Procréation : le temps des affaires
Les 4 et 5 septembre doit se tenir, à Paris, le salon Désir d’enfant. À ce jour parmi les exposants, il y a des cliniques spécialisées dans la fertilité (PMA et GPA), des consultants et intermédiaires, des associations (cautions ?), des vendeurs de sperme ou d’ovocytes (avec choix des options comme race, cheveux, yeux), un logisticien pour le transport de gamètes ou d’embryons, des laboratoires d’analyse des pollutions subies, un peu de presse spécialisée, des « coachs en fertilité », un vendeur de compléments/médicaments censés favoriser la fertilité. Les prestataires sont surtout espagnols et ukrainiens, mais il y a d’autres nationalités. Le programme des conférences n’est pas encore publié.
Et puis un OVNI : l’association PMAnonyme, qui milite pour la levée de l’anonymat des donneurs de gamètes et accompagne les enfants nés avec tiers donneurs. Est-il pertinent de laisser ces trublions perturber les discours lénifiants des vrais prestataires en affirmant que l’anonymat du tiers pose problème et peut causer des souffrances ? Leur existence même devrait pourtant nous interpeller : ne serait-il pas souhaitable d’évaluer aussi objectivement que possible sur le temps long le rapport bénéfice/risque des fécondations in vitro avec des gamètes en provenance de tiers donneurs, du point de vue des enfants conçus et devenus adultes ?
Bien sûr, les organisateurs du salon affirment qu’aucun contrat ne sera conclu sur place ni aucune consultation médicale effectuée. Mais la Manif pour tous a obtenu la grille tarifaire de la GPA d’un exposant ukrainien en fonction des options retenues. Juristes pour l’enfance interpelle à s’en époumoner le garde des Sceaux, le préfet de police de Paris et le maire de Paris qui ont sans doute mieux à faire qu'interdire cette manifestation commerciale illicite en ce qu’elle promeut la GPA et le commerce de gamètes. Peut-être que Bercy réfléchit aux droits de douane à percevoir sur un enfant né de GPA à l’étranger et rapatrié ou envisage une retenue à la source sur les services payés par les clients français aux prestataires étrangers ?
Les engrenages tournent, comme annoncé par la Manif pour tous : la roue du mariage entre personnes de même sexe entraîne celle de l’adoption, cette dernière meut celle de la PMA sans père qui met en mouvement, ensuite, celle de la GPA. Certes, l’hypocrisie persiste encore qui consiste à dire, à propos de la GPA, « Pas de ça chez nous ! » Tout le monde aura compris que la fin de la phrase est omise : « pour l’instant... »
Pour la deuxième année se tiendra donc, à Paris, l’antichambre d’un marché pour acheter des gamètes, louer des ventres, acheter des bébés sur mesure ou clefs en main. Toutes choses qui relèvent de la marchandisation du corps humain et devraient, par conséquent, être interdites. Elles entrent dans la définition de l’esclavage et de la traite, cf. l’article premier de la convention visant son abolition signée en 1961. Mais ça se passe sous le regard bienveillant des autorités régaliennes ou locales françaises. C’est presque aussi sordide que le commerce triangulaire ou que la traite arabo-musulmane, mais c’est dans de bonnes conditions d’asepsie. Les temps eugénistes et transhumanistes qui s’annoncent auront la peau de la dignité de l’homme s’il n’est pas possible de mettre fin à cette fuite en avant.
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