Monsieur Bilger, magistrat honoraire, a écrit un nouveau chapitre de son hymne thuriféraire à la gloire d’Emmanuel Macron. Ce dernier visitait la Chine et l’occasion était trop belle pour magnifier ses talents de diplomate. Pour monsieur Bilger, le mari de Brigitte Trogneux est un artiste des Affaires étrangères et afin qu’aucun doute ne subsiste, il place son idole en perspective avec l’actuel président des États-Unis dont on connaît la répulsion qu’il provoque, au seul prononcé de son nom, dans la sphère anti-fachosphère. Pourtant, son poème lyrique à la gloire des talents diplomatiques de Macron ne manque pas de m’interpeller. Je croyais innocemment qu’un magistrat honoraire était spécialiste du droit.

Dès lors, il ne saurait ignorer ce qu’est un crime contre l’humanité, ce qui le constitue, quels en sont les tenants et les aboutissants et, donc, ne saurait partager sur un plan purement professionnel, bien sûr, les accusations fort peu diplomatiques proclamées par un Macron candidat, depuis un pays qui n’est pas particulièrement amical, et ce, au mépris de toute vérité historique.

Je ne crois pas être le seul à penser qu’une telle attitude, de la part d’un homme aspirant à la magistrature suprême, lui interdit définitivement toute fiabilité en matière diplomatique.

Emmanuel Macron peut multiplier les postures et les déclarations, se faire accompagner par une épouse dont on retient la vêture de couturiers onéreux, il porte cette tache originelle qui, au temps de la grandeur de la France, s’appelait une forfaiture.
Or, l’amour aussi immodéré que fort à la mode de M. Bilger pour le couple Macron lui a interdit de voir cela ou, tout le moins, d’en tenir compte dans ses propos.

Certes, un magistrat honoraire ne saurait se voir reprocher une approche imprécise des affaires étrangères mais, en revanche, connaisseur des turpitudes de certains des habitants de notre pays, il ne saurait ignorer qu’en accusant la France de crime contre l’humanité, M. Macron offre des justifications à ceux qui attaquent la France, ses institutions et les Français eux-mêmes.

Les précédentes prises de position politiques de M. Bilger, violentes contre Sarkozy, complaisantes puis réservées à propos de Hollande et aujourd’hui dithyrambiques vis-à-vis de Macron me font craindre que le vent médiatique n’oriente plus sûrement ses écrits que la sagesse et l’équilibre de la déesse justice.

Je ne veux en aucun cas critiquer l’homme, que je ne connais pas personnellement et qui est sans nul doute fort respectable, mais exprimer un sentiment sur les emportements quasiment « amoureux » d’un haut magistrat honoraire qui pourrait dissiper la vérité dans les brumes d’une inclinaison romantico-médiatique pour un Président auréolé d’un soi-disant appétit de renouveau.

L’Histoire nous apprend que la qualité d’une politique étrangère ne se mesure pas à l’aune d’une émotion mais à la patine des ans.

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11 janvier 2018 à 17:10

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