Le Président Macron boude la conférence sur le SIDA

Dimanche 23 juillet s'est ouverten à Parisn la conférence internationale de recherche sur le SIDA organisée par l’International AIDS Society (IAS) et l’Agence nationale de recherche sur le SIDA (ANRS). Six mille spécialistes y débattent des avancées de la recherche et de son financement, pendant trois jours.

Avant même le début de la conférence, les participants ont dénoncé un risque de diminution des crédits alloués à la recherche et au financement des traitements. Pourtant, cette maladie, qui a commencé à se répandre en France au début des années 80, a bénéficié, sans doute parce que les premiers touchés furent des personnalités issues du milieu branché parisien, de soutiens médiatiques comme rarement une maladie a pu en bénéficier. Initialement développé dans le milieu homosexuel et dans celui des drogués, le virus n'a pas épargné les receveurs de transfusion sanguine (voir l’affaire du sang contaminé) et même d’autres sujets qui n’appartenaient pas à ces populations à risque élevé. Grâce à cette médiatisation, les dons privés et officiels ont afflué et permis une stimulation de la recherche, et l'apparition relativement rapide d’antiviraux efficaces qui permettent maintenant, sinon de guérir, au moins de pouvoir continuer à vivre avec le virus.

Selon un récent rapport publié par l'ONU, le nombre de morts causés par l'épidémie a été divisé par deux en dix ans ; mais en 2016, le SIDA a encore tué un million de personnes dans le monde (alors qu'on en comptait deux millions en 2005).

Tous les observateurs s'accordent pour dire que ce progrès est principalement dû à une meilleure diffusion des traitements. Mais, actuellement, 53 % seulement des personnes contaminées y auraient accès. Ces traitements sont onéreux et nécessitent une prise à vie. Si, dans les pays riches, l'accès au traitement ne pose pas de problème majeur, il n'en est pas de même dans les pays en voie de développement, et l'annonce par les États-Unis d’une possible diminution de leur contribution à la lutte internationale contre le SIDA fait éprouver les plus grandes craintes aux responsables de cette lutte quant au développement de la recherche et à la distribution des traitements dans les pays pauvres. En effet, les États-Unis représentent, à eux seuls, environ les deux tiers des financements gouvernementaux internationaux. Si ces restrictions de budget se concrétisent, les ONG estiment que ce sont environ 830.000 patients, surtout africains, qui seront privés de traitement, ce qui va accroître le développement de l'épidémie dans les pays sous-développés.

Paradoxalement, dans des pays comme la France, c'est plutôt le succès des thérapeutiques qui risque d'entraîner une recrudescence des cas de SIDA, car il amène une baisse de vigilance lors des rapports, surtout chez les jeunes hommes homosexuels dont le taux de séropositivité atteindrait maintenant 17 % (comme dans la plupart des grandes villes européennes).

Mais les États-Unis ne sont pas les seuls mis en cause par les responsables d'associations comme Act Up-Paris, AIDES et Coalition PLUS, qui critiquent les retards de paiement de la contribution française au Fonds mondial de lutte contre le SIDA, et les coupes budgétaires à venir annoncées par le gouvernement. Ces responsables regrettent également l'absence du président de la République à l’ouverture de ce congrès et voient dans cette absence le signe d’un désengagement de la France dans cette lutte.

Erreur de com' (étonnant de la part d’un expert) ou absence significative ? L’avenir nous le dira.

Dr. Jacques Michel Lacroix
Dr. Jacques Michel Lacroix
Médecin - Médecin urgentiste et généraliste

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