Pour Nicolas Sarkozy, il manque à Emmanuel Macron l’autorité du père de famille

Capture d'écran
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C’est Le Point qui a déniché cette pépite, dans un récent livre au titre évocateur - Chérie, j’ai rétréci la droite ! (Robert Laffont) -, co-écrit par Nathalie Schuck, l’une des journalistes de l'hebdomadaire. On la doit à Nicolas Sarkozy. Si les caciques de LR, dans leurs interventions policées, nous font parfois penser à Charles Bovary - « [Sa] conversation était plate comme un trottoir de rue et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire » -, il faut reconnaître à Nicolas Sarkozy un vrai talent : celui de la sincérité oratoire sans fard. On pourrait appeler Sarkozy saint Nicolas bouche d’or. Même si ces sincérités, à l’instar de l’actuel occupant des lieux, peuvent être « successives ».

Emmanuel Macron, c’est justement de lui qu'il s’agit. Nicolas Sarkozy est « convaincu que son cadet peine à se faire respecter pour des raisons d’ordre personnel ». Et d’affirmer sans ambages : « Le fond de l’affaire, c’est qu’il n’a pas d’enfants. » L’idée se défend. Les enfants vous apprennent l’humilité, vos principes éducatifs que vous pensiez infaillibles se révèlent souvent inopérants. Vous décidez, dans ce cas, de changer de méthode, prenant conscience que s’entêter dans la rigidité vous conduirait dans le mur. Si l’on parlait, justement, de la coercition sanitaire ? Les enfants vous enseignent aussi la cohérence, car ceux-ci ont vite fait de vous mettre face à vos contradictions : le « en même temps », pour résumer, est inaudible. Avec les enfants, on ne fait pas de promesses de Gascon car on risquerait de ne plus jamais être cru. De même, une menace de punition non exécutée est délétère. Pour les délinquants aussi. Et l’on pourrait dérouler le fil à l’infini.

Un enfant fait vivre dans le concret. On fait l’expérience du don de soi, d’un intérêt supérieur primant sur sa propre personne. De l’attachement charnel plus fort que le sentimentalisme hors-sol.

On le sait, jugée peu « féministement » correcte, l’expression « bon père de famille » a disparu du Code civil. Dans ce cas, pour satisfaire ces dames dans un esprit de parité, il aurait mieux valu la conserver et lui adjoindre celle de « mère de famille ». Car tout devrait être mené avec le pragmatisme aimant et prévoyant d’un bon père de famille et d’une bonne mère de famille. Y compris un État : veiller au grain et au bien-être de chacun, à son épanouissement, à sa sécurité et à celle de son foyer en fermant à double tour sa porte, ce qui n'empêche nullement d’accueillir les pauvres gens dans le besoin, pour autant que l'on ne donne pas à sa progéniture le sentiment de la spolier ou de la brimer.

Mais certains objecteront (et ils auront raison) qu'il n’est pas besoin d’être parent pour être compétent. D'autant qu'être dépourvu de famille peut permettre de se donner tout entier à son pays. Du reste, ce n’est pas toujours un choix. Et bien qu’ayant élevé sept enfants, Ursula von der Leyen rencontre quelques soucis d’autorité, notamment face à un Loukachenko ou à un Erdoğan qui ne sont plus tout à fait des galopins boutonneux de 14 ans.

À dire vrai, Nicolas Sarkozy, père de famille nombreuse - il a quatre enfants -, a plus fait montre d’autorité en paroles qu’en actes. Aujourd’hui, sa famille politique, LR, en paie le prix.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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