Nicolas Dupont-Aignan pour préparer les lendemains français

Après l'avoir mis au ban du mépris lorsqu'il quitta, avec courage, il y a neuf ans, son parti en raison du viol de la souveraineté nationale (vote du Congrès sur le traité de Lisbonne), voici que Nicolas Dupont-Aignan serait considéré comme une "Taubira de droite" (sic), et déjà coupable de pouvoir faire perdre la "droite"… pour un "21 avril à l'envers". Il s'y sont tous mis : Fillon s'abaissant à le traiter de "minable" devant 40 millions de Français lors de l'unique débat à onze. Bernard Debré fit son injection de mépris dans Le Figaro, Valérie Pécresse eut sa énième crise et Castries assura, à nouveau, dans un hebdomadaire consacré à cette cause (quoique avec quelque prudence), que Nicolas Dupont-Aignan était "une Taubira de droite".

Les insultes, les menaces et les exorcismes prouvent à satiété que la France est gravement malade. Le pays attend et s'attend à la disparition de la caste politique aussi bien de l'ex-UMP que du PS. Sans tomber dans la tentative de synthèse de l'UMPS par un drone bancaire. Mais en faveur d'une recomposition qui effraie les profiteurs de l'ancien monde en décomposition.

Cette caste pleine de morgue et d'argent - Fillon inclus - veut conserver ses avantages et le pouvoir. Mais elle n'a pas compris qu'elle n'a plus les atouts pour le faire. Car depuis Maastricht, sans doute, et Lisbonne sûrement, il n'y a plus de droite en France. Et, d'ailleurs, plus de gauche. Plus de droite, car il y a d'un côté de la faille du référendum de 2005 une bourgeoisie égoïste ou affairiste, installée sur son radeau de La Méduse ; et de l'autre les patriotes qui ne supportent pas qu'on aliène la France à des intérêts financiers sous couvert d'une illusion européenne, décor qui masque les pressions des lobbys.

Mais voilà : sur neuf candidats, et neuf discours, une majorité de cinq disent désormais chacun selon sa vérité : l'Europe non seulement a échoué mais n'a plus aucun avenir telle qu'elle fonctionne. (J'exclus délibérément du décompte les petites tumeurs trotskistes à qui personne n'a songé à poser la question de leur adhésion aux thèses du monstre sanguinaire sur la "terreur comme outil politique" ou sur la théorie de "la révolution permanente", la "dictature du prolétariat", la suppression des élections et des frontières.)

J'en reviens à l'incroyable stupidité des snipers de la droite qui imaginaient qu'un homme, reconnu unanimement intègre, qui a traversé neuf ans de désert et de mépris pour s'affranchir de leur trahison de la nation, allait déférer à leur injonction fébrile ? Pour un hypothétique maroquin, rejeté en 2007 ?

Tout oppose Nicolas Dupont-Aignan à cette droite : avant tout le choix de l'indépendance nationale contre l'Europe de Bruxelles, l'OMC et l'OTAN. À qui cette droite se veut soumise. Mais aussi une autre conception de l'économie qui consiste à encourager le travail, augmenter salaires et retraites (désindexées par Fillon), réduire la fiscalité (quand Fillon - qui a d'ailleurs le tour de main pour ça - propose follement d'augmenter la TVA). Privatiser d'avantage pour l'un (même la Sécu), sabrer la fonction publique… Redonner sa force au service public pour l'autre.

Le peuple de France attend, maintenant, de renouer avec sa liberté, sa dignité, son identité et son histoire, sa grandeur, sa prospérité. Les patriotes de toutes origines vont devoir se rassembler : car la nation, c'est nous tous ; et, du fond de notre cœur, nous sentons bien que la nation française ne veut pas mourir, veut vivre, nous faire à nouveau rêver et réaliser nos rêves d'universalité. Hardi !

Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

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