Olivier Véran l’a affirmé dans l’émission « Vous avez la Parole », sur France 2 : « J’ai commandé deux millions de tests qui nous seront livrés en avril. »

En avril, mais encore ? C’est-à-dire ? Fin ou début ? Eu égard au nombre de morts égrenés chaque soir par le monocorde professeur Salomon et à la progression exponentielle de la courbe de l’épidémie, la précision a son importance.

« [Ces tests] sont un maillon essentiel de notre stratégie pour tester massivement les Français et pour rendre accessible le dépistage aux plus fragiles dans nos EHPAD », a rajouté Olivier Véran. On ne le lui fait pas dire.

En Charente, 18 salariés d’EHPAD - de ces braves gens se muant en gens braves que l'on voit fleurir comme pâquerettes en ce début de printemps - se sont confinés avec les résidents dans l’idée de les protéger : aide-soignants, agents d’entretien, cuisiniers, responsables administratifs sont enfermés avec les 59 résidents pour leur éviter tout contact avec l’extérieur. La mairie leur a fourni des matelas, raconte La Charente libre, et ils communiquent avec les familles via Skype et un site Internet. Sauf qu’évidemment, tout cela n’a de sens que s’ils n’ont pas fait rentrer dans la cage sans le savoir le renard avec les poules et qu’aucun de ces volontaires n’est porteur du virus. Or, faute de tests, comment le savoir ? Et comment les protégeraient-ils de cette éventualité avec, en tout et pour tout, « 450 masques », leur stock à ce jour, « un nombre ridicule », selon le directeur de l’EHPAD : « Si on détectait le Covid-19 dans l’établissement, il nous en faudrait entre 600 et 1.000 par jour. » Et de rajouter : « Les résidents de l’EHPAD ne sont clairement pas la priorité du moment. »

Des masques qui arriveront peut-être aussi en avril, qui sait ? À Pâques ou à la Trinité, mironton, mirontaine ?

En France, on n’a pas de tests, pas de masques, mais on a des idées. Celle, par exemple, de fournir tout un tas de matériel d’un autre type, qui pourrait servir en guise de pis-aller. Gouverner, c’est prévoir, n’est-ce pas ?

Ainsi, un président de communauté de communes dans le Puy-de-Dôme, gestionnaire des deux EHPAD, a-t-il eu la surprise de se voir livrer… des housses mortuaires. Il ne décolère pas, alors «[qu'il manque] de masques de protection tant en EHPAD qu'en service d'aide à domicile. Ils sont livrés avec une parcimonie qui confine au ridicule » (La Montagne).

« Ridicule », toujours ce mot. On dit qu’il ne tue pas. Parfois, si.

Dans le même registre, le personnel des centres hospitaliers de Créteil et Villeneuve-Saint-Georges a vu arriver sans crier gare des conteneurs réfrigérés nommées « chambres mortuaires mobiles sécurisées ». « On attend des masques et on nous pose des conteneurs réfrigérés. C’est très violent », s’indigne une soignante (Le Parisien).

A-t-on assez reproché à ce gouvernement de ne pas anticiper : à défaut de gérer l’amont, on gérera l’aval. Vite fait, mal fait. Car les enterrements aussi seront sacrifiés.

Les familles, sommées il y a quelques semaines de cesser les visites en EHPAD, découvrent aujourd'hui que le personnel, tout aussi susceptible qu'eux d’être vecteur du virus, n’a été doté d’aucun moyen de prévention. Croyant les sauver, ces familles ont laissé leurs aïeuls partir seuls. Et elles apprennent en sus que ces vieillards n’auront droit qu’à des obsèques à la sauvette. Ils ne sont pas venus, ils ne sont pas là, elle est déjà morte, la maman...

Ce que l’on accepte des banlieues, la moindre des humanités ne serait-elle pas de le tolérer pour ces décès que, par impéritie, on n’a pas su éviter ? Ces Créon au petit pied (nickelé) qui nous tiennent lieu de dirigeants pourraient-ils y penser ?

14927 vues

27 mars 2020 à 20:33

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.