Renoncer à la Coupe du monde de foot ? « Compliqué », dit Véran. Compliqué comment ?

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C'est bien pratique, quand on est chef de l'État, d'avoir quelques ministres que l'on peut envoyer, au besoin, sur les plateaux. Ils y déroulent les éléments de langage prévus, mais avec ce je-ne-sais-quoi de malhabile qui les rend si touchants. Comme ça, on peut rester dans une bienheureuse ambiguïté... et même les démentir au besoin.

Voyez Olivier Véran. Invité, vendredi, sur RTL, le porte-parole du gouvernement a fait un sans-faute. On passe sur la réforme des retraites, sujet compliqué qui finira par passer, fût-ce au 49.3. Intéressons-nous plutôt à l'épineux problème de la Coupe du monde de football. Cet événement planétaire doit, vous le savez, se dérouler au Qatar. Les émirs ont acheté les personnes importantes, je présume, et obtenu en tout cas, malgré un dossier qui ne plaidait pas en leur faveur, l'organisation d'une Coupe du monde de foot en plein désert. Splendide.

On connaît les petits à-côtés de cet événement grandiose : 6.500 travailleurs morts en construisant des stades, des climatisations gargantuesques pour dompter la nature et imposer une relative fraîcheur dans les stades... sans parler du respect des droits de l'homme, à géométrie quelque peu variable sous ces latitudes. Une paille,si on compare ça à la « liesse populaire » qui ne manquera pas d'envahir ce petit pays.

De nombreux journaux et personnalités, dans le monde entier, ont choisi de boycotter la Coupe du monde de foot. Empreinte carbone, absurdité du lieu, sang des travailleurs, réputation de cet État islamique à la fois extrémiste et prosélyte : à chacun ses raisons, mais reconnaissons qu'elles sont souvent bonnes. Olivier Véran, lui, a d'autres arguments : le choix a été fait il y a dix ans ; à l'époque, on n'aurait pas pu se douter (alors que bon, si, un peu), et d'ailleurs on peut se réjouir du scandale, ça prouve que les gens prennent conscience de l'enjeu environnemental.

Sur l'échelle de Richter du foutage de gueule, la magnitude est très correcte. Véran ajoute que ce serait « compliqué » de ne pas assister au Mondial. Compliqué comment ? Du point de vue de la mise en œuvre, c'est juste un coup de téléphone à l'émir et une conférence de presse. Non, je pense que « compliqué » veut dire impossible vis-à-vis des sponsors, impossible vis-à-vis des Qataris pour des raisons financières, impossible vis-à-vis des banlieues footophiles qui ne connaissent de la France que ses onze joueurs millionnaires, incapables de chanter « La Marseillaise ». C'est ça que doit vouloir dire « compliqué » : ça veut dire « simple mais qui nous foutrait dans la m... »

L'exemple du champion du monde en titre serait pourtant puissant. Si la France se décidait à porter, pour une fois, une voix vraiment singulière. Mais j'en demande probablement trop.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

39 commentaires

  1. De quelle Équipe de France parlez-vous ? Faites un peu la comparaison avec le Danemark:à un certain moment il y avait sur le terrain dix joueurs de couleur et un unique balnc en la personne de Pavard.Excusez-moi mais ce n’est pas la con-ception que je me fais de mon pays où rien ne marche plus d’ailleurs..En espérant que vous n’allez pas me taxer de ra-cisme et me censurer.

  2. Le plus simple serait de boycotter cette coupe du monde depuis notre salon.
    D’ailleurs, vu qu’il faut baisser le chauffage à 19 pour rendre service aux incompétents qui nous servent de ministres, on peut éteindre nos téléviseurs les jours de match. Cela évitera les pointes de consommation.

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