Après une dizaine d'années présentées comme expérimentales, un arrêté vient d'approuver un accord entre l'assurance maladie et les syndicats de soignants : le subventionnement des professionnels de santé travaillant en équipe. En conséquence, les structures de salariés des centres de santé et de libéraux des maisons de santé toucheront dix millions de plus en 2017. "Toujours bon à prendre", penseront les uns ; "cadeau aux riches", couineront les autres. On demande à voir, parce qu'en pratique, l'expérience a toujours montré que quand l'État dote "la santé", cela finit toujours en pâté de cheval et d'alouette, où le canasson va à l'hôpital ou à ses tentacules salariés, et l'oiselet aux indépendants.

En réalité, cette mesure est dans le droit fil d'une politique qui transcende tous les ministres de la Santé depuis des lustres : encadrer le plus possible la dispensation de soins, et rapprocher petit à petit les médecins libéraux de la fonctionnarisation (sans aucun des avantages de ce statut, bien évidemment). Le fromage gratuit n'existant que dans les tapettes à souris, ce fameux pourboire n'est promis qu'à ceux qui satisferont à certains objectifs de "coordination". Comme l'organisation de réunions ou le partage des systèmes d'information, le tout étant censé améliorer les prises en charge, renforcer la prévention et éviter les hospitalisations. Ce serait bien la première fois qu'une armée mexicaine de pseudo-décideurs accros à la réunionite améliorerait quelque chose, mais ce sera toujours un cran de plus au collier étrangleur de notre médecine libérale.

Et tandis qu'on ne compte plus les collectivités qui, pour complaire à leur électorat, ont acquis et rénové à grands frais des structures à vocation médicale mais qui restent désespérément vides, "pour lutter contre les déserts médicaux", le gouvernement prévoit de doubler le nombre de maisons de santé en cinq ans ! Alors que moins de 10 % des médecins sortant de la fac vissent leur plaque… C'est bien joli, de planter des tentes dans le désert, mais s'il n'y a plus de bédouins ? Parce qu'en bons nomades, ceux qui résistent à l'attrait du salariat sont attirés par de plus verts paysages. Londres, par exemple. Il vient de s'y créer une structure de médecins français faisant des consultations à domicile sur le modèle de notre SOS Médecins, usage presque inconnu là-bas et donc promis à un bel avenir, même à plus de 100 euros la visite. Les lois de l'économie mondialisées sont immuables : les Maghrébins vont cueillir des fruits en Andalousie, les médecins roumains viennent en France et les médecins français partent à Londres…

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11 août 2017 à 17:38

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