Corbière & Bilongo à l’Assemblée ? Plus fort que Shirley & Dino !

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« Qu’ils retournent en Afrique ! » Ces quatre mots n’en finissent plus de faire le tour des réseaux sociaux et les gros titres des gazettes. On sait le contexte : le député « nupésien » Carlos Martens Bilongo évoque les bateaux d’immigrés clandestins en partance pour l’Europe quand son collègue lepéniste, Grégoire de Fournas, lance ces quatre mots magiques.

Voilà qui fait aussi partie de l’historique folklore de l’Assemblée nationale, fait de bons mots rarement bons, d’invectives pas forcément finaudes, de traits d’esprit qu’on n'a plus l’habitude d’entendre au bistrot ou à la buvette du Parlement. À croire que les élus du peuple peuvent parfois ressembler au peuple qui les a élus.

Mais ce serait oublier qu’une certaine gauche, extrême le plus souvent, a plus le goût de la dramaturgie que celui du sens commun. D’où cette déclaration du paraît-il stigmatisé Bilongo, prononcée en plein palais Bourbon : « Je ne pensais pas me faire insulter, moi et toutes les personnes qui ont en France ma couleur de peau. Et c’est tellement triste d’être en novembre et de voir la vraie face du Rassemblement national. » Parce qu’au mois d’août, ça aurait été plus joyeux ?

Le temps de cette harangue, on voit Alexis Corbière, l’une des chevilles ouvrières de La France insoumise, prendre une mine de circonstance : celle du démocrate indigné. À quoi pense-t-il ? À prendre le maquis dans le Vercors ? À s’immoler par le feu pour laver l’affront fait à l’humanité tout entière ? À sa feuille d’impôts ? À sa compagne, Raquel Garrido ? Il est tout aussi plausible que l’infortuné soit en train de prier ce Dieu en lequel il ne croit pas pour qu’enfin s’arrête le discours. Car après, dans la bouche du député Bilongo, c’est du lourd : « C’est honteux d’être renvoyé à sa couleur de peau. C’est un message qui est envoyé à la nation et à beaucoup de personnes qui ont ma couleur de peau. »


Étrange, tout de même, cette obsession de l’épiderme, chez ces antiracistes qui, d’un côté, estiment que les races n’existent pas tout en voyant du racisme partout. Et qui semblent surtout ignorer que nos compatriotes de la France ultramarine, souvent « noirs de peau », ont massivement voté pour Marine Le Pen lors de la dernière élection présidentielle.

Mais il est vrai que lorsque l’on fait du mensonge sa feuille de route, on finit tôt ou tard, non seulement à croire à ses propres mensonges, mais aussi par les prendre pour réalité. Et c’est ainsi que cette gauche ayant peint des diables fascistes sur les murs pour faire peur aux enfants a fini par croire aux loups-garous issus de sa débordante imagination, négligeant l’impasse dialectique induite par ce discours.

La posture consistant à accuser Jean-Marie Le Pen de banaliser le nazisme n’était-elle pas singulièrement contre-productive ? Comparer Adolf Hitler à un homme ayant commencé sa carrière chez Pierre Poujade, défenseur des petits commerçants et artisans, avant de rallier le CNI, le parti d’Antoine Pinay, l’extrémiste qu’on sait, n’est-elle pas une autre manière de banaliser ce même nazisme ?

L’ancien trotskiste Alexis Corbière, pourtant passé maître dans cette même dialectique, a-t-il seulement vu la contradiction ? Sans doute pas, tant antifascisme et antiracisme sont devenus aujourd’hui des rentes de situation. Le théâtre en plus, comme disait Lionel Jospin, le 29 septembre 2007 sur France culture.

En attendant, Corbière & Bilongo, les nouveaux Shirley & Dino (en moins sympathiques, il va de soi), persistent dans leur tournée d’adieu. « L’ai-je bien descendu ? », demandaient jadis les cocottes sur l’escalier à lampions du Moulin rouge… Oui, fort bien, bibiche.

Après, il faudra expliquer à ces gens que l’escalier de la NUPES mène directement à la cave. Et que le local à poubelles, c’est la première porte à gauche.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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