Quand Darmanin se rêve en Sarkozy conquérant…

darmanin

Le fait est connu : tout homme d’exception a besoin, pour révéler sa stature, de circonstances exceptionnelles. César n’aurait peut-être mené qu’une obscure carrière de rond-de-cuir dans la France tranquille de Pompidou. De Gaulle se serait enfui tous les jours à Baden-Baden dans la France en faillite et en flammes de Macron. Victor Hugo, qui moqua tant « Napoléon le petit » - ce Napoléon III qui laissa pourtant une France riche et transformée –, aurait sans aucun doute baissé les bras et la plume devant l’infiniment petit macronesque. Trop mesquin, trop plat, trop ridicule, trop facile, trop contingent.

Darmanin, lui, piaffe. On le voit, on l’entend, on sent cette ambition pressée de galoper au grand jour. Le désastre de la Macronie, encombrée de feux, de luttes et de poubelles, pourrait l’abattre : il lui donne des ailes. L’espoir le prend, entre deux charges de CRS attaqués par l’extrême gauche, de devenir enfin calife à la place du calife. Il y avait du Sarkozy ministre de l’Intérieur et futur candidat à l’Élysée, dans son anaphore lancée face à l’extrême gauche à l’Assemblée nationale : une certaine tenue, inhabituelle en période macronienne, un sens de l’État et de l’ordre. « Que s’est-il passé à gauche pour qu’on confonde casseurs et policiers ? Que s’est-il passé à gauche pour qu’on ne respecte plus l’uniforme de la République ? [...] Que s’est-il passé à gauche pour qu’on haïsse à ce point les policiers ? Que s’est-il passé à gauche pour qu’on fasse alliance avec Mélenchon qui les insulte, qui les vomit et, finalement, fait honte à tous les électeurs de gauche ? » Le tableau de cette gauche traître à ses valeurs, aujourd’hui anarchiste, gueularde et débraillée, ne manque pas de force. Le ministre de l’Intérieur manifeste là un certain courage, une verticalité, une stature.

Faut-il croire que, comme Sarkozy, Gérald Darmanin jouera la carte de l’ordre et de la paix civile revenue, dans l’optique des prochaines élections présidentielles ? Peut-il incarner cet espoir ? Promettre de manière crédible ce que les Français attendent et réclament de manière de moins en moins sourde dans leur immense majorité ? Ils ont porté leurs voix vers Macron qui leur disait, entre deux injures à Marine Le Pen durant le débat d’entre-deux-tours en 2017, que la présidente du Front national plongerait l’Hexagone dans un chaos apocalyptique. Les Français l’ont cru, ils ont imaginé le pire : des privations de liberté, une inflation folle, une dette explosive, la France moquée dans le monde entier, les poubelles jonchant les rues, l’effondrement de l’État central, de l’industrie, de l’agriculture, des révoltes partout. Cet enfer, ils l’ont vécu… avec Macron ! Le déluge migratoire en prime, comme cerise sur ce gâteau amer : aucun président de la République n’avait jamais ouvert à ce point le pays à l’immigration, selon les chiffres de l’INSEE.

Alors, Darmanin le sent, il y a un héritage à ramasser, un électorat à saisir. On peut parier qu’il pense à Nicolas Sarkozy tous les jours, et pas seulement en se rasant ! Sarkozy a fait la preuve qu’il n’y a pas meilleur marchepied vers le pouvoir que le ministère de l’Intérieur. Alors...

