Certains journalistes malintentionnés attendaient qu'il y eût un peu de tirage entre le Premier ministre hongrois et le pape. Ces braves gens, devenus tardivement et provisoirement favorables au catholicisme, redeviendront anticléricaux à la mort de François, il n'en faut pas douter. Mais, pour l'instant, le choc des cultures entre un dirigeant « facho » et un évêque de Rome « sympa » les arrange bien. Ils en seront, cependant, pour leurs frais : Viktor Orbán et François savent se tenir.
Par conséquent, malgré, ici ou là, quelques échanges à fleurets mouchetés pour cocher les cases (François fustigeant les « fermetures » et la « tendance au repli »), il n'y a évidemment pas eu de confrontation entre ces deux figures du monde postmoderne. Certes, ce dimanche, lors de la messe devant 50.000 fidèles, le souverain pontife a repris l'un de ses leitmotivs préférés : « S’il vous plaît, ouvrons les portes ». Il ne pouvait pas faire moins. Surtout devant Orbán. Mais, comme l'a titré Vatican News, site officiel du Vatican, cette ouverture des portes doit s'envisager « dans la lumière de l'Évangile ». Nuance, diront les exégètes. « Une lumière de l'Évangile » dont « les périphéries [...] ont besoin », a affirmé le pape dans son sermon. Pas certain que tous les médias aient bien saisi tout le message. En tout cas, François et Orbán se sont même rejoints dans une commune méfiance du modèle européen et de ses valeurs prétendument universelles. Ils n'ont probablement pas creusé davantage pour éviter de se fâcher. C'est ce que Michel Foucault, l'un des piliers de la French Theory, l'un des précurseurs de la déconstruction, nommait « tendance au repli l'ambiguïté constructive ».
Bien sûr, au cours de ce voyage de trois jours en Hongrie, François a visité un centre de réfugiés. Énorme surprise : il y avait des réfugiés ukrainiens qui ont envie de rentrer chez eux rapidement. Comme quoi, l'immigration choisie, c'est tout de même possible. On est loin de la colline du crack et de ces « mineurs isolés » de 50 ans qui sèment la terreur dans les rues de certains quartiers de Paris. Il est vrai que Paris n'est pas Budapest. Et inversement.
Visite de courtoisie, donc, somme toute assez décevante pour ceux qui espéraient un clash. François est reparti avec un cadeau offert, non par Orbán, mais par des jeunes qui l'ont accueilli, samedi soir, dans un stade en véritable rock star, nous dit TV 5 Monde. Ce cadeau ? Un Rubik's Cube, cette invention hongroise qui a conquis le monde entier. Vous savez, c'est ce jeu où, pour gagner, il faut composer des faces où tous les carrés sont de la même couleur. Les rouges avec les rouges, les jaunes avec les jaunes, les blancs avec les blancs. Pas très diversitaire, ce jeu. Plutôt fermé, quand on y réfléchit. François aura le temps d'y penser dans l'avion.

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30 avril 2023

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28 commentaires

  1. Ce Pape veux la fin de nos pays en demandant qu’on accueille toute la misère du monde .
    Depuis qu’il est pape je ne fréquente plus l’église .

  2. « s’il vous plait ouvrons les portes » , qu’il donne l’exemple , qu’il ouvre les portes de son Etat , le Vatican …

  3. La Vraie Religion Catholique Chrétienne a donc bien tenu en Hongrie, face à un Pape plus prêt du Wokisme puisqu’il n’en dit rien….C’est un espoir

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