Polémique Houellebecq : Dupond-Moretti ou l’archange du Bien

dupond moretti

Il ne manquait plus que lui. Depuis dimanche, c’est fait : Éric Dupond-Moretti est venu apporter sa contribution à la polémique suscitée par les propos de Michel Houellebecq sur les musulmans. Interrogé sur cette affaire, dimanche 8 janvier, sur le plateau de BFM TV, le ministre de la Justice a déclaré : « Dire que les musulmans ne sont pas des Français comme les autres, c'est insupportable. Dire qu'ils sont des voleurs… Tout ça génère la haine, c'est contraire à toutes les valeurs qui sont les miennes. » Et d’ajouter : « On a banalisé ce type de propos. Il y a quinze ans, on serait tous montés en première ligne pour les dénoncer. On s'est habitué à ça. C'est ce qu'Hannah Arendt appelait la banalité du mal. »

Rappelons une partie des propos du prix Goncourt 2010, publiés dans la revue Front populaire de Michel Onfray en novembre dernier : « Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n'est pas que les musulmans s'assimilent, mais qu'ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu'ils s'en aillent. » Après le dépôt de plainte du recteur de la grande mosquée de Paris et sa rencontre avec l’écrivain, ce dernier a amendé son texte : « À mon avis, le souhait d'une grande partie de la popula­tion française de souche, comme on dit, n'est pas avant tout que les musulmans s'assimilent. Les histoires de voile, de burkini, de nourriture halal, etc., ils s'en ficheront complètement dès qu'ils ne percevront plus les musulmans comme une menace pour leur sécurité. Ce qu'ils demandent, et même qu'ils exigent, c'est que les criminels étrangers soient expulsés, et en général que la justice soit plus sévère avec les petits délinquants. Beaucoup plus sévère. »

On a lu, ici et là, que Houellebecq, en rectifiant ainsi le tir, aurait baissé pavillon, voire plus : qu’il se serait même couché. À bien lire, cette nouvelle version n’a rien d’une marche à Canossa. Mais faut-il encore savoir lire, y compris entre les lignes.

Mais venons-en à l’intervention du garde des Sceaux. On pourrait se dire « De quoi je me mêle ? » Il est vrai qu’aujourd’hui, l’on demande à un politique d’avoir un avis sur tout et rien, et ce, d’autant plus lorsque ce politique est une référence morale, éthique, que sais-je encore. Ce qu’est Éric Dupond-Moretti, comme chacun sait. « C'est parce que l'action en justice est suspendue que je peux m'exprimer », a tenu d’ailleurs à préciser l’ancien avocat. Ce qui lui donnerait désormais le droit de donner son opinion sur cette polémique. Donc, le discours de Houellebecq « génère la haine », selon Dupond-Moretti. On notera qu’il ne dit pas qu’il « incite à la haine ». Est-ce voulu ou pas ? Quelle différence, me direz-vous, entre « inciter » et « générer » ? Elle est de taille. L’incitation à la haine est une infraction punie par la loi. Or, il nous semble que le ministre est parfaitement fondé à dénoncer auprès du procureur de la République des propos qu’il estimerait constituer une incitation à la haine. Ce qu’il n'a pas fait, ce qu'il ne fait pas. Mais Éric Dupond-Moretti n’est pas à une contradiction près.

En tout cas, cela ne l'empêche pas de glisser sur un terrain où il excelle, celui des grandes consciences morales de l’humanité, et ce, en évoquant la « banalité du mal », concept que la philosophe Hannah Arendt (1906-1975) développa dans son livre Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal, publié en 1963. Ainsi, par allusion et d’une certaine façon par amalgame, Dupond-Moretti assimile le discours de Houellebecq au mal. Il s’octroie, par la même occasion, le droit de dire ce qui est bien, ce qui est mal. Mieux : ce qu'est le Bien, ce qu'est le Mal. C’est tellement confortable…

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Quand le « discernement » d’un Sinistre arrive à ce point…. c’est que nous sommes en France !
    Ailleurs ce raisonnement ne passerait pas ! J’ai mal à la France actuelle !

  2. Quand un ministre de la justice privilégie les assassins contre les victimes , comment voulez-vous concilier la Justice.
    C’est insupportable. Effectivement tout nous oppose avec les musulmans. Ils ont une religion non compatible avec notre vivre ensemble. Ils estiment que leur RELIGION est supérieur à notre RÉPUBLIQUE. L’a-t-il entendu où est-il sourd.
    Pourtant c’est l’architecture de leur Religion. Faut-il être bête pour ne pas comprendre, à moins qu’il soit déjà soumis.
    Qu’il choisisse son camp, sinon c’est de la traîtrise.

  3. Que fait il encore à ce poste et son avis ne nous interresse pas .Nous avons tous compris dans quel camp il est et ce n’est surement pas les honnêtes citoyens qu’il s’empressera de défendre .

  4. QUI sème la haine ? Ceux qui veulent vivre en paix dans leur pays, ou ceux, étrangers, arrivés illégalement, qui volent, violent et tuent au nom, ou pas de leur religion ?

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