Mon député LREM demande un report de la réforme des retraites : de l’arrogance à la reculade
Christophe Castaner peut continuer à rouler des mécaniques en saluant les forces de l'ordre, il ne peut cacher l'étendue du désastre : l'illusion LREM s'est dissipée dans les gaz lacrymogènes lancés depuis cinq semaines contre les gilets jaunes.
Le parti du Président est contraint de reculer partout. Et ce n'est peut-être que le début. 2019 devait voir voter d'importantes réformes. La réforme des institutions, déjà ajournée avec l'affaire Benalla, arrivera-t-elle à son terme ? Et celle des fonctionnaires ? Dans un tel contexte, avec un pouvoir affaibli, on peut en douter. Et la réforme des retraites ?
Là, la retraite a été sonnée dès ce 13 décembre sur franceinfo par le député de Villeneuve-sur-Lot, Olivier Damaisin, pourtant très officiel « ambassadeur » de cette réforme :
"Je vais arrêter mon rôle d’ambassadeur parce qu’il faut prendre le temps. C’est peut-être l’une des choses qu’on n’a pas prises jusqu’à présent. [...] Je ne suis pas sûr d’être le seul à dire ça. Ce n’est peut-être pas maintenant qu’il faut le faire, d’ailleurs. [...] En tant que rapporteur, j’ai reçu des partenaires sociaux. Je peux vous dire que tous ne voient pas d’un bon œil la réforme des retraites. Donc, faut-il en parler maintenant ? Je ne pense pas. Pour moi, ce serait judicieux de le faire en 2020."
Il préconise donc un « report ». Le grand manitou de la réforme, Jean-Paul Delevoye, avait déjà indiqué qu'il ne présenterait ses pistes qu'après les élections européennes. Au cas, sans doute, où l'expression démocratique se saisirait du sujet...
Dans les rangs LREM, on a peur. Mais on n'en garde pas moins l'ADN initial de souplesse et de transformation qui est la marque de leur président : à peine débarrassé de ce titre lourd à porter, notre député ambassadeur des retraites battant en retraite a été bombardé vendredi "référent régional pour le grand débat national" par Matignon.
Le grand débat ? Le gadget pseudo-démocratique décidé en catastrophe par Emmanuel Macron et Édouard Philippe pour calmer les gilets jaunes. Un débat dont on apprenait que le cinquième pilier – l'immigration – avait été supprimé. Nouvelle promesse trahie. Cela commence bien.
Mais notre représentant de commerce s'est remis en route pour vendre son nouveau produit. En me demandant pourquoi mon député avait été un des premiers à reculer sur la réforme des retraites, je me suis souvenu de sa phrase de janvier dernier quand, répondant au millier de motards en colère - et notamment à l'un d'eux qui lança ce cri d'alarme "Nous tentons de faire comprendre à nos élus que c’est un ras-le-bol général... Il y a une grogne dans ce putain de pays !" - contre les 80 km/h venus le rencontrer, il avait lancé : "Si tu n'es pas content de ton pays, tu te barres !" Devenue virale, elle faisait le tour des comptes Facebook des groupes de motards. Ces mêmes motards qui furent les piliers du mouvement des gilets jaunes dans la circonscription… d'Olivier Damaisin. La France se rendait compte que dans l'ADN du macronisme, du sommet jupitérien à la base, le A signifiait "arrogance". Neuf mois après - le temps de la gestation d'une révolte -, ils lui apportaient leur réponse.
On comprend mieux, aujourd'hui, que le député Damaisin fasse profil bas. Au cas où les motards et quelques autres se souviendraient qu'il fut aussi, dans le monde d'avant les gilets jaunes, non seulement « ambassadeur de la réforme des retraites », mais aussi du mépris macronien.
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