Deuxième pays le plus touché en Europe par le Covid-19, l’Italie a enregistré près de 35.000 morts (43.000 pour le Royaume-Uni). Elle se relève doucement, craignant comme la peste – au vrai sens du mot – qu’une deuxième vague ne l’emporte.

La peste, présente dans notre vocabulaire comme archétype du danger insaisissable, nous arrivait par bateau. Il se pourrait bien que le Covid-19 voyage aussi sur les mers. C’est en effet la grande crainte du retour par bateau qui saisit nos voisins car l’immigration ne connaît ni pause ni quarantaine et l’inquiétude monte à mesure que les rafiots débarquent dans le sud de l’Italie avec leur lot de passagers contaminés.

La fête nationale a occupé nos médias en ce début de semaine, passant sous silence la réunion virtuelle qui s’est tenue, le 13 juillet, à la demande du ministre de l’Intérieur italien. Y participaient les ministres français, maltais, espagnol, libyen, tunisien, algérien, marocain et mauritanien. L’information vient du Corriere della Sera, reprise par Courrier international.

La situation est plus qu’inquiétante, sachant que les arrivées de migrants depuis les côtes africaines ont repris à un rythme soutenu. « Ce sont 791 migrants, en grande partie des Tunisiens, qui ont débarqué à Lampedusa durant les dernières quarante-huit heures [durant le week-end, NDLR]. Ainsi, on estime désormais à 1.137 le nombre de personnes arrivées sur le sol italien depuis le début du mois de juillet 2020. Un chiffre déjà supérieur à celui enregistré en juillet 2019 », écrit le quotidien romain Il Fatto Quotidiano.

Remarque en passant : la Tunisie n’est pas un pays en guerre. C’est donc bien d’une immigration économique, voire de peuplement, qu’il s’agit.

La peur est que ces migrants rapportent avec eux le virus. De fait, on détecte en nombre des cas positifs parmi ceux qui débarquent. Ainsi ceux qui ont été interceptés au large de la côte calabraise, durant le week-end, et dont l’arrivée a déclenché un vent de panique dans la population locale, rapporte La Repubblica : « 70 migrants ont été secourus près de Caulonia [province de Reggio de Calabre] et 28 d’entre eux ont été testés positifs au coronavirus. » Devant l’impossibilité de leur faire effectuer une quarantaine en mer, « les migrants ont été dispatchés vers trois petites villes de la région, ce qui a créé des tensions avec la population locale ». La présidente de la région a donc proposé de poster des navires devant les côtes les plus concernées afin de s’en servir pour les quarantaines.

Côté gouvernemental, on envisage aussi de rouvrir des casernes pour accueillir les migrants car « malgré le fait que les ports sont fermés, les bateaux des ONG et ceux qui arrivent par leurs propres moyens continuent à mettre le cap vers l’Italie. Selon les estimations des services secrets, 10.000 migrants seraient prêts à partir depuis les côtes africaines. »

Une fois de plus, l’Italie se retrouve seule face au problème et l’ancien ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, a beau jeu de dénoncer l’absence de solidarité européenne. Nos médias, d’ailleurs, se gardent bien d’évoquer le problème migratoire, tout occupés qu’ils sont à raviver la psychose sans chercher à savoir ce qui pourrait causer cette fameuse deuxième vague. Or, « il y a des dizaines de nouveaux cas de Covid-19 parmi les migrants, Lampedusa est surchargée et il n’y a aucune trace de mesure de redistribution européenne. Le fameux accord de Malte [qui prévoyait un mécanisme de répartition des migrants entre quatre pays européens, dont la France] a disparu », souligne La Repubblica.

On ne sait ce qui s’est dit, lors de la réunion des ministres, le 13 juillet, encore moins ce qui en est sorti. De belles paroles, sans doute. Reste qu’elles n’intéressent pas nos médias, seulement préoccupés de tenir le crachoir de médecins en mal de gloire dont l’obsession est de nous boucler tous… pour nous protéger des migrants contaminés, peut-être ?

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15 juillet 2020 à 13:30

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