[Point de vue] Niger : le retrait de la France est un triste symbole 

niger

Emmanuel Macron a annoncé, ce dimanche, dans son allocution sur TF1 et France 2, le retrait des troupes françaises au Niger et le rapatriement de notre ambassadeur à Niamey. Il y a quelques jours encore, toutes les options étaient sur la table, selon la formule consacrée. On pouvait raisonnablement imaginer la reconnaissance de la junte, puisque, de facto, elle est aux manettes. On pouvait imaginer une intervention en force, à la manière de Kolwezi. On pouvait légitimement penser, en tous les cas, que la France ne partirait pas comme ça, dans la honte et le silence, ne laissant sur le sol nigérien, au terme de plusieurs rotations défaitistes, que des regrets, des incompréhensions… et des tonnes de matériel militaire à rapatrier.

Il en avait été question dans ces colonnes comme dans beaucoup d’autres : comment la France, après avoir été expulsée du Mali et du Burkina Faso, allait-elle gérer la crise nigérienne ? À la suite du putsch militaire qui avait renversé Mohamed Bazoum, on savait que la position française était gravement fragilisée. Il est bien commode, dans des pays africains pleins de ressentiment, d’accuser l’ancien colon de maux que les régimes locaux successifs ont été bien en peine de régler eux-mêmes.

Soixante ans après les décolonisations des pays d’Afrique francophone, rien ne va mieux – bien au contraire. Certains pays, comme le Mali, ont appelé la France au secours avant de se retourner contre elle. Cinquante-neuf de nos soldats ont d’ailleurs laissé leur vie au Sahel, pour un quasi statu quo ante – puisque des colonnes de touaregs sont en train de se former dans les sables de l’Azawad (ce Nord-Mali qui n’a rien de commun avec la région de Bamako), exactement comme en 2012.

Un départ instrumentalisé

Fort logiquement, au Niger, on instrumentalise le départ précipité de la France et on en fait une immense victoire : c’est la défaite de l'Hexagone, le moment pour les pays africains de prendre leur destin en main. Ce sont des éléments de langage tout à fait convenus, et on ne s’attendait pas à moins. La junte est dans son rôle. Le gouvernement macroniste, à son tour, sera dans son rôle : les conseillers en communication vont certainement improviser un discours, un « narratif » qui servira d’écran de fumée à la chute vertigineuse de la présence française en Afrique. Ce sera sans doute une énième variation sur le thème bien connu : « Ce n’est pas toi qui me mets à la porte, c’est moi qui pars. »

Alors, y a-t-il vraiment, comme on semblait le croire dans un raccourci journalistique facile, un effet domino, en Afrique ? Peut-être. À la vérité, la question qui se pose, très directement, à la vue de cet enchaînement d’échecs géopolitiques dépasse largement le continent africain. La France est déclassée sur la scène internationale. Elle a montré son impuissance sur son propre sol, lors des émeutes ethniques qui ont suivi la mort de Nahel. Son inflation explose, sa classe politique est déconsidérée. Dans les rues de la Ville Lumière, des rats de quinze kilos déambulent entre les pieds des vendeurs de crack. Sans la bombe atomique et le château de Versailles, la France ne serait-elle pas, déjà, un pays du tiers-monde ?

Dans ces conditions, à quoi lui sert, par exemple, son siège au Conseil de sécurité des Nations unies ? N’est-elle pas en train de devenir un astre mort dont la lumière apparemment brillante n’est que l’écho du passé ? La nature a horreur du vide et les puissances moribondes sont rapidement achevées par des peuples plus jeunes et plus forts.

Le retrait du Niger n’est donc pas tant un camouflet de plus : c’est surtout un symbole, qu’il convient d’interpréter comme tel. Pourtant, la seule chose qui manque à la France, qui conserve encore de nombreux atouts, pour être grande et respectée, c’est une volonté politique de long terme. C’est à la fois rien et tout.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Une fois de plus nous n’avons pas su partir à temps, laissant pourrir la situation et nous mettant mal avec tout le monde. Bravo à nos brillants diplomates et militaires qui n’ont rien vu venir. Pourquoi soutenir absolument un président « élu » impopulaire contre des putschistes manifestement populaires? La France qui a fait des dizaines de coups d’état depuis les indépendances est mal placée pour donner des leçons de démocratie.
    Maintenant rideau, on remballe et on les laisse se débrouiller avec leurs bandits djihadistes. Occupons-nous de nos rebelles à nous.

