« Discours de Mélenchon : la Castro-entérite », pourrait titrer Le Canard enchaîné de la semaine prochaine. « Droit du sol : ne Mélenchon pas tout », aurait pu renchérir Libé. En tous les cas, le consternant discours de Jean-Luc Mélenchon mérite qu'on y revienne - brièvement, bien sûr, rassurons-nous.

Samedi 28 janvier, donc, Carlos Bilongo présentait ses vœux et Jean-Luc Mélenchon prenait la parole. Carlos Bilongo, vous savez, c'est ce député de La France insoumise qui était en train de faire pleurer l'Assemblée nationale sur la dure condition des migrants, lorsque le député RN Grégoire de Fournas a coupé « Qu'ils retournent en Afrique ! » Les gauchistes ont évidemment pris le pluriel pour un singulier, ça les arrangeait bien : Alexis Corbière a essuyé une larme de crocodile devant les caméras, on a pu dire que le groupe parlementaire RN était décidément un ramassis de nazillons (après les avoir trouvés trop professionnels... décidément, rien ne les arrête). C'est donc ce héros de la lutte contre les heures les plus sombres du ventre de la bête immonde qui offrait, ce samedi, une tribune à son chef de parti.

Mélenchon fut un grand orateur pendant la campagne de 2012. Il aurait dû faire « pleurer [ses] yeux » comme « Le Chanteur » de Balavoine (et comme Corbière à l'Assemblée) pour faire « [ses] adieux » dès l'année suivante. Il ne l'a pas compris et commence, dix ans plus tard, à offrir le spectacle gênant d'un vieux saltimbanque un peu aux fraises, qui reprend ses meilleurs numéros en les caricaturant. Il surjoue ses éructations d'ancien sourd, il surjoue ses plaidoyers fraternels ampoulés (cocktail 50 % Robespierre, 50 % Taubira, à boire avec des glaçons), il surjoue ses gestes et ses poses de profil. Il a troqué ses vestes d'ouvrier 1900 en velours pour un paletot stalinien. Il est lui-même en moins bien, il est prisonnier de sa caricature.

Il lui reste un sens aigu de la métrique, de la formule, mais ça ne suffit pas, car le disque est rayé par des éléments de langage complètement hors-sol. Au moins définit-il, dans ce pesant monologue, ce qu'est un Insoumis : « Un Insoumis, c'est quelqu'un qui n'accepte pas une loi qui s'impose à lui contre ce qu'il croit juste : dans son cœur brûle la certitude d'être dans le bien quand on est dans le juste. » Il aurait pu ajouter que cette certitude d'être dans le bien avait déjà provoqué pas mal de morts, puisque quand on est sûr d'être dans le bien, on se donne pour mission d'éradiquer le mal ou, du moins, de le faire taire.

Or, justement, c'est à ce titre, celui de l'éradication des méchants par tous moyens, que Jean-Luc Mélenchon tint à rendre un vibrant hommage au député Bilongo. « Tu es né ici, pas moi. Tes parents sont enterrés ici, pas les miens », commence Mélenchon qui rappelle, au passage, que ses parents à lui ont le privilège d'être enterrés sur la terre d'Afrique. Imparable conclusion : « Tu es plus proche de cette terre que moi. » Eh bah, oui, bien sûr ! Quand sa famille vient d'Afrique mais qu'on naît en France, on est plus français qu'un fils de pieds-noirs d'origine italo-espagnole. Et quand on enterre ses parents en France, ça fait gagner des points pour être encore plus français. Mélenchon pousse le droit du sol dans ses retranchements : à ce compte-là, un fils de paysans picards, français depuis Hugues Capet mais fortuitement né en Australie, serait moins français qu'un Comorien né à Mayotte tout exprès pour les papiers ? Je croyais que, selon Danton, on n'emportait pas la patrie à la semelle de ses souliers ? Va falloir décider.

Passons sur la « brute RN » que serait Grégoire de Fournas, conspué pour avoir dit ce qu'il pensait et dont les propres enfants ont été insultés et menacés de mort sur les réseaux sociaux, simplement parce qu'il estimait que les migrants devaient retourner en Afrique. On voit bien de quel côté sont les méthodes dictatoriales. Rien de nouveau depuis 1917. Passons, aussi, sur la destination « humoristique » que Mélenchon prévoit à Fournas (« Bruteland » ou « Racisteland »).

Au fond, de même que, comme on dit « le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit » (donc un délit d'opinion, au passage...), on pourrait dire que la gauche n'est pas non plus une opinion : c'est une tendance mentale qui consiste à s'affranchir de la réalité pour se satisfaire de l'ordre du discours ou du fantasme. Le contraire de la gauche n'est pas la droite mais le réel, puisqu'être de gauche, c'est simplement tordre les événements pour les faire rentrer dans un lit de Procuste intellectuel, dans un logiciel qui n'a jamais fonctionné. On garde les vieilles marottes gauchistes, on ajoute de la complaisance pour les islamistes, la prosternation devant les trucs à la mode (haine de l'Occident, haine des Blancs, haine des hommes...), on enlève la défense des vrais prolétaires (qui votent tous, ou presque, RN désormais)... et le tour est joué.

Jean-Luc Mélenchon n'en finit pas de mourir. Il pourrait avoir la décence élémentaire de le faire en coulisses.

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29 janvier 2023

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44 commentaires

  1. Mélenchon est le bouffon de la République.
    Problème : il ne fait pas rire.
    Ses acolytes féminins et masculins sont grossiers ,stupides et passent leur temps à vociferer..l extrême gauche qui bordelise….

  2. je ne comprends pas pourquoi BV continue a faire de la « pub » à ce triste sire sans intérêt ;laissez le donc dans son bourbier: « il y a plusieurs façons d’être con, mais le con choisit toujours la pire » disait F.Dard ….con ici n’est pas une insulte mais un diagnostic.

  3. Mélenchon est pitoyable. Il se félicite que « les poussières » de ses parents aient été recueillies en terre d’Afrique. Mais bon sang, que fait-il ici ? Pourquoi s’impose-t-il ce supplice de vivre dans un pays où il y a trop de blonds aux yeux bleus ? En outre, il sait pertinemment qu’il ment lorsqu’il accuse la prétendue « brute » du RN d’avoir insulté Carlos Bilongo. Honte à vous, M. Mélenchon.

  4. la photo en tête de l’article : c’est une vieille photo ou il s’est fait teindre les cheveux ? ça lui donne un air beaucoup plus sympathique et presque « angélique », ça ne colle pas avec les absurdités de comportement dont il nous empoisonne actuellement. La conclusion de M.Florac ne colle pas avec la photo.

  5. Un comédien à la tête du pays, un autre à la tête de la Nupes, … et vous trouvez çà drôle?

  6. Je ne sais plus qui a dit que la vieillesse était un naufrage mais dans le cas de mélenchon c’est carrément le titanic, ses chances de survie sont quasi nulles malgré ses élans grandiloquents qui ne touchent plus grand monde.

  7. Les chiens aboient toujours, surtout les roquets, mais la caravane des acteurs conscients et civilisés passera. Lorsque les destructeurs gaucho-macronistes auront bientôt achevé leur tâche irresponsable et tellement souvent couarde et inconsciente, ils auront fait touché le fond au pays. Ce sera peut-être hélas la guerre, ou civile ou étrangère, mais la droite reprendra la direction salvatrice pour 1/2 siècle,

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