Partis politiques : on n’a plus d’idées, alors on change de nom !

Il y a des modes, comme ça, à moins qu’il ne s’agisse d’une maladie contagieuse.

Aujourd’hui, c’est le ripolinage des partis politiques : à défaut d’idées, ils se cherchent un nom.

La politique est démonétisée, les partis qui la portaient – ou plus exactement ne la portaient plus depuis longtemps – ont explosé. Pulvérisés "façon puzzle" par Emmanuel Macron et sa start-up. On dira à sa décharge, ou à son crédit, qu’il n’a fait qu’entériner un processus entamé de longue date, la déconfiture étant essentiellement due aux parties de ping-pong qui ont marqué l’alternance gauche-droite pendant des décennies. Le but des gouvernants, depuis Mitterrand au moins, étant de durer, chacun a mis les problèmes et la poussière sous le tapis en attendant de pouvoir les refiler au suivant. À Macron, maintenant, de vider la fosse d’aisance…

Les Français ne sont pas dupes et bien peu sont encore tentés par l’adhésion car il y a longtemps que les partis politiques ont cessé de créer du débat et des idées. Ils ont abandonné cela aux fameux « think tanks ». Avec l’avènement de l’enfant Macron, la vérité est apparue crûment : les partis ne sont plus que des machines à élections, utiles le temps d’une campagne, utiles surtout pour faire carrière et alimenter l’entre-soi des médias - raison pour laquelle ils sont aussi devenus au fil du temps d’énormes machines à fric.

Le scandale a éclaté avec l’UMP et le faramineux dépassement des comptes de campagne de Sarkozy en 2012 : au total 18,5 millions d’euros. Revenu à la tête d’un parti exsangue, il a trouvé une solution : changer de nom. Exit l’UMP, bonjour « Les Républicains ». Ça n’a pas renfloué les caisses du parti mais au moins détourné l’attention des Français.

Idem au Parti socialiste, dont les résultats calamiteux du printemps dernier ont achevé l’enterrement. Personne, d’ailleurs, n’est pressé de prendre la succession de Cambadélis comme gardien du cimetière des éléphants. Najat Vallaud-Belkacem ayant jeté l’éponge, voilà donc les vieux de la vieille qui repointent leur nez. Pour un peu, on s’attendrait presque à ce que François Hollande reprenne son poste de patron du PS…

Toujours bon analyste d’une débandade dont il est le premier responsable, il disait jeudi au micro d’Europe 1 : "C’est catastrophique, on a touché le fond !" À vrai dire, il y a même un moment que les socialistes remuent la vase…

À défaut de l’ex-Président, c’est son fidèle chien de garde Stéphane Le Foll qui s’est porté candidat. Et quelle solution envisage-t-il pour sortir du coma ? Changer de nom, bien sûr ! Ils s’appelleraient "Les Socialistes" et tout repartirait comme avant… comme au bon vieux temps de Blum, Jaurès et la SFIO.

Passons, maintenant, au Front national, pas au mieux de sa forme lui non plus. Et que veut faire Marine Le Pen pour sortir de sa dépression estivalo-hivernale ? Changer de nom. On lui en suggère un, original et tout à fait dans la veine du moment : "Les Frontistes".

D’ailleurs Florian Philippot, récemment divorcé du FN, n’a-t-il pas fondé… "Les Patriotes" ?

Et Mélenchon, divorcé de plus longue date du PS, a créé… "Les Insoumis".

Finalement, il me vient une idée. Celle, enfin, d’un grand parti de rassemblement où se retrouveraient confraternellement Les Républicains, Les Socialistes, Les Frontistes, Les Patriotes, Les Insoumis et, pourquoi pas aussi, Les Écologistes et Les Communistes. On pourrait l’appeler "Les Losers". À moins, pour emboîter le pas aux marcheurs de Macron, qu’on ne le baptise "Les Godillots" ?

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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