  2. C’est nous qui avons voté pour Hollande et Macron. C’est nous le peuple qui est perdu qui n’a plus de repères. Nos gouvernants sont le reflet de notre ignorance et indifférence. Nous somme3s moralement en faillite. Les constats de M. Florac sont désolants mais justes.

  3. Macron est une girouette un jour il affirme haut et fort la France restera au Niger, un autre jour il dit le contraire et tout est comme ça chez lui. Ce n’est pas étonnant que notre pays est la risée de pas mal de pays

  4. La situation au Niger est une illustration claire des résultats de la gouvernance générale de monsieur Macron. Beaucoup d’esbroufe à la gloire du président, et pour finir la défaite honteuse. Le renseignement a été impacté, la diplomatie est en train d’être démantelée, le travail de destruction se poursuit normalement, ceux qui on permis la mise en place de Macron doivent être satisfaits. Virés de l’Afrique, si nous virions les africains de France ?

  5. Il y a 10 ans ils étaient heureux de la présence Française…dans 10 ans, le temps qu’ils détruisent tout ce qu’on leur a donné, ils pleureront notre départ… L’armée une fois en France nettoiera-t-elle la corruption actuellement au pouvoir chez nous ???? En attendant ce sont des dépenses qui cessent enfin

  6. C’est assez normal dans tous ces pays il n’y a que la corruption qui fonctionne, nous, nous sommes vertueux alors nous laissons notre place aux salopards qui ne le sont pas, parce que nous n’avons rien compris. Sans doute continuerons-nous à envoyer des aides financières en plus.

  7. Macron ne recherche les honneurs qu à titre personnel. (Luxe honteux avec Charles, adoubement non moins honteux par le pape et son discours mondialiste , deux personnages pourtant non représentatifs de la Société actuelle ! Par contre, les déshonneurs qu’il prouve par sa soumission et son impuissance à l’égard des ennemis potentiels intérieurs et extérieurs qu’il fait subir à la France, il s’en moque éperdument ! La honte .

  8. Vis à vis des Africains, nous avons un gros handicap, celui d’avoir été des colonisateurs, à la différence des Russes et des Chinois qui proposent une alternative à l’hégémonie américaine, à savoir un monde multipolaire dans lequel les États occidentaux ne dicteront plus leur conduite aux autres États. C’est une idée qui plaît et c’est normal. Macron est arrogant, voire même insultant, à l’endroit des Africains, ce qui ne leur a pas échappé et, de plus, notre gouvernement est totalement aligné sur les USA dans la lutte que ceux-ci mènent contre les pays qui refusent l’hégémonie occidentale lesquels sont très populaires en Afrique. Les Africains ont donc trois raisons de nous en vouloir dont deux sont de la responsabilité de Macron.

  9. Depuis F. HOLLANDE et jusqu’à E. MACRON, la France n’est que l’essuie pieds de l’Afrique et du Maghreb. Les français sont humiliés sur l’autel de l’ambition et l’incapacité de ces aventuriers. Se rendent-ils compte de l’erreur de bulletin de vote à l’origine de la salissure de notre pays ? Se rendent-ils compte des décennies qu’il va falloir pour inverser la vapeur ? Les français hélas croient faire le bien de leurs enfants en élisant des hypnotiseurs ? Ils ont au contraire donné les outils au reste du monde pour que leurs enfants soient un jour à sa merci ! Mais n’oublions pas que d’autres par le passé ont entrepris et réussi de nobles choses parce qu’elles étaient impossibles à réaliser. Nous restera-t-il ce dernier challenge ?

  10. Comme nous avons Minus à la tête de la France, les leçons ne sont pas tirées et les dispositions qui en résulteraient inappliquées :
    – renvoi des nigériens en France ;
    – fin des aides au prétendu développement transformé en corruption !

    • Nous avons voté pour ces minus parce que on se laisse manipuler par les idéologies à la mode et leurs médias financés par nos impôts.

  11. Libérez le président sinon vous allez voir avait dit notre « Grand Chef » !! Et nous voyons !! Belle autorité !! Mais il continu à parader sans honte !!

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