d’où il est parti.

Ce ne serait qu’alors qu’on pourrait ne plus voir des images aussi consternantes que celles qui nous sont offertes. On y voit, riant, sautant de joie, se roulant par terre et poussant des cris sauvages, après leur "exploit", ces "nouveaux Espagnols" : les derniers 200 remplaçants venus nous remplacer. Une goutte d’eau, c’est vrai, par rapport aux millions que nos oligarques vont incessamment laisser entrer chez nous.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:07.
Picture of Javier Portella
Javier Portella
Écrivain et journaliste espagnol

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois