Plan de déconfinement : tambour battant

tambour

C’est comme ça et c’est pas autrement. Mardi, Édouard Philippe présentera, tambour battant, à l'Assemblée nationale le plan du gouvernement pour le déconfinement. Il est vrai que ça urge : nous sommes à J-14. Tic tac, tic tac… Cette présentation sera suivie, dans la petite foulée, d’un vote. Pas question d’attendre plus. Pour faire bon poids et histoire de ne pas perdre de temps, dans le même package, on trouvera le vote sur l’application Covid (le fameux traçage).

Les oppositions sont vent debout : on n’aura pas le temps d’étudier ce fichu plan pour en débattre ensuite ! « Déni de démocratie », dit le LR Abad. « La démocratie reste confinée », s’exclame l’insoumis Coquerel. « Quarantaine politique », pour Mélenchon, filant la métaphore sanitaire. « Retour à la surdité habituelle », diagnostique le centriste Jean-Christophe Lagarde. Dimanche, le socialiste Olivier Faure voulait « le mode d’emploi, le cahier des charges ». C’est peut-être beaucoup en demander… Même chez certains marcheurs, ça couine un peu. Ainsi, Aurélien Taché estime qu’« un vote unique sur le plan déconfinement (et donc sans possibilité de se prononcer sur le traçage numérique en tant que tel) et avec un nombre aussi réduit de députés ne correspond pas, au regard des enjeux, à un niveau de démocratie parlementaire suffisant ». Mais il paraît qu'on ne peut pas faire autrement que de voter dans la foulée : « Juridiquement » pas possible, a-t-on expliqué dans l'entourage du président Ferrand. Fin de la discussion.

Visiblement, tout ce petit monde vent debout a déjà oublié les propos du patron des députés marcheurs, Gilles Le Gendre, qui, dans sa fausse candeur, affirmait, la semaine dernière, ne pas voir, sur la question du traçage, comment un vote de l’Assemblée apporterait quelque chose. Mounir Mahjoubi, député marcheur de Paris, expliquait d'ailleurs, ce lundi matin, sur BFM TV, que ce plan n’était pas une loi. Dans ce cas, pourquoi, alors, pousser des cris d’orfraie ? Pour la forme, le fun, faire semblant de s’opposer, histoire de faire le malin en circo ? Au fond, c’est peut-être le député du Rassemblement national Sébastien Chenu qui a le mieux résumé la situation. « Tracking, plan de déconfinement : il ne faudra pas compter sur nous pour valider ce bricolage. » Effectivement, le gouvernement est aux affaires. L’exécutif, c’est fait pour exécuter. Alors, qu’il exécute son plan. Sans chercher à diluer ses responsabilités en essayant de faire semblant d'y associer la représentation nationale. Si ça marche, tant mieux : c’est tout le mal que nous souhaitons - non pas au gouvernement, mais aux Français.

En tout cas, ce psychodrame autour de cette aumône de vingt-quatre malheureuses heures de délai de réflexion, moins que ce que « juridiquement » on accorde pour acheter une bagnole, démontre, s'il en était encore besoin, qu'à ce stade, le rêve d'unité nationale, souhaitée par 71 % des Français, selon un tout dernier sondage, est ce qu’il est : un rêve.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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