Qatargate : Les aveux de Francesco Giorgi, l’assistant parlementaire au cœur du scandale

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Selon Le Soir et La Repubblica, Francesco Giorgi, assistant parlementaire écroué dans le cadre de l’affaire de corruption au Parlement européen, est passé aux aveux. Devant le juge, il reconnaît être membre d’une « organisation » au service du Qatar et du Maroc.

Une « organisation » d’influence

Mèche blonde, costume impeccable et allure sportive, Francesco Giorgi arpente les couloirs du Parlement européen depuis 2009. Assistant parlementaire au sein du groupe Socialistes et Démocrates (S&D), celui que la presse italienne surnomme « le surfeur de l’Idroscalo » (lac artificiel non loin de Milan) est, à la ville, le compagnon d’Éva Kaïlí, l’ancienne vice-présidente grecque du Parlement européen également mise en cause. Interpellé, le 9 décembre dernier, dans le cadre d’une enquête pour « faits présumés d’organisation criminelle, de corruption et de blanchiment », Francesco Giorgi est finalement passé aux aveux. Selon les informations de justice auxquelles ont eu accès nos confrères belges et italiens, l’assistant parlementaire de 35 ans reconnaît être membre d’un réseau d’influence en faveur du Qatar et des services de renseignement marocains. Son rôle dans cette « organisation » ? Gérer l’argent liquide. « L’argent provenant du Maroc et du Qatar a été redistribué entre les représentants du Parlement européen, les assistants parlementaires et autres personnages capables d'influencer les votes et les comportements au sein des institutions bruxelloises », aurait-il expliqué aux enquêteurs, d'après la presse italienne.

Francesco Giorgi, au cœur du réseau d’influence

Selon la presse belge, ce réseau d’influence, décrit par Francesco Giorgi, aurait permis au Maroc de tenter d’influencer les décisions européennes sur le Sahara occidental et les droits de pêche, et au Qatar de lisser son image, notamment en matière de droits de l’homme. Francesco Giorgi, bien qu’homme de l’ombre, constitue pourtant un maillon essentiel dans cette affaire de soupçons de corruption. Côté politique d’une part, il travaille actuellement aux côtés de l’eurodéputé socialiste Andrea Cozzolino. Si, pour l’heure, ce dernier n’a pas été interpellé ni inquiété, son assistant parlementaire le soupçonne d’avoir touché de l’argent du Maroc ou du Qatar. Des soupçons qui pourraient s’appuyer sur les déclarations particulièrement hostiles du parlementaire vis-à-vis des Émirats arabes unis, ennemi historique du Qatar. Celui-ci déclarait, par exemple, en septembre 2021 : « "Tout ce qui brille n'est pas or". C'est la phrase qui décrit le mieux les Émirats arabes unis. » Et d’ajouter : « En effet, derrière l'image d'une classe dirigeante éclairée, progressiste, tolérante et respectueuse des droits se cache un régime illibéral. » Ce même député envoyait un courriel aux membres de son groupe, le 24 novembre dernier - alors que le Parlement européen discutait une résolution sur le Qatar -, les exhortant à « ne pas accuser un pays [le Qatar] sans preuve ». Une position peu compréhensible pour certains députés du groupe S&D qui se sont confiés au Point : « Je ne comprenais pas pourquoi on revenait si souvent contre les Émirats. Mais tout s’éclaire à présent : ce sont les grands ennemis du Qatar dans la région. »

Côté politique, toujours, Francesco Giorgi a travaillé pendant plusieurs années pour Pier Antonio Panzeri, eurodéputé italien (S&D) soupçonné d’être à la tête de ce vaste trafic d’influence. Ensemble, les deux hommes ont fondé l’ONG Fight Impunity, qui entend lutter contre les violations des droits de l'homme. Tous deux ont également rencontré, à plusieurs reprises, l’ambassadeur du Maroc en Pologne, soupçonné d’avoir servi d’intermédiaire entre son pays et ce réseau d’influence.

Côté vie privée, ensuite, Francesco Giorgi partage sa vie avec Éva Kaïlí , vice-présidente du Parlement européen, également interpellée dans cette enquête. Pour l’heure, celle-ci clame son innocence tout comme son compagnon qui demande sa libération. Comme l’indique son avocat à la presse belge, les aveux de Francesco Giorgi doivent être pris avec « la plus grande prudence », le temps que l’enquête soit menée à son terme.

