Pour Frédérique Vidal, l’islamo-gauchisme à l’université est une affaire réglée. Sauf à Sciences Po Grenoble ?
C’était en février dernier - une éternité. Invitée de Jean-Pierre Elkabbach, sur CNews, qui lui demandait de commenter la une du Figaro « Comment l’islamo-gauchisme gangrène les universités », Frédérique Vidal, notre ministre de l’Enseignement supérieur, faisait une réponse qui allait déclencher les foudres de la bien-pensance. « Je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble, et que l’université n’est pas imperméable, l’université fait partie de la société », disait-elle alors, ajoutant : « Ce que l’on observe, à l’université, c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont. Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des idées radicales ou des idées militantes de l’islamo-gauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de désigner l’ennemi, etc. » Et d’annoncer, dans la foulée, l’ouverture d’une enquête par le CNRS « sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université ». CNRS qui refusa, d’ailleurs, de la mener.
On se souvient du tollé qui s’ensuivit et de la pétition, signée par 600 universitaires, appelant à la démission de Frédérique Vidal. On se souvient aussi de la polémique qui, dans la foulée, souleva l’IEP de Grenoble où deux enseignants, accusés d’islamophobie, voyaient leurs noms placardés sur la façade de l’établissement sous les mots « Des fascistes dans nos amphis. L'islamophobie tue. » Ce que la branche locale de l’UNEF crut bon de relayer sur les réseaux sociaux… avant de s’excuser platement sur Twitter de cette initiative « maladroite et dangereuse ». Quelques mois après l’assassinat de Samuel Paty, c’était tout simplement un appel au meurtre.
Ce vendredi 15 octobre, au micro de France Info, Marc Fauvelle a invité le ministre à revenir sur les propos qu’elles avait tenus voilà moins de huit mois. « Au travers de tout ce que ces quelques secondes ont généré, on a remis du débat et de la discussion dans les établissements », s’est-elle félicitée. Et d’ajouter, béate : « Je crois que ce débat a été salutaire parce qu’aujourd’hui, à l’université de nouveau, on a une liberté d’opinion, on a la capacité de parler de tout. »
Un miracle, en somme, le mot n’est pas trop fort. Où Vidal passe, l’islamo-gauchisme trépasse. Il n’y a qu’à demander.
Marc Fauvelle est tout de même sceptique : « Vous voulez dire qu’il a suffi d’en parler, comme vous l’avez fait, pour régler quasiment la question ? » Pas déstabilisée, Mme Vidal confirme : « Oui. Vous savez, souvent, il suffit d’en parler. Et à partir du moment où on lève le tabou, les gens – au sein des universités, notamment – parce qu’ils se sentent de nouveau capables d’avoir une pluralité des recherches [...] Les choses se sont nettement améliorées de ce point de vue là. »
Et donc, dans ce monde universitaire miraculeusement débarrassé de l’islamo-gauchisme et de ses scories, de mauvais esprits sont retournés du côté de l’IEP Grenoble. Et qu’ont-ils trouvé ? Rien de réjouissant.
C’est le site de l’UNI (seul syndicat étudiant de droite) qui rapporte : « Le climat anxiogène ne s’est pas amélioré dans l’école. Les professeurs mis en danger ne reçoivent toujours aucun soutien de la part de l’administration malgré la persistance des menaces. » C’est dans ce contexte déjà plus que lourd que l’association Cafet’ en Kit, agréée par Sciences Po Grenoble et disposant d’un espace exclusif dans l’IEP pour distribuer ses repas, ne propose à partir de maintenant que de la viande halal. Le responsable de l’UNI ajoute : « Cette décision vient de l’association, mais a probablement été approuvée par la direction : si, malgré le communiqué d’hier, il n’y a pas de réponse de l’institution, c’est qu’ils ont eu vent du projet en amont, ou bien qu’ils cautionnent cette politique. »
Qu’en pense Mme Vidal ?
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