Pour la rentrée scolaire : la consigne de se soumettre à « la doctrine du port du masque »

masque

Cette semaine, les enseignants ont reçu leur désormais habituel message ministériel. Mais ce message restera dans les annales comme celui de l’aveu d’une volonté politique de maintenir la population dans la peur, la jeunesse dans la soumission et les enseignants dans la propagande. La raison en est simple et tient en une seule phrase de Jean-Michel Blanquer qui rappelle, outre le maintien de la date de rentrée scolaire au 1er septembre 2020, la nécessité de l’utilisation des « gestes barrières » du protocole sanitaire de juillet et précise : « Je pense aussi à la doctrine en matière de port du masque. »

Premier point litigieux : pourquoi notre ministre s’acharne-t-il à nommer « gestes barrières » le lavage des mains, la distanciation physique et le masque ? Le mot de « barrière » est perçu, à tort ou à raison, comme négatif, associé davantage à une interdiction et à une séparation qu’à une protection, et donne le sentiment que l’on va grouper les élèves dans les classes comme on parque des moutons dans les enclos. On pourrait, avec moins de polémique, user de l’expression « gestes protecteurs », qui lui est en fait synonyme.

Mais le second point litigieux est beaucoup plus grave et sujet à caution : l’emploi du substantif « doctrine » n’est pas anodin, hasardeux ni même maladroit. On nomme, en effet, « doctrine » toute opinion, toute croyance qui ne se fonde sur rien d’autre que sur la confiance que les sujets qui l’adoptent lui portent ; bref, il n’y a aucun fondement scientifique ou naturel prouvé à une « doctrine », dont le contenu relève de préceptes religieux ou politiques et qui doit faire l’objet d’une adhésion volontaire de la part de ses partisans, dans un monde idéal. C’est en ce sens que l’on parle de la « doctrine sociale de l’Église », de la « doctrine économique islamique », de la « doctrine Jdanov », etc. Une « doctrine » est, par conséquent, toujours sujette à caution et emporte difficilement le consensus. Mais un gouvernement peut-il obliger un peuple à suivre une doctrine ?

Le cas de la Russie soviétique semble avoir démontré que ce n’était pas souhaitable, la doctrine communiste aboutissant à toutes sortes de restrictions, de censures et de privations gravement préjudiciables au physique et au moral de l’ensemble de la population. Les doctrines keynésiennes de nos gouvernements occidentaux ne semblent pas s’orienter vers de meilleurs résultats ; pour simplifier, nous percevons tous les limites d’un monde perçu comme un seul et même lieu de commerce, plus ou moins régulé par des interventions étatiques souvent perçues comme autant de strangulations socio-économiques…

Mais, de plus, alors que les chrétiens concrétisent leur appartenance par le baptême, alors que les pays occidentaux marquent leur choix de la doctrine keynésienne par l’acceptation de la dette et des marchés boursiers de Wall Street, par exemple, quelle action le ministre de l’Éducation nationale a-t-il demandé de réaliser pour attester que les enseignants, les équipes pédagogiques, les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes acceptent de leur plein gré d’adopter la « doctrine du port du masque » ? Ainsi, selon l’adage « Qui ne dit mot consent », nous pourrions bien être tous contraints d’accepter tacitement une doctrine de l’éducation préparatoire à un nouveau totalitarisme…

Bertrand Dunouau
Bertrand Dunouau
Professeur certifié de Lettres Classiques

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