Doit-on supprimer les contrats aidés ?
En 2016, alors qu’il espérait se faire réélire, M. Hollande a abusé des emplois aidés et, grâce à eux, il a retiré artificiellement 300.000 personnes des statistiques du chômage. Du coup, le gouvernement de M. Macron n’a plus assez de crédits à sa disposition pour financer le renouvellement des contrats qui expirent pendant le second semestre de 2017. Comme il cherche, en outre, à faire de substantielles économies en 2018, il accuse les emplois aidés de tous les maux afin de justifier leur diminution drastique. Il prétend qu’ils coûtent trop cher, qu’ils ne sont pas un marchepied à l’emploi (au contraire, ceux qui bénéficient de ces contrats auraient moins de chances que les autres de s’insérer dans le monde de l’entreprise), qu’il vaut mieux mettre l’accent sur la formation et qu’ils ont trop souvent un effet d’aubaine : dans le secteur privé, dans six cas sur sept, les postes occupés par les contrats aidés seraient de toute façon créés aux frais de l’employeur. Sur 600.000 emplois aidés, 250.000 appartiennent au secteur marchand. Vu la reprise, ceux-ci ne se justifient plus, surtout qu’on finance déjà une baisse des charges. Tout au plus devrait-on faire une exception pour les handicapés.
Néanmoins, les emplois aidés sont, dans certains domaines, une nécessité. Le statut des fonctionnaires (qui implique, notamment, l’emploi à vie) étant trop lourd, l’existence de ces CDD souples qui permettent de créer des postes provisoires dans les administrations et les établissements scolaires est indispensable. Quiconque a fréquenté un lycée sait très bien qu’il ne tournerait pas s’il ne comptait pas, dans son personnel, une dizaine de personnes sous ce statut. Faudrait-il les remplacer par des fonctionnaires ? Impossible, sauf à faire exploser la dette publique et à provoquer la faillite de la France ! À La Réunion, les maires ont retardé de quatre jours la rentrée scolaire 2017 car on n’a pas renouvelé un grand nombre de ces contrats, désorganisant ainsi les écoles primaires.
Certaines associations qui ont un rôle social crucial ne tourneraient pas sans ces contrats et n’ont pas les moyens de les payer. Il serait criminel de les empêcher de fonctionner. Par contre, d’autres sont soit suffisamment riches pour financer intégralement ces emplois, soit ne sont pas neutres idéologiquement, ce qui devrait en bonne logique leur interdire toute forme de soutien de la part des pouvoirs publics. Une association qui appelle, par exemple, à voter pour un candidat ou contre un autre ne devrait recevoir aucune aide de l’État.
Un tri sévère s’impose donc. Mais supprimer totalement ce type de contrat serait absurde, d'autant plus que nous sommes loin du plein-emploi. Un emploi aidé ne coûte en moyenne que 13.000 € par an si 30 % du salaire est pris en charge par l’employeur, et 18.500 € s’il est affecté à une administration. Un chômeur au RSA revient à 10.000 € (avec la Sécurité sociale) mais le plus souvent à 14.000 € avec toutes les aides annexes (APL, CAF). Ne vaut-il pas mieux financer le travail ?
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