Ramu de Bellescize : « Le débat sur le voile révèle un malaise très profond d’une société qui s’islamise ! »

Ramu de Bellescize

La polémique sur le port du voile revient dans l'actualité après l'affaire du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté et l'intervention de Julien Odoul.

Une accompagnatrice de sortie scolaire est-elle autorisée à porter le voile ? Que dit la loi française ?

Réponse de Ramu de Bellescize au micro de Boulevard Voltaire.

Hier a eu lieu une polémique impliquant Julien Odoul, conseiller régional du Rassemblement national en Bourgogne Franche-Comté, et une mère de famille voilée qui accompagnait son enfant en sortie scolaire au Conseil régional.
Cette polémique a relancé un débat sur le voile. Une femme voilée peut-elle accompagner son enfant en sortie scolaire ?

C’est un débat très important puisqu’il pose tout le problème de l’identité de la France, des racines de la France et de la laïcité dans l’espace public. Il existe une loi de 2010 qui interdit la dissimulation du visage dans l’espace public. A priori, elle ne s’applique pas dans ce cas.
Son voile mord sur le visage. On est donc à la limite de la dissimulation du visage.
Une autre circulaire beaucoup plus récente de 2017 rappelle l’obligation de neutralité des fonctionnaires et des agents publics. Dans une certaine mesure, cette accompagnatrice participe à l’exécution d’une mission de service public. Elle entre dans une école pour aller chercher les enfants et entre dans l’enceinte du Conseil régional. On peut considérer qu’au terme de cette circulaire, elle est soumise à un principe de neutralité.

L’aile gauche de la République En Marche incarnée par le député Aurélien Taché s’est scandalisée. Le ministre de l’Éducation nationale a rappelé qu’une sortie scolaire, c’était l‘école hors les murs, mais que le règlement de l’école s’appliquait aussi en sortie scolaire. Est-on face à un vide juridique ?

Je dirais qu’on est face à une ambiguïté dans la manière d’interpréter ces textes. Si le gouvernement le souhaite et s’il en a la volonté, ces textes peuvent, avec l’appui d’une jurisprudence, servir à interdire le voile des personnes qui accompagnent des enfants. Comme a dit le ministre de l’Éducation nationale, c’est l’école qui sort des murs et qui accomplit une mission de service public. La circulaire de 2017 s’applique alors.

Que révèle cette polémique par rapport à la société française ?

Cette polémique révèle un malaise au sein de la société française par rapport à l’islamisation, à la venue de cette religion et aux atteintes infligées à la neutralité de l’espace public. Les pouvoirs publics sont désemparés.
La solution est-elle celle de l’accommodement raisonnable comme au Canada ou au Royaume-Uni ? Cela revient à laisser finalement le champ libre à toutes les religions et toutes les formes d’expression, y compris dans l’espace public.
Pour reprendre le titre d’un des plus beaux livres de Fernand Braudel, ne peut-on pas plutôt considérer qu’il existe une identité de la France et qu’elle ne s’accommode pas avec des atteintes à la laïcité et à la neutralité de l’espace public.

Ramu de Bellescize
Ramu de Bellescize
Maître de conférence à l'université de Rouen

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