Quand le réel changement viendra, la France se réveillera !

Comme toujours, on constate aujourd’hui que plus on change, plus c’est la même chose. En effet, depuis une vingtaine d’années, les méthodes gouvernementales et les comportements de nos dirigeants poursuivent une inexorable et lamentable tradition. Les annonces intempestives, aussi mensongères qu’imprudentes, tiennent lieu de décisions dont les effets sont reportés à plus tard. Ainsi claironne-t-on que le pouvoir d’achat augmentera pour tous, alors que la moindre preuve n’est pas apportée, sauf par la manipulation des statistiques. L’excès de communication se confond chaque jour avec la prise de responsabilité gouvernementale. Ensuite, les images en trompe-l’œil et les sondages interprétés sont relayés à grand tapage par les médias médusés et disciplinés.

Les prétendus exploits amorcés sur les plans européen, international ou planétaire permettent de camoufler le vide de la politique à l’égard du niveau national qui pourra attendre l’amélioration aléatoire de la conjoncture extérieure. Depuis longtemps (popularité oblige), nos gouvernants privilégient le prestige international au lieu de la rude confrontation avec les réalités nationales.

Dans le même temps (comme on doit dire aujourd’hui), les problèmes français sont têtus et continuent de réclamer leur solution. Où en est, exactement, la dette publique qui ne cesse de s’accroître chaque jour ? La réduction de la dépense publique et l’assainissement des déficits budgétaires, commerciaux, sociaux ne sont guère portés à la connaissance de l’opinion. À défaut de réduire le chômage par la relance d’une politique efficace de l’emploi, on invente de contrôler davantage les chômeurs eux-mêmes, comme si tous étaient des fraudeurs. Le phénomène croissant de la pauvreté, liée à la précarité, devra attendre des jours meilleurs. La suppression des organismes superflus (départements, Conseil économique, social et environnemental…) seraient des signes forts de changement.

Les réformes, amorcées les unes après les autres, sans attendre les premiers résultats, sont annoncées à grand fracas de publicité afin d’impressionner les citoyens. L’impasse de l’université a trouvé une solution en changeant le nom de "sélection" par celui d'« attendus », terme que peu de gens parviennent à définir. Pour changer de sujet, le harcèlement sexuel mobilise les médias, en omettant d’attaquer le problème dès la prime éducation scolaire et par le nettoyage de l’Internet et des programmes télévisés.

L’immigration est traitée sous l’angle exclusif de l’accueil et non pas du phénomène initial qui se situe sur le continent africain où il importe de maintenir la population dans des conditions économiques et humanitaires convenables.

En fait, les Français, qui veulent avant tout l’emploi, la sécurité, la justice fiscale et la moralité, expriment une insistante exigence de vérité. Deux approches sont indispensables. D’une part, la recherche incontournable des causes de nos maladies collectives appelle un audit exhaustif du coût réel de l’immigration, des obstacles à l’emploi, du désordre de la santé publique, notamment en milieu hospitalier. D’autre part, on attend une présentation honnête de la vision politique à long terme que le gouvernement doit proposer au pays, afin de situer les différentes étapes des réformes dans une logique progressive et compréhensive des efforts méritoires de chaque catégorie de citoyens.

À défaut de ce changement réel de comportement, les Français sont condamnés à supporter le jeu des petites phrases et des images narcissiques qui produisent une étouffante et hypocrite musique d’ambiance, propre à anesthésier les esprits.

Parler vrai est la meilleure preuve de la considération due aux citoyens, et l’humilité reste la marque des plus grands.

Paul Bernard
Paul Bernard
Docteur en droit, préfet de région honoraire, ancien préfet de la région Corse, président d'honneur de l’Association du Corps préfectoral

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