Pierre Chasseray : « Aucun jeune n’a 40.000 euros à mettre dans une Tesla ! »

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Au nom de 40 millions d'automobilistes, Pierre Chasseray s'élève contre la multiplication des zones à faibles émissions qui discriminent les Français.

Marc Eynaud. L’instauration des zones à faibles émissions dans les métropoles est-elle une source de discrimination ?

Pierre Chasseray. Aujourd’hui, la moitié des automobilistes vont être concernés par les zones à faibles émissions. Ils ne pourront plus circuler dans les grandes métropoles françaises de plus de 150.000 habitants ; 47 métropoles sont concernées. Nous nous posons de sérieuses questions sur l’intérêt de cette mesure. Quand vous dites à la moitié des Français qu'ils ne pourront plus circuler, en toute liberté, cela va poser des problèmes. Aujourd’hui, nous tirons la sonnette d’alarme. Cela fait des années que nous travaillons sur ce sujet, maintenant, nous allons coordonner nos actions pour taper fort, notamment avec une action juridique, une action législative et une action de terrain pour aller à la rencontre des élus. Cela nous permettra de faire entendre raison à notre gouvernement, j’en suis persuadé.

M. E. La limitation de l’impact des voitures n’est-elle pas un enjeu de santé publique ?

P. C. Il faut arrêter de répéter ce que disent beaucoup de médias et analyser. La qualité de l’air n’a jamais cessé de s’améliorer, d’année en année, depuis 1990. Or, on a réussi à mettre dans la tête des Français que s'il n’y avait pas d’action politique, cela ne s’améliorerait pas, voire cela se dégraderait. C’est faux ! L’industrie automobile a fait des progrès, comme tout le monde. Regardez, par exemple, les radiateurs d'il y a trente ans ne sont pas ceux d’aujourd’hui. Ils sont beaucoup plus efficaces. C’est la même chose pour les voitures. Faut-il ou pas travailler sur l’amélioration des émissions polluantes ? La réponse est oui, mais entre accélérer et aller trop vite, il y a une marge. Aujourd’hui, on nous parle de transition écologique, mais c’est une rupture : on dit aux gens de ne plus rouler du jour au lendemain. Quand on décide d’interdire à la moitié des Français de conduire, ça ne va pas passer. La mobilité est pour tout le monde et non pas pour une seule catégorie de personnes.

M. E. Observez-vous une rupture entre les grandes métropoles et la France périphérique ?

P. C. Je parle de la France des régions par opposition à la France parisienne. À Paris, si demain on interdisait les voitures, beaucoup pourraient trouver des transports en commun : bus, taxi, VTC, tramway, RER… À 30 km de Dijon, de Reims, de Rouen ou du Mans, il n’y a rien ! On pourrait multiplier les exemples. Il y a une réelle différence entre la France parisienne et la France des régions qui a besoin de sa voiture. Interdire à la moitié des Français de circuler est une bêtise car ça ne marchera pas, tout simplement. On ne peut pas mettre en place une telle ineptie.

M. E. Avec l'explosion du prix de l'électricité, n’est-on pas dans une impasse après avoir incité les Français à acheter des voitures électriques ?

P. C. Les Français n’ont pas à payer les erreurs des politiques. Dans les années 80, on nous a poussés à acheter du diesel car ça arrangeait l’État et nos constructeurs. Dans les années 2000, au moment du Grenelle de l’environnement on nous a poussés à nouveau à acheter du diesel. Aujourd’hui, on nous dit d’acheter de l’électrique. Le Français n’est pas un pigeon. Il n’est pas là juste pour faire ce que le gouvernement lui dit, y compris quand il se trompe. Laissons aux Français le choix de leur voiture, arrêtons de mettre des malus écologiques à tout va, baissons de manière drastique les taxes sur le carburant. Le 1er novembre, l’essence va augmenter de 0,20 €, on ne peut pas continuer sur cette rythmique-là. Le Français paye ses taxes, son carburant, laissons le rouler à la seule condition que son véhicule respecte les normes en vigueur. Laissons rouler une voiture qui passe au contrôle technique, les Français mettent des sous de côté pour entretenir leur voiture. Il faut les laisser tranquilles, ils ont le droit de se déplacer, de rouler. Ce n'est pas parce qu’une minorité d’écolos bobos a l’impression que la planète va s’effondrer demain qu’il faut fondamentalement interdire à tous les Français de circuler. Et attention à ceux qui pensent que c’est une bonne chose car ils ont la bonne voiture. En interdisant les voitures les plus anciennes, on va interdire à tous les jeunes de posséder une voiture. Les jeunes n’ont pas 40.000 € à mettre dans une Tesla.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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