Hélas pour notre ami Darmanin, ça ne sera pas simple. Car Sarkozy, certes, n’a pas rempli les promesses faites au peuple des droites, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais, au moment où, comme Darmanin, le ministre de l’Intérieur Sarkozy se lance dans la course au pouvoir suprême, il a derrière lui une ligne politique cohérente : le jeune maire de Neuilly a toute sa vie milité à droite, mis en avant des valeurs et des mesures de droite. Darmanin, lui, s’est lancé à droite avant de saisir la perche que lui tendait l’ancien ministre de l'Économie du socialiste François Hollande pour monter dans le fourgon de l’opportunisme à la sauce Macron. Comment le peuple de droite pourrait-il oublier ce virage honteux ? Si l'électeur de droite était tenté de passer l’éponge, il resterait encore les incroyables mensonges de Gérald Darmanin dans les jours qui suivirent le scandale du Stade de France. Comment oublier ce ministre qui chargeait les Anglais de tous les péchés du monde pour dédouaner ses propres manquements et masquer les assauts des banlieues immigrées contre les spectateurs ? Mensonges... Où sont le courage et la vérité, chez un tel homme ? Où est le courage de la vérité dont la France a tant besoin ? Quel est son bilan sur la sécurité, la première des libertés ? A-t-il stoppé ou seulement freiné le déluge migratoire dont il a la charge ? Au contraire, il s’est aggravé comme jamais dans l’histoire du pays.

Les Français oublient, dit-on, et une carrière politique n’est jamais close. Tout de même… Darmanin n’est pas Sarkozy, qui ne fut pas Reagan. « Penser, rêver, tout est là », disait Victor Hugo. Mais Darmanin n’est pas Victor Hugo non plus…

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

33 commentaires

    • Si MLP était élue nous avons une idée de ce qui se passerait en France .. antifas , écologistes radicaux , extrême gauche chez LFI, black blocs , tout ce joli petit monde démocratique mettrait le feu , la guerre civile …. Si MLP postule toujours elle doit annoncer avant l’élection la couleur de sa réaction face à ce genre d’évènements dont nous avons un avant goût avec les bassines de Sainte Soline …

  1. Euripide a dit : tout changement est agréable , dommage que les Français aient le même courage que les politiques ,en plus la mémoire courte , rien de positif et constructif en changeant des têtes toujours des mêmes idées et façons de faire , ce serait bafouer la signification même du mot changement

  2. Le rêve ne coûte rien ,revenir à la réalité en s’éveillant peut être dur ,très dur . En plus aucun intérêt de se rêver ou vouloir faire de l’imitation ,d’autant que l’homme du rêve a copieusement trahi la France en validant une adhésion à l’Europe qui a été refusée par 58% des Français en 2005 , l’Europe nous dépouille , nous étouffe sans rien nous apporter sinon que des « emmer des  » et des lois où le bon sens ,la logique sont complètement absents ,seule une bande d’incompétents planqués pleins aux as et sans courage se gargarise en se foutant complètement du pays , et à part quelques expressions démagogiques pour donner l’illusion qu’elle fait ( la bande ) quelque chose ,elle reste et ne sait manifester qu’arrogance et dédain . Il nous faut du sang neuf , des courageux , réfractaires à d’éventuelles tentatives de corruptions et qui sachent et veuillent être fiers d’un pays comme la France qui a un passé ,une histoire inversement à ce que raconte le président .

  3. Voici votre futur Président de la République….celui qui devant les casseurs des cités au Stade de France les avaient confondus avec des anglais ! ! !
    Vous verrez les français(es) par défaut face à MLP du R.N. vont voter pour Gérald Darmanin descendant de harkis dont ils ont fait une promotion exceptionnelle, passant de Maire à Ministre de l’Intérieur, avec les résultats catastrophiques que l’on sait….
    Ne m’appelez plus jamais France….

    • Il ne faut quand même pas prendre les Français pour des idiots….Quoique!! vu les précédentes élections….?

  4. Que Darmanin ne soit pas Sarkozy, c’est rien de le dire….Il ne l’est pas et ne parviendra jamais à l’être. Et s’il a l’inconscience de vouloir tenter l’aventure, non seulement il ne fera pas illusion dans un copier-coller Sarkozyste, mais en plus il ne la fera pas non plus face à Edouard Philippe (que je déteste tout autant) mais qui aura cent fois plus la cote auprès des ex-électeurs de Macron. Son seul avenir : Back tout Roubaix !

  5. Très bonnes observations ;
    Darmanin représente un système corrompu et usé dont les Français ne veulent plus ;
    Seul problème : les médias , qui lui sont favorables ( voir la girouette Praud ) et qui continueront leur propagande si besoin est .

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