Oskar Freysinger : « Le peuple suisse a décidé de signer un chèque en blanc au gouvernement »
À l'occasion d'un référendum, dimanche, les Suisses ont approuvé à 63 % la loi Covid permettant d'instaurer le passe sanitaire. « Un jour noir pour la démocratie », selon Oskar Freysinger, qui se dit « abasourdi » face à ce peuple qui vient de voter librement pour déléguer son pouvoir de décisions au gouvernement et se priver de ses prérogatives démocratiques essentielles.
Hier, a eu lieu en Suisse un référendum concernant la Loi Covid. Les Suisses ont voté de manière positive avec 63 % de oui. Comment accueillez-vous cette nouvelle ?
C’est tout simplement un jour noir pour la démocratie. Il n’était plus tellement question dans ce référendum de savoir si nous étions pour ou contre les vaccins. Nous sommes la seule démocratie directe réelle au monde. Il fallait déterminer si le peuple souverain allait rester le souverain ou s’il allait déléguer le pouvoir de décision, d’autodétermination au gouvernement. Le peuple a décidé de signer un chèque en blanc au gouvernement. Jusqu’en 2031, le gouvernement pourra donc prendre des décisions déterminantes dans le cadre de cette pandémie Covid et des décisions concernant leur vie financière, sociale, médicale et sanitaire, sans que cela ne soit approuvé par le parlement.
Vous avez une situation où le peuple souverain décide de ne plus être souverain. Le peuple vote librement pour se priver de ses prérogatives démocratiques essentielles. Je suis abasourdi et déçu. Une chose pareille est impensable. Tout le monde observait avec intérêt ce qui se passait en Suisse. Cela aurait pu être un signal fort de démocratie, de maturité politique et de bon sens que nous aurions pu donner au peuple de cette terre. Malheureusement, le peuple suisse a lamentablement échoué. Les jeunes en dessous de 35 ans ont voté à 58 % contre cette loi inique. Plus les personnes étaient âgées plus elles ont voté oui. La peur a déterminé ce vote.
Si les Suisses ont voté favorablement à 63 %, c’est qu’ils ont peut-être peur de l’épidémie. En Suisse à l’heure actuelle, y a-t-il une reprise épidémique ?
C’est ce que l’on essaie de nous faire croire, mais ce n’est pas du tout le cas. Les morts n’augmentent pas beaucoup. Concernant les hospitalisations, nous avons diminué de moitié les lits d’hôpitaux en une année de pandémie. Que l’on m’explique comment en pleine soi-disant pandémie, on peut se permettre de diminuer de moitié les lits d’hôpitaux et venir se plaindre qu’il manque des lits d’hôpitaux. C’est complètement débile.
Il n’y a pas de résurgences de cas graves. J’ai moi-même attrapé le Delta, je n’ai pas eu beaucoup de symptômes. Il n’est pas aussi virulent que le virus l’était tout au début. Avec chaque mutation, ce virus s’affaiblit. D’après les nouvelles que j’ai, le virus d’Afrique du Sud est encore plus faible. Ce qui risque de nous sauver c’est que le virus s’essouffle de lui-même. Ce véritable laboratoire social qui a été établi sur la base de cette pandémie a démontré aux puissants qu’ils pouvaient à l’avenir compter sur une grosse foule de moutons pour se faire tondre et mener à l’abattoir sans réagir. Ce qui m’inquiète le plus c’est le signal dévastateur qui a été donné au niveau de la capacité des peuples ou de se prendre en main et de résister.
J’ai appris que l’Espagne avait voté contre le passe sanitaire. Il semblerait qu’il y ait encore des gens et des peuples capables d’une réaction si ce n’est aussi les départements Outre-mer de France.
Tout n’est pas perdu, mais je suis déçu pour mon pays qui est le pays ou le peuple qui a le plus de pouvoir. Ce pays construit vraiment du bas vers le haut. Le souverain c’est le peuple. Et ce peuple décide de se priver totalement de ses prérogatives de souverain. Je trouve cela effarant.
Après ce oui, va-t-il y avoir de nouvelles mesures sanitaires ?
D’après un sondage paru hier dans un des principaux journaux dominicaux de Suisse, 53 % des Suisses se seraient exprimés dans ce sondage pour la contrainte vaccinale, l’obligation de vacciner tout le monde contre leur gré. Je crains le pire. Pourquoi, le pouvoir se priverait-il d’étendre les mesures à n’en pas finir ? Ils n’auront plus que les yeux pour pleurer. C’est eux qui ont décidé de donner ce pouvoir démesuré à une seule instance. C’est totalement contraire à la tradition suisse.
L’autre problème c’est que jusqu’à maintenant, ils ont plusieurs fois bafoué la constitution.
Les lois de non-discrimination étaient bafouées. Nous n’avons pas de Cour constitutionnelle en Suisse. C’est donc par la démocratie directe qu'on détermine si quelque chose est constitutionnel ou non. Si le peuple s’est lui-même mis hors-jeu et a mis hors-jeu le parlement, qu’est-ce qui empêche notre gouvernement de contrevenir à la constitution au nom d’une soi-disant urgence sanitaire ?
Les Suisses ont voté oui, mais malgré tout, nous avons vu une résistance assez étonnante et détonante au sein de votre pays face à cette loi Covid. On a vu Bob Kennedy, neveu de l’ancien président américain se rendre en Suisse et appeler les Suisses à voter non. Comment expliquer qu’il y a une résistance assez forte ? En êtes-vous satisfait ?
La campagne menée par le camp du non a été admirable. Il faut reconnaître qu’ils sont sortis du bois, ils se sont investis au-delà de l’inimaginable. En revanche, cette masse de moutons silencieuse n’a rien fait. Ces gens n’ont pas compris la phrase de Benjamin Franklin qui disait « si vous sacrifiez la liberté pour la sécurité, vous n’aurez ni l’un ni l’autre ». Cette phrase est élémentaire. C’est la base même de toute démarche démocratique. Le peuple suisse me semble être comme Daladier et Chamberlain à Munich. Croyant pouvoir sauver la paix, ils ont tout perdu. Ici, on est dans la même situation. Certaines personnes ont peur du virus et abandonnent toutes leurs prérogatives démocratiques. Au moindre coup de Trafalgar, ces gens-là se liquéfient.
Thucydide, quelques centaines d’années avant Jésus-Christ, disait « La force de la cité ne réside ni dans ses remparts, ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens ». Je suis obligé de constater que presque 2/3 du peuple suisse n’a plus de caractère.
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