 

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Ouf !!! Quelle chance ont a !!! Aucun français du groupe « Socialist und Démocrats » n’est cité … enfin pour l’instant. Ils vont bien nous trouver 3 ou 4 ultra-droite un peu massif et très lourd pour cacher la forêt.

    Enfin les socialistes qui ont émigré vers LREM, puis Renaissance, puis temporairement dans les « monastères » de la République sont rassurés. C’est important à 24h, d’une possibilité de se refaire la cerise. C’est ce qu’ils pensent.

  2. surement un gros scandale mais il y a anguille sous roche à mon avis. c’est la partie visible de l’iceberg mais dessous l y a surement un poisson plus gros, donc il faut remonter le filet pour calmer le jeu

  3. C’est curieux que dès que l’on parle de corruption, les Italiens arrivent en nombre. Question de longues affinités avec la Mafia historique?

    • Ce qui pourrait expliquer « l’antenne » américaine de la dite mafia. C’est effectivement curieux tous ces points de convergence : à quand la mis au jour des liens des mafias siciliennes et ukrainiennes?

  4. Il faudrait prendre des aveux de corruption avec « prudence »? Pourquoi ?
    Ceux qui appellent à cette « prudence » penseraient ils que ce sont de fausses accusations?
    Si c’est le cas, le temps que j’ai passé au contact de la pègre m’a appris qu’il est courant de faire dénoncer quelques hommes de paille pour préserver les gros poissons. D’autres, innocents, se dénoncent d’eux même suite à des menaces sur leurs familles.
    Alors si « prudence » il faut, qui est dans le viseur?

  5. Il serait intéressant de savoir si il est plus rémunérateur d’être corrompu par le Qatar ou par l’OTAN ? J’en conviens, les deux paient en Dollars, toutefois l’OTAN semble plus attractif car tous nos présidents successifs s’y précipitent.

  6. Tôt ou tard la vérité éclate prions que cela arrive vite et que les têtes tombent , que les traitres soient démaqués et punis .je pense que nous avons tous des noms en tête au vu du comportement et des décisions que certains prennent au détriment de leurs peuples .

  7. Et pour les éoliennes, il n’y en aurait pas qui se régaleraient financièrement (en espèces par dessous de tables) à en installer le plus possible ?

    • pour avoir travaillé, dans les années 1985 sur des projets de turbines éoliennes avec une grosse entreprise française, nous avons été stoppé dans nos efforts, pour raisons de non rentabilité du projet. Qui avait décidé de cette non rentabilité?

  8. … « Socialistes et démocrates », tout est dit !
    Il va falloir qu’on m’explique comment on peut être socialiste et démocrate à la fois, je n’ai personnellement jamais réussi.
    Voilà un énorme scandale qui ne va pas faire les affaires de l’UE, déjà suspectée d’incompétence, la voilà prise la main dans le sac de biftons, et pas avec n’importe qui s’il vous plaît, avec le Qatar et le Maroc !
    J’avais écrit hier ; mais apparemment ça n’a pas plus, mon commentaire ayant été rejeté ; que Von der Leyen ne pouvait pas ne pas savoir, en bonne « socialiste et démocrate » qu’elle est. Survivra-t-elle cette fois, comme elle a survécu au scandale qu’elle a déclenché, alors ministre de la défense dans un gouvernement de Angela Merkel, à un « LeyenGate » ?

  9. Nous comprenons pourquoi il y avait plus de 25 000 supporters aux Qatar ,on comprend aussi pourquoi nous désarmons notre flotte de pêche et que de plus en plus de bateaux étrangers viennent dans nos eaux territoriales faire de la pèche industrielle .Le Roi du Maroc par humanité devrait positionner cette flotte du coté de la Lybie pour accueillir ses migrants musulmans pauvres.

  10. 1/ frexit d’urgence
    2/ Soutien total à Viktor Orban…
    3/ Diffusion de cet article qui sera passé sous silence par les radios gouvernementales d’UE

  11. Nos soupçons sont enfin fondés, pour l’instant l’arbre cache la forêt, en creusant, beaucoup de traîtres vont tomber.

  12. C’est vrai que le fait de « redistribuer des sommes d’argent entre les représentants du Parlement européen, les assistants parlementaires et autres personnages capables d’influencer les votes et les comportements au sein des institutions bruxelloises » n’est pas une faute en soi, ce sont ceux qui ont été influencés par cette corruption qui sont coupables. La liste risque d’être longue alors. 

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