Pour les jeunes et pour les vieux, il est urgent de se remettre au travail !
Comme les goélands opportunistes revenus vers la ville, les milliards s’envolent et planent au-dessus de nos têtes. Distribution à gogo. La machine à billets va bon train et n’est sans doute pas près de s’arrêter. Insuffisante, toutefois, puisque, après avoir réclamé que toutes les personnes ayant attrapé le Covid-19 dans le cadre professionnel soient déclarées en accident du travail, les avocats à l’affût voudraient, maintenant, que les patrons soient poursuivis. On veut des sous !
Plus fort : le député du Nord Christian Hutin veut déposer une proposition de loi pour la constitution d’un fonds d’indemnisation couvrant toutes les victimes du Covid-19 et leurs ayants droit. Et zou ! Il faut que l’État « assume sa responsabilité », qu’il dit.
Fort bien, cher Monsieur, mais c’est qui, l’État ? Vous et moi, la petite moitié de Français qui payent des impôts. Déjà tondus. Les poches vides. Qu’importe, tirons des crédits sur l’avenir. L’avenir de nos enfants et petits-enfants, en l’occurrence.
Un papier grinçant paru dans Le Figaro de dimanche nous dit qu’ils pourraient bien râler, tous ces jeunes, après les baby-boomers qui leur coupent l’herbe sous le pied. Il est vrai que les chiffres ne sont pas bons à dire, tant ils pourraient alimenter le feu qui gronde. Heureusement, répondront les cyniques : les jeunes en question baignent, quoi qu’ils en disent, dans un confort si douillet qu’ils n’iront jamais au-delà des mots…
Les chiffres, donc (données de l’INSEE) :
Au 1erjanvier dernier, la France comptait 13.453.000 personnes de 65 ans ou plus et 15.390.000 de 19 ans ou moins.
Les morts du Covid-19 se répartissent comme suit :
– 15 ans ou moins : 0
– 15/44 ans : 1 %
– 45/64 ans : 10 %
– 65/74 ans : 18 %
– 75 ans et plus : 71 %
C’est moche. C’est moche parce qu’en raison de cette colossale injustice, cela dit crûment et l’on voudra bien me le pardonner, la France active est au plancher pour sauver la vie des retraités. On me dira que c’est ainsi partout dans le monde. Certes, mais le monde n’a pas la chance d’être français et de bénéficier de son merveilleux système social…
Le Premier ministre l’a dit et il a, hélas, sans doute raison : la crise économique de 2008 n’est rien à côté de celle qui nous attend. Celle qui s’annonce est « un désastre », une vraie récession, cette fois, « qui amputera le PIB de la zone euro de 7,7 % en 2020, de 8,2 % en France [contre 2,9 % en 2009] où le chômage devrait bondir de 8,1 % à 10,1 % de la population active ». Et encore « ces chiffres sont-ils conservateurs », nous dit-on, « car la reprise implicite liée au déconfinement est particulièrement aléatoire ».
Et les jeunes ? Ben… comment dire, leur avenir n’est pas rose. Certes, on nous sert à longueur d’antenne le couplet sur les héros du quotidien dont il va falloir revaloriser les salaires, mais sait-on que les Bac+5 ont, eux aussi, très souvent des salaires de misère ? À peine plus que le SMIC, quand ils ne sont pas encore stagiaires…
L’INSEE, toujours, nous rappelle qu’« entre 2007 et 2011, le taux de chômage des jeunes entrant sur le marché du travail (moins de quatre ans d’expérience) avait augmenté de 3,1 % ». Rien, sans doute, en comparaison de ce qui attend les classes d’âge nées de 1996 à 2005 et qui s’apprêtent à entrer sur le marché du travail.
Alors ? Alors il faut s’y remettre dare-dare. Retourner au boulot quand on en a et pousser vers l’école ceux qu’on est en train de transformer en génération paniquée.
Un professeur de sport au parler cru me disait hier : « On avait déjà du mal à les remuer. Après deux mois sur le canapé les yeux rivés sur le smartphone, on aura fabriqué des larves. Il est urgentissime de les sortir de là. »
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