Pour les Français, le réchauffement, c’est la faute au nucléaire !

Deux sondages viennent de tomber. Dans le premier, effectué pour BFM TV, selon 62 % des Français, le gouvernement n’en ferait pas assez pour lutter contre le réchauffement. Mais, en réalité, que pourrait-il faire de plus ? Augmenter à nouveau la taxe carbone, méthode libérale par excellence, injuste socialement mais très modérément efficace ? Le gouvernement y songe et sera donc content du sondage.

Or, en Suède, se met en place une carte bancaire qui se bloque lorsque son propriétaire dépasse le quota de CO2 qu’il s’est fixé. Comme la technologie est au point, pourquoi ne pas allouer autoritairement à chacun un quota annuel de CO2 qui dépendrait de la situation familiale et de l’âge ? Chacun des achats d’un Français serait jugé à l’aune du gaz carbonique. Sur chaque marchandise, on indiquerait, à côté du prix, la quantité de CO2 émise lors de la production, de l’emballage et du transport. Cet indice serait placé sur le code-barres et envoyé sur un ordinateur de l’État avec l’identité de l’acheteur, l’argent liquide et les chèques étant interdits. Si vous dépassez la limite accordée, vos moyens de paiement seraient bloqués (version extrémiste) ou, plus sûrement, vous auriez une amende. Cette dystopie est non seulement crédible, mais en plus est la seule politique efficace, selon moi, qui permettrait réellement de diminuer le CO2 produit par les Français. En outre, elle les détournerait des marchandises chinoises, indiennes ou américaines, les plus « chargées en CO2 », du fait de leur mode de production et des moyens de transport. Mais vu l’insurrection des gilets jaunes, si le gouvernement adoptait cette mesure, on imagine que les Français se soulèveraient en masse.

Aussi le chiffre de 62 % n’a-t-il aucun sens ; on a bourré le crâne de nos compatriotes et ceux-ci s’imaginent naïvement qu’on peut sans sacrifice lutter, au niveau de la seule France, contre le réchauffement, alors que la clé des rejets de CO2 est entre les mains des USA, de la Chine et de l’Inde. De même, une petite majorité de Français souhaitent interdire l’avion pour les vols intérieurs (sans doute aucun d’entre eux ne se sert-il de ce moyen de transport et ne voit-il donc aucun inconvénient à le proscrire). 42 % des sondés estiment possible d’augmenter le pouvoir d’achat tout en luttant efficacement contre le gaz carbonique (une pure utopie !) ; 28 % privilégient le pouvoir d’achat à tout prix, tandis que 11 % sont prêts à se sacrifier pour l’écologie.

Selon un autre sondage effarant de BVA, 69 % des Français estiment que le nucléaire est le principal responsable des rejets de CO2 et que le fioul, le charbon, le gaz naturel seraient bien plus écologiques. Une pure ânerie ! On comprend que nos compatriotes se prononcent majoritairement pour la sortie totale du nucléaire. En Allemagne, toutes les centrales nucléaires ont été fermées et on a développé l’énergie renouvelable. Pourtant, le 26 juin, ce pays a émis six fois plus de CO2 par kW produit qu’en France, car on a remplacé outre-Rhin l’atome par le charbon. Où est le progrès ? Vouloir la fin du nucléaire chez nous est une opinion tout à fait respectable, mais les raisons qui la motivent doivent être réelles. Et celles-ci ne manquent pas. Un accident aussi catastrophique que Tchernobyl ou Fukushima est toujours possible (on a bien été à deux doigts d’évacuer Bordeaux après un incident à la centrale du Blayais, en 1999). Ou encore, le problème des déchets radioactifs n’est toujours pas réglé et risque d’empoisonner notre pays pendant longtemps.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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