Au terme de plusieurs semaines de remue-ménage autour du traitement du professeur Raoult, Emmanuel Macron, très intrigué par toute cette agitation, s'est rendu à Marseille. « Que se passe-t-il ? Qui êtes-vous ? Comme vous avez une jolie blouse ! etc. » De retour à Paris, après quelques jours de réflexion, il confie au micro de RFI : « Je suis convaincu que c'est un grand scientifique. »

La révélation est reprise par de nombreux organes de presse : « Il trouve que c'est un grand scientifique ! Il a été touché par la grâce ! Louons le Macron. » Avant, il ne savait pas. Aucun accès, depuis l'Élysée, au CV du personnage, à ses titres, aux résultats de son traitement. Avion, cortège officiel et gyrophares auront été nécessaires à ce constat de grandeur. Mais le Président va plus loin et déclare : « Je suis passionné par ce qu'il dit et ce qu'il explique. »

Emporté par son enthousiasme, le chef de l'État pourrait, dans un moment de folie, inviter le professeur Raoult à deviser autour d'une tasse de thé dans un salon de l'Élysée. « On ne le contrôle plus ! » s'inquiètent ses proches conseillers.

Les centaines de milliers de Français qui sont également « passionnés par ce qu'il dit et ce qu'il explique » - mais depuis plus de deux mois - sont suspendus aux lèvres du Président. « Et donc ? Et alors ? »

Oh là ! Quel est cet empressement ? « Le président de la République française n'est pas là pour dire tel traitement est le bon ou n'est pas le bon. » Alors, pourquoi est-il là ? Emmanuel Macron donne la réponse : « Moi, mon rôle, et ce que j'ai fait en me rendant chez le Pr Raoult, c'est de m'assurer que ce sur quoi il travaille [...] rentrait bien dans le cadre d'un protocole d'essai clinique. »

Outre cette vérification, qui ne semble réalisable qu'à grand renfort d'avion et de gyrophares, le Président, qui se réfugie derrière une absence de compétence scientifique, sait toutefois ce qui entre ou non dans un protocole clinique. Un cas.

Mon rôle, « c'est de m'assurer [...] qu'on pouvait aller vite (rires du public) pour s'assurer, en tout cas regarder, avec des méthodes qui doivent être simples mais rigoureuses, si ça marchait ou ne marchait pas ». Aller vite, pour s'assurer, ou regarder, enfin, faut voir, avec des méthodes qui que dont doivent être rigoureuses mais simples qui marchent pas ou qui marchent sauf si...

Bien. De toute évidence, un second voyage à Marseille s'impose. De grand scientifique, le professeur Raoult pourrait passer à « très grand ». Tout va très vite. Et de « très grand » à « super génial », il n'y a qu'un pas. Tant de rapidité et d'adaptation à l'urgence de la situation épate les fabricants d'éoliennes.

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15 avril 2020 à 20:40

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