Vous pensiez peut-être encore qu'en cours de français au collège, il était d'usage d'apprendre par cœur les vers du Cid, de méditer sur les morales de La Fontaine ou encore de fulminer sur la tirade du nez de Cyrano ? Tout cela n'est que ringardise, passéisme, vieille école.

Nous avons jeté un œil à un manuel scolaire de français mis à disposition à partir de la rentrée à plusieurs centaines d'élèves de quatrième. Âmes sensibles, s'abstenir !

Car les élèves sont invités à réfléchir sur des textes aussi divers que La caricature de Charlie Hebdo expliquée à ma mère, de Francesco Mazza, ou encore Lettre ouverte aux djihadistes qui nous ont déclaré la guerre, d'un chroniqueur de France Culture.

Si la qualité de ces auteurs est sûrement indéniable, on ne saurait douter de la pertinence de ces textes dans un manuel de français issu d'une collection intitulée Terre des Lettres et adressé à des enfants de 14 ans.

Mais c'est surtout la présence de l'étude d'un article de L'Express qui est inquiétante. Intitulé « Photo de migrants manipulée : le jeu dangereux de Robert Ménard », les élèves sont invités à réfléchir sur ce papier par des questions orientées. Ils doivent, par exemple, démontrer que l'attitude du maire de Béziers est « immorale » (« Pourquoi la modification de cette photographie est-elle illégale ? Pourquoi est-elle immorale ? »). La ville de Béziers avait, en effet, en 2015, retouché une photographie à des fins de communication sur les questions migratoires. En accord ou non avec cette pratique, on peut légitimement se poser la question de la pertinence de faire figurer ce débat dans un manuel scolaire. Sans compter que le fait divers de la mairie de Béziers est mis sur le même plan qu'une retouche photographique faite par... les Gardiens de la révolution islamiste.

Malheureusement, les manuels de sciences humaines semblent être de véritables supports idéologiques et vecteurs d'endoctrinement. À l'appui, ce témoignage d'un enseignant en histoire récolté par Boulevard Voltaire : « Quand j'étais professeur au lycée, j'ai fait mes propres manuels pour contourner le problème. Quand ils ont découvert que j'utilisais des manuels réalisés avec mes propres documents, les inspecteurs sont devenus furieux et ont menti dans leur rapport. »

Une attitude révélatrice du climat orwellien qui règne dans l'Éducation nationale. « Quand un professeur sort du rang, il a droit à une inspection surprise avec menace, parfois même mutation et mauvaise note pour briser sa carrière, les syndicats mettent la pression. C'est du terrorisme intellectuel », conclut le fonctionnaire avec amertume.

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03 septembre 2019 à 19:51

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