[Point de vue] Conflit israélo-palestinien : Macron, notre OSS 117

Capture d’écran (3857)

Ainsi donc, Emmanuel Macron vient d’atterrir en Israël. Il n’a été accueilli par personne ; ni tambours ni trompettes, peut-être parce que c’est la guerre, peut-être parce que tout le monde s’en fiche, allez savoir. Netanyahou s’était déplacé pour Joe Biden, mais, pour les petites gens, il n’envoie que le chef du protocole qui, seul donc, attendait Macron en bas de la passerelle pour bien lui montrer qu’il n’était pas considéré comme un interlocuteur valable. Mais qu’importe à notre chef, qui se sent des qualités de diplomate et qui s’est donné pour mission de réconcilier le gouvernement israélien et le Hamas, qui règne sur la bande de Gaza. Vaste programme.

Emmanuel Macron devait commencer par rencontrer des familles de victimes françaises de l’attaque du Hamas. Il a ensuite vu le Premier ministre de l’État hébreu, Benyamin Netanyahou, le président Isaac Herzog, le ministre sans portefeuille Benny Gantz, ainsi que Yaïr Lapid, le chef de l’opposition. Enfin, il a été reçu à Ramallah par le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Précisons immédiatement que ce programme grandiose s'est déroulé dans des circonstances conformes à la place qui est désormais celle de la France sur l’échiquier mondial : Macron a reçu les familles de victimes dans un salon de l’aéroport Ben-Gourion. Sic transit…

Parmi les objectifs annoncés par les services de l’Élysée, il y a la création d’un État palestinien (quelle originalité !), mais aussi une « trêve humanitaire » que le chef de l’État compte obtenir pour laisser survivre Gaza. Il y a là de quoi se mettre à dos le gouvernement israélien : Netanyahou a la ferme intention de transformer la bande de Gaza en parking et n’a laissé passer que quelques camions pour ravitailler les Palestiniens. Il ne saurait être, pour eux, question d’un État palestinien ni d’une pause dans un conflit dont les commencements ont été atroces, comme l’a vu, récemment, une délégation de journalistes lors d’une projection organisée par Israël à Paris. Cela n'est pas allé beaucoup mieux avec Mahmoud Abbas : Macron a qualifié le Hamas d’organisation terroriste (en quoi il n’a pas tort) mais l’a aussi comparé à Daech. On se souvient, par ailleurs, que Macron avait le projet de trouver un successeur à Mahmoud Abbas. Pas le meilleur point de départ pour des négociations apaisées, on en conviendra.

Diplomate d'opérette

Enfin, et c’est là le plus grave dans cette visite au rabais, le déplacement de Macron intervient au bout de quinze jours de guerre, comme si le chef de l’État avait longtemps tergiversé sur la conduite à tenir. On peut comprendre que, quand on dirige un pays déjà colonisé par une importante minorité arabo-musulmane qui déteste ses hôtes, on hésite à encourager Israël sans ambiguïté. On peut le comprendre, oui, mais pas l’approuver. Même si le conflit israélo-palestinien est marqué depuis le début par des atrocités dans les deux camps, il y a cette fois, sans le moindre doute, une attaque du Hamas, avec une cruauté volontairement spectaculaire, filmée à dessein pour provoquer un embrasement rapide et important. Le Hamas savait qu’il fallait polariser les haines, mais Macron l’ondoyant est incapable de prendre parti. Pour preuve, d’ailleurs : parmi ses objectifs, il y a la fin de la colonisation par les Israéliens des territoires palestiniens. L’objectif est juste, car cette colonisation est illégale et ultra-violente, mais ce n’est pas le moment.

Sauveur dont personne n’a besoin, diplomate d’opérette, hâbleur ringard, Emmanuel Macron est parti, à la manière d’OSS 117, des photos de lui plein les poches, pour pacifier le monde arabo-musulman. Sera-ce « l’occasion de porter [s]on smoking en alpaga » ? On ne sait. En tout cas, à force de maladresse et de vanité, il pourrait bien être l’un de ceux par qui l’apocalypse arrive. Il vient d’ailleurs, révèle le journaliste Jean-Jérôme Bertolus, sur X, de proposer que la coalition internationale contre Daech en Syrie et en Irak (coalition à laquelle participe la France) étende son périmètre à la lutte contre le Hamas. C’est, décidément, méconnaître toute la complexité des nébuleuses terroristes, des jeux de pouvoir au Moyen-Orient… et de la souveraineté des États. À moins qu’il ne pense que « tout ça, c’est des Arabes » : on sait que les politiciens les plus tolérants en apparence sont les plus volontiers enclins, par inculture, à des raccourcis racistes.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

68 commentaires

  1. Macron, je ne peux plus le supporter depuis l’épisode du Général De Villiers, mais pour cette fois ci, je trouve les commentaires un peu sévères. Certes la France n’à hélas plus l’aura quelle avait du temps de De Gaulle, mais qui nous dit qu’aujourd’hui le Général serait mieux entendu que Macron. la France, n’est plus dans le monde qu’une nation moyenne, grâce aux bombes nucléaires, s’il n’y avait pas ça ce serait une petite nation. Pour être crédible internationalement, il faut être fort économiquement et militairement. Au point de vue militaire, nous sommes très bons, mais au niveau échantillonnaire, quand à l’économie……… En ce qui concerne la diplomatie de Macron : il s’améliore, mais pourrait faire mieux.

  2. Le mari de Brigitte Macron (eh oui, c’est ainsi que bien souvent le président delà République est presenté) n’a énoncé que des vérités premières déjà formulées par bien des politiques sur place, au Moyen-Orient, ou d’ailleurs. Ces banalités ne servent à rien. Notre « leader » ne dispose d’aucune audience internationale. Il est sûrement plus utile comme mari que comme président.

  3. Notre président n’a pas encore compris (ou fait semblant de na pas comprendre) que TOUS les autres dirigeants étrangers se moquent de lui.

  4. Pour se faire voir et se faire remarquer ..alors qu’il ne peut résoudre les problèmes en France .cela fait bien rigoler …et avec un peu de chance il va dire des sottises.comme d’habitude.

  5. Vraiment notre Président est une véritable marionnette ainsi font font trois petits tours et il part dans ses rêves. Qu’il commence par redresser notre pays.

  6. La tchatche du saltimbanque, bien rodée depuis des années, n’apportera rien à la situation tragique du moment au proche Orient et ne pourra qu’encourager la folie islamiste en France.

  7. Je trouve cet article très injuste et sévère. Personnellement je pense que c’est le premier déplacement à l’étranger réussi pour Macron, dont le discours mesuré, réaliste et prudent était parfait et adéquat compte tenu de la situation particulièrement délicate ( c’est un euphémisme). Macron a fait preuve de courage et d’empathie sincère. Une fois n’est pas coutume… mais il faut rendre à César ce qui est à César.

  8. Quelle touchante image que celle montrant Macron et Mahmoud Abbas quittant la salle étroitement enlacés après leur rencontre ! Ceux qui connaissent le monde arabe savent que celui-ci ne respecte que les puissants, pa les peloteurs au verbiage flatteur ! Piètre diplomatie pour un enjeu de taille: le pétrole.

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