Samedi, des blindés dans Paris ?

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Va-t-on voir, demain samedi, à l'occasion de la manifestation des gilets jaunes à Paris, et pour la première fois depuis longtemps, des blindés dans la capitale ? Certes, il ne s'agira "que" des blindés de la gendarmerie, ces véhicules qui interviennent habituellement en terrain difficile, pour démanteler les barricades érigées par les manifestants, et dont le dernier emploi remonte aux manifestations contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais tout de même ! Quelle image va, à nouveau, donner notre pays de lui-même au reste du monde ?

Certes, il fallait s'attendre à cette escalade. Les trois manifestations précédentes ayant, en effet, gravement dégénéré, provoquant de nombreux blessés et des dégâts extrêmement importants. L’État se doit donc de se préparer au pire. Mais ce pire, c'est bien ceux qui gouvernent actuellement la France qui l'ont précipité.

D'abord, en n'entendant pas les corps intermédiaires qui, depuis de nombreux mois, tirent la sonnette d'alarme et dénoncent un grave accroissement de la pauvreté et de l'injustice dans notre pays. En prenant, ensuite, des mesures spectaculaires et disproportionnées en faveur des plus riches, tout en matraquant fiscalement les classes les plus modestes. En refusant, enfin, malgré plusieurs semaines de manifestations, d'entendre la voix du peuple français. Ces fautes politiques sans précédent ont immanquablement amené à l'affrontement. Et il est vraisemblable que les dernières concessions faites par le gouvernement ne suffiront pas à calmer un peuple excédé, particulièrement remonté, et prêt à tout pour que les choses changent enfin dans notre pays. Mais c'est bien la politique menée par les gouvernements successifs au cours de ces dernières décennies qui est aujourd'hui contestée. Macron, par son mépris du peuple et ses multiples propos humiliants à son égard, n'a fait que précipiter un phénomène qui était inévitable. Ce Président a su, en quelques mois à peine, faire une quasi-unanimité contre lui et susciter une haine inconnue jusque-là mais inexorablement inscrite pour durer.

Samedi, les manifestants qui seront à Paris seront donc confrontés à un service d'ordre d'une ampleur rarement atteinte. Plus de 67.000 policiers et gendarmes mobilisés dans l'Hexagone. L'intervention probable, selon l'évolution des événements, des blindés de la gendarmerie. De l'autre côté, un responsable des gilets jaunes qui appelle à envahir l’Élysée. À coup sûr un cocktail détonant qui, s'il se réalise, peut déboucher sur une journée sanglante dont le pays sortira définitivement traumatisé.

Pourtant, sans doute n'est-il pas encore trop tard pour que le président de la République prenne conscience qu'il est à l'origine de cette situation. Il lui appartient de la corriger. Pour cela, il lui faut absolument prendre la parole devant les Français et annoncer une réforme fondamentale et profonde de sa politique. Il lui faut admettre ses erreurs et annoncer des mesures en faveur des travailleurs, des retraités et des plus démunis. C'est ce que l'ensemble des Français, qui n'en peuvent plus, attendent.

Mais au delà de cette grave crise sociale, n'ignorons pas que ces événements révèlent également une réelle crise institutionnelle. Il est, désormais, évident que le fonctionnement de nos institutions, qui permet à une majorité de circonstance de monopoliser tous les pouvoirs, ne peut que conduire aux excès et aux injustices les plus funestes. Aussi, à côté de réponses économiques et sociales évidentes, il conviendra d'apporter également des réponses institutionnelles, seules à même de sortir le pays de l'impasse démocratique dans laquelle il se trouve aujourd'hui.

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Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

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