Olivier Véran et ses étranges aveux sur la 4e vague et le passe sanitaire

olivier véran

La dernière conférence de presse d'Olivier Véran, jeudi dernier, a été une nouvelle occasion, pour le ministre de la Santé, de nous servir des phrases historiques. « La peur du virus, oui, la peur du vaccin, non. » L'épidémie suscite chez lui une avalanche de figures de style : « Une épidémie qui tue surtout des non-vaccinés, les hôpitaux sont remplis de non-vaccinés, les décès touchent des non-vaccinés. »

Mais le plus étonnant, sur les épineuses questions de la quatrième vague en métropole et de l'évolution-disparition du passe sanitaire, ce fut son étrange usage du système hypothétique, pour parler comme les grammairiens : les « si ». Vos souvenirs scolaires vous rappelleront qu'avec des « si », on peut faire plein de choses : de l'irréel du présent, de l'irréel du passé, du potentiel, de l'éventuel. Et j'en passe.

Olivier Véran, pour nous parler de la quatrième vague, a logiquement choisi l'irréel du passé : « Si l’on n’avait pas pu compter sur le vaccin, la quatrième vague aurait pu être la pire, avec des dizaines de milliers de cas supplémentaires par jour, des cas graves en masse, les hôpitaux auraient pu être débordés en quelques semaines, cela n’est pas arrivé et nous avons de sérieuses raisons de penser que cela n’arrivera pas. » On pourra, désormais, inscrire cette « véranerie » dans les exemples des grammaires : un irréel du passé, c'est bien cela, c'est bien cette quatrième vague qui « aurait pu être la pire » mais ne l'a pas été. Vous vous souvenez, ce fameux « tsunami » annoncé, début juillet, pour imposer le passe sanitaire.

Justement, sur l'évolution du passe sanitaire, en particulier avec les rappels des personnes déjà vaccinées et de la troisième dose, Olivier Véran a déclaré qu'elle « n’aura[it] pas d’impact […] sur le plan sanitaire […] Si vous avez votre passe sanitaire, que vous alliez prendre votre rappel ou non, vous garderez le bénéfice du passe sanitaire. » N'est-ce pas reconnaître de fait l'inanité sanitaire dudit passe sanitaire si la troisième dose a, elle, une réelle nécessité ?

Un premier pas vers l'abandon du passe ? Que nenni ! Au contraire, le gouvernement envisage même sa prolongation au-delà du 15 novembre ! La raison ? La condition de cette prolongation incompréhensible si aucune nouveau tsunami se profile ? Là encore, Olivier Véran a avancé un étrange « si » : « Si le Covid ne disparaissait pas de nos vies. » Énorme : alors que le président de la République et le gouvernement ne cessent, depuis des mois, de répéter qu'il nous faut apprendre à « vivre avec le virus », voilà qu'ils sont en train de nous préparer à un maintien du passe sanitaire même avec un virus évoluant à un niveau faible. Il n'y aurait que la disparition du virus qui permettrait de faire aussi disparaître ce passe qui pose toujours autant de problèmes sanitaires que démocratiques ? On notera l'évolution par rapport au 22 juillet où le même Olivier Véran déclarait que le passe prendrait fin « à la minute où nous pourrons ». C'était tout aussi flou, mais le « à la minute » pouvait donner un peu d'espoir. Avec sa nouvelle condition, très hypothétique, et en fait un peu irréelle, on sent venir les calendes grecques...

La seule question qu'on aimerait poser à M. Véran, c'est celle de la condition - précise - de la disparition du passe sanitaire.

Mais, au fait, où étaient les journalistes pour la lui poser ?